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Un bijou du Néolithique : petit pendentif en coquillage, déposé en offrande dans le brand bâtiment collectif de Klimonas. © Jean-Denis Vigne, CNRS-MNHN
Le plus ancien village d'agriculteurs de toutes les îles méditerranéennes vient d'être découvert à Chypre par une équipe d'archéologues français impliquant notamment le CNRS, le Muséum national d'histoire naturelleMuséum national d'histoire naturelle, l'Inrap, l'EHESS et l'université de Toulouse II, Le Mirail. On pensait jusqu'à présent qu'en raison de son insularité, Chypre avait été atteinte par les premières sociétés agricoles néolithiques mille ans après la naissance de l'agricultureagriculture au Proche-Orient, aux alentours de 9.500 à 9.400 avant J.-C. La découverte de Klimonas, village daté de presque 9.000 ans avant J.-C., prouve au contraire que ces premières sociétés agricoles ont migré peu de temps après les débuts de l'agriculture depuis le continent proche-oriental. Elles ont apporté à Chypre le bléblé, mais aussi des chienschiens et des chats. Ces résultats, publiés par la revue Pnas, illustrent aussi la maîtrise précoce de la navigation de ces populations.
On sait que les villageois sédentaires du Néolithique ancien ont commencé à cultiver des céréalescéréales sauvages au Proche-Orient vers 9.500 av. J.-C. De récentes découvertes ont montré que l'île de Chypre était alors fréquentée par des groupes humains, mais les premières traces attestant de la culture des céréales et de la constructionconstruction de villages n'étaient jusqu'à présent pas antérieures à 8.400 av. J.-C. Les résultats récents des fouilles archéologiques de Klimonas démontrent que de véritables communautés villageoises étaient installées à Chypre entre 9.100 et 8.600 ans avant J.-C. En effet, les archéologues ont trouvé sur le site les restes d'un bâtiment collectif en terre crueterre crue de 10 mètres de diamètre, semi-enterré, qui devait servir à rassembler les récoltes communes et autour duquel se regroupaient des constructions domestiques.
Le bâtiment collectif mis au jour à Klimonas, partiellement fouillé. Mesurant 10 m de diamètre, il devait servir à rassembler les récoltes. © Jean-Denis Vigne, CNRS-MNHN
À Klimonas, on se nourrissait de blé et de sangliers
À l'intérieur, les archéologues ont mis au jour quelques offrandes votives comme des flèches en silex ou des perles de pierre verte. Des restes très abondants d'objets (éclats de silex, outils en pierre, parures de coquillages...) ont été également découverts dans ce village. Ces outils de pierre et les constructions fabriquées par ces villageois ressemblent à ceux que l'on trouve sur les sites néolithiques contemporains du proche continent. Des restes de graines carbonisées de plantes locales et de céréales introduites depuis les côtes levantines (comme l'amidonnier, l'un des premiers blés introduits du Proche-Orient) ont été également retrouvés à Klimonas.
L'analyse des ossements retrouvés sur le site permet de savoir que la viande consommée par ces populations provenait de la chasse d'un petit sangliersanglier chypriote indigèneindigène (seul grand gibier présent sur l'île à cette époque) et que des chats et des petits chiens domestiques avaient été introduits depuis le continent. Ces découvertes montrent que ces premières sociétés agricoles ont migré depuis le continent peu après les débuts de l'agriculture et ces déplacements à grande distance au tout début du Néolithique témoignent de leur maîtrise de la navigation.
Le site de Klimonas est fouillé jusqu'à la fin du mois de mai 2012 et fera l'objet d'une nouvelle campagne de fouilles en 2013. Ces travaux impliquant plusieurs laboratoires de recherche ont été financés par le CNRS, le projet européen LeCHE, le Muséum national d'histoire naturelle, l'Inrap, le ministère des Affaires étrangères et européennes et l'École française d'Athènes.