Plusieurs pays à travers le monde produisent des sous-marins qu’ils mettent à disposition de leurs marines, devenant une composante capitale des stratégies navales. Les sous-marins nucléaires lanceurs d’engin ne dérogent pas à cette règle, assurant l’effort de dissuasion pour les pays équipés de l’arme nucléaire.


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    Depuis le XVIIIème siècle, les ingénieurs militaires travaillent à la conception de véhicules capables de mener des opérations sous la surface de l'eau. Le premier sous-marinsous-marin est utilisé dans le port de New-York en 1776, et la technologie ne cesse de s’améliorer depuis. Tout au long du XXème siècle, les sous-marins se perfectionnent, capable d'accueillir et de lancer de puissantes armes, assurant des missions de surveillance et de dissuasion. Actuellement, plusieurs pays possèdent des sous-marins spécifiques, fonctionnant grâce à des réacteurs à eau pressurisée et capables de stocker un armement stratégique. Appelés « sous-marins lanceurslanceurs d'engins » (SNLE), ils sont devenus des composantes majeures des armées en assurant un rôle de dissuasion nucléaire.

    Les SNLE français

    Pour Gaétan Powis, journaliste et consultant défense auprès du journal AirAir & CosmosCosmos, le sous-marin militaire « est un véritable condensé de technologie ». « Un SNLE peut intégrer jusqu'à un million de composants. Ce type de sous-marin doit être absolument furtif, résistant à la pressionpression, connecté aux instances décisionnaires en permanence », explique M. Powis pour Futura. Depuis la fin des années 1960, la France fait patrouiller dans les mers et les océans plusieurs SNLE chargés d'assurer la dissuasion. Le premier sous-marin lanceur d'engins, nommé Le Redoutable, est armé en 1971. Actif jusqu'en 1991, Le Redoutable est opérationnel en permanence, avec deux équipages de 135 militaires se relayant à bord. D'une longueur de 130 mètres, Le Redoutable est armé de 18 torpilles et de 16 missiles balistiques mer-sol.

    Les SNLE français se décomposent en plusieurs sections, chacune réservée à la machinerie, à l’armement ou aux quartiers. © Marine Nationale
    Les SNLE français se décomposent en plusieurs sections, chacune réservée à la machinerie, à l’armement ou aux quartiers. © Marine Nationale

    Aujourd'hui, ce sont 4 SNLE de classe Le Triomphant qui patrouillent en eaux profondes. Le Triomphant est venu remplacer Le Redoutable dés 1994, suivi du Téméraire en 1998, du Vigilant en 2003, du Terrible en 2008. A l'instar des premiers SNLE, ils peuvent lancer 16 missiles balistiques M-51 et 18 torpilles Exocet grâce à 4 lance-torpilles de 533mm. « Le Centre de Transmission Marine (CTM) est en charge de coordonner l'ordre de tir stratégique en cas de nécessité. Si les bases au sol sont détruites, les SNLE français sont capables de communiquer avec des postes de commandement aéroportés. En France, le SYDEREC, ou Système de DERnier RECours, composé de ballons captifs, permet d'assurer la continuité des operations », détaille Gaetan Powis. Avec plusieurs sonarssonars et radars de navigation, Le Triomphant peut techniquement plonger en-deçà de 400 mètres de profondeur, à une vitessevitesse de 25 noeuds, soit 46 km/h.

    Les SNLE américains

    La première armée du monde est aussi la détentrice d’une importante flotte de sous-marins lanceurs d'engins. Les États-Unis emploient 14 sous-marins de classe Ohio, dont le premier modèle est mis en service en 1981. Long de 170 mètres, les classe Ohio peuvent atteindre une vitesse de 20 noeuds (37 km/h) en immersion, pouvant plonger sous 240 mètres de profondeur. À bord, 155 hommes manœuvrent l'appareil grâce à 4 sonars. Quatre tubes peuvent lancer des torpilles Mark 48. Mais l'arme la plus importante de la classe Ohio est son missile nucléaire Trident II, avec 24 unités stockés dans le sous-marin.

    L’USS Michigan en cale sèche aux États-Unis, en novembre 2002. © Brian Nockell, U.S. Navy
    L’USS Michigan en cale sèche aux États-Unis, en novembre 2002. © Brian Nockell, U.S. Navy

    La marine américaine devait initialement disposer de 18 sous-marins de classe Ohio, avant que le gouvernement américain ne décide de reconvertir les 4 premières unités fabriquées en sous-marins nucléaires lanceurs de missiles de croisière (SSGN). Ces derniers peuvent envoyer les torpilles anti-navires habituelles mais aussi 22 missiles de croisière Tomahawk, puissants mais avec une déflagration bien moins destructrice qu'une ogive nucléaire.

    Les SNLE russes

    « L'effondrementeffondrement de l'URSS provoque une chute drastique du budget de la défense après 1991. En 2002, aucune patrouille de SNLE russe et il faut attendre les années 2010 pour observer une modernisation des sous-marins par la Russie et une reprise croissante des patrouilles », constate Powis.

    Le SNLE Iouri Dolgorouki accueille des équipes s’entraînant à l’utilisation de nouveaux systèmes. © Mil.ru
    Le SNLE Iouri Dolgorouki accueille des équipes s’entraînant à l’utilisation de nouveaux systèmes. © Mil.ru

    La Russie possède actuellement 14 SNLE, dont 8 lancés entre 1982 et 1990. Les modèles les plus récents sont intégrés dans la classe Boreï, avec le Iouri Dolgorouki et le Alexandre Nevski commissionnés pour 2013. Les SNLE de la classe Boreï mesurent 170 mètres de long, progressant à 25 noeuds en immersion. Peu d'éléments permettent de déterminer les capacités des navires russes. Ils accueillent 16 missiles P-30 « Boulava » et au mois 6 missiles de croisière SS-N-15, assurant ainsi la dissuasion stratégique tout en pouvant effectuer des tirs conventionnels. La Russie déploie actuellement plusieurs SNLE dans l'Atlantique et le Pacifique.

    Les SNLE chinois

    En 2010, la Chine armait une nouvelle classe de sous-marins lanceurs d'engins, le Type 094. Quelques documents disponibles sur internet permettent d'en apprendre plus sur une technologie que les dirigeants du Parti communiste chinois souhaitent garder secrète. Le Type 094 se décline en 5 exemplaires, de 135 mètres de long. Mais les capacités opérationnelles sont globalement inconnues, tel que le souligne le journal The National Interest. Côté armement, ce sont 12 missiles balistiques mer-sol JL-2 qui peuvent être lancés depuis le Type 094. Avec ses sous-marins et un rayon d'action estimé à 9 000 km, la Chine se positionne comme un acteur sérieux dans le Pacifique, suscitant l'inquiétude des États-Unis et des alliés américains dans la région.

    Le SNLE indien

    L'Inde est le dernier pays ayant manufacturé ses propres SNLE. Commissionné et mis en service en 2016, l'INS Arihant est le premier d'une série de cinq appareils qui viendront grossir les rangs de la Marine indienne. Avec ses 110 mètres de longueur, l'Arihant est opéré par un équipage de 100 militaires.

    Test d’un missile balistique intercontinental (ICBM) B05 depuis le Golfe du Bengale en 2013. © Ministère de la Défense indien
    Test d’un missile balistique intercontinental (ICBM) B05 depuis le Golfe du Bengale en 2013. © Ministère de la Défense indien

    Capable de plonger sous 300 mètres de profondeur, le SNLE indien navigue à 24 noeuds, soit 44 km/h. L'Arihant peut frapper une cible navale grâce à 6 tubes lance-torpilles de 533 mm. Mais en tant que puissance nucléaire, l'Inde stocke sur son SNLE 12 missiles balistiques Sagarika. Au cours prochaines années, l'Inde pourrait bien commencer à rivaliser avec les plus grandes forces stratégiques en continuant de déployer de nouveaux SNLE dans le Golfe du Bengale et dans les eaux de l'Ocean Indien et Pacifique.