L'astuce est bien connue, et depuis longtemps. Des chercheurs se sont penchés sur des engrais un peu particuliers, issus de déchets corporels humains. Donc d'excréments et d'urine. Leur étude démontre que sous certaines conditions, ces engrais se révèlent tout aussi efficaces que des engrais commerciaux, voire encore plus !


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    Pratiquer une agriculture responsable fait partie des défis majeurs de notre époque. Dans cette optique, une étude publiée dans Frontiers in Environmental Science se penche sur l'utilisation d'engrais issus d'excréments et d'urine. La pratique est déjà connue, les déchets des toilettes sèches servant souvent ensuite en compostcompost.

    Mais pour en savoir plus sur les effets entre ces engrais naturelsengrais naturels et d'autres déjà existants sur le marché, les auteurs ont fait pousser des choux avec différents sols et différents engrais et ont comparé ensuite les rendements pour chaque culture. Plus précisément « deux engrais urinaires nitrifiés (UFA) et un compost fécal ont été appliqués seuls ou en combinaison, et comparés à l'engrais organique de vinasse commercial », explique l'étude.

    Les chercheurs ont testé différents types de sols, limoneux ou sablonneux. © Marina Lohrbach, Fotolia
    Les chercheurs ont testé différents types de sols, limoneux ou sablonneux. © Marina Lohrbach, Fotolia

    Nos déjections feraient un très bon engrais naturel

    Et ils ont constaté un rendement similaire pour les engrais à base d'urine, par rapport à ceux à base de vinasse. Dans le cas d'ajout de compost fécal, le rendement diminuait légèrement, mais en contrepartie d'une meilleure teneur en carbonecarbone des sols, donc « favorisant une production alimentaire résistante au climat », s'enthousiasme Franziska Häfner, première auteure de l'étude et agronome.

    Mais une autre question se pose : reste-t-il des traces de médicaments ou autres produits chimiques que l'on consomme, et ont-ils un impact sur les légumes ensuite ? La première réponse est oui, et la deuxième, non. Les auteurs ont testé dans leur étude plus de 310 produits chimiques, allant de produits pharmaceutiques à différents additifs. Seuls 6,5 % d'entre eux étaient présents au-dessus de la limite de détection dans le compost, présents en concentration très faible. Selon l'étude, il faudrait environ 500 000 choux blancs pour ingérer l'équivalent d'un comprimé de carbamazépinecarbamazépine, un anticonvulsivant.

    Reste à tester ces engrais sur d'autres végétaux, mais les auteurs semblent optimistes. « Combinés à une transition agricole impliquant la réduction de l'élevage et de la culture de plantes pour le fourrage, même moins d'engrais synthétiques seraient nécessaires, ce qui entraînerait par exemple une moindre consommation de gaz naturel fossile », conclut Ariane Krause, co-auteure de l'étude.