Alexa écoute tout ce que vous dites, vrai ou faux ?

Découvrez le podcast à l’origine de cette retranscription dans Science ou Fiction. © Futura

Pour commencer, AlexaAlexa, c'est le nom d'une technologie d'assistant virtuel basé sur une commande vocale.

Le projet Alexa

En gros, cet objet, commercialisé par AmazonAmazon, a pour but de comprendre ce que vous lui dites et de traiter votre demande en vous apportant la meilleure réponse possible. C'est un peu le « OK » Google ou le Siri de Apple, mais version Amazon. Alexa se présente sous la forme d'enceinte qui est donc capable d'interagir avec la voix du consommateur pour lui rendre quelques services comme régler des alarmes, diffuser de la musique, lire des livres audio, donner des informations sur le trafic ou encore donner la météométéo. D'ailleurs, peut-être aurez-vous lancé ce podcast grâce à elle, car Alexa permet aussi de diffuser des podcasts.

Pour vous faire un rapide historique, Amazon a acheté le projet en 2013 et la première version de ce système a vu le jour en 2014, date à laquelle les premiers appareils pourvus de cette technologie sont commercialisés en édition limitée. Dès 2015, Alexa est disponible aux États-Unis et, au fil des années, de plus en plus de pays ont pu commander ces produits. Par exemple, Alexa est arrivée en France en 2018. 

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Début des suspicions 

Mais, problème : une vive rumeur a émergé, entachant rapidement la popularité d'Amazon et de son nouveau joujou. Plusieurs utilisateurs ont commencé à se rendre compte que certaines de leurs conversations privées étaient enregistrées par Alexa. Au début, Amazon répond simplement que les appareils enregistrent uniquement ce qui est dit lorsque l'on prononce le mot qui réveille le système, à savoir « Alexa », suivi d'une commande vocale. Les enregistrements sont ainsi utilisés dans le seul but d'améliorer les réponses d'Alexa lors de futures questions, et les utilisateurs peuvent, à tout moment, supprimer ces enregistrements vocaux.

On pourrait s'arrêter là et être rassuré mais, malheureusement pour Jeff BezosJeff Bezos, Amazon a commis quelques erreurs qui n'ont fait que renforcer les soupçons. J'avoue, c'est louche... En novembre 2018, par exemple, Amazon a envoyé pas moins de 1 700 enregistrements d'un couple américain à un Européen. Inutile de vous préciser qu'ils ne se connaissaient absolument pas. Mais, en revanche, ce qui est connu à partir de cette affaire, c'est qu'Alexa enregistre bel et bien les personnes à leur insu et qu'en plus elle peut les envoyer à n'importe qui sans raison.

L'assistant vocal de Google, Alexa, a de bien trop grandes oreilles. © fabioderby, Adobe Stock

Mais bon, ce n'est pas grave, puisqu'en signe de dédommagement, Amazon offre au couple américain un abonnement Prime gratuit et de nouveaux appareils Alexa. C'est quand même culotté, non ? Surtout qu'après cela, ils ont qualifié cet incident de cas isolé, mais un peu plus tôt dans l'année, un appareil Alexa avait déjà enregistré la conversation d’une famille et l'avait envoyée directement à un de leur contact. Bien entendu, sans prendre le temps de demander leur permission avant. Faut vraiment faire attention à ce que l'on dit, hein...

Amazon a avoué

Mais, encore une fois, Amazon a trouvé une parade à cet évènement qu'ils affirment être extrêmement rare. Ils ont même expliqué qu'Alexa avait certainement interprété certains mots de la conversation comme une série de commandes pour allumer, enregistrer et envoyer à un certain destinataire. « Évènement extrêmement rare », « erreur humaine » ou encore « cas isolé », c'est comme cela qu'Amazon a longtemps défendu son manque total de confidentialité. Mais, aujourd'hui, il est bien connu qu'Alexa écoute les conversations privées et stocke toutes ces informations dans des bases de données qui peuvent, bien entendu, être exploitées par des pirates.

Le pire dans tout cela, c'est qu'à présent, Amazon n'essaie même plus de démentir ce fait, au contraire ! La firme a confirmé que c'est vrai, ils récupèrent des extraits de conversations privées. Ils ont ajouté aussi que le personnel n'écoute que les conversations à des fins de marketing et techniques, pour améliorer le service et la compréhension de la parole humaine par l'appareil. Ainsi, ce sont environ 1 000 enregistrements par jour que chaque membre de l'équipe Alexa peut écouter. Dans tous les cas, si vous avez Alexa chez vous, ou que vous projetez d'acheter une enceinte Echo, évitez de la placer dans des lieux tels que la salle de bain ou votre chambre, on ne sait jamais. Mieux vaut qu'elle reste dans la cuisine ou le salon. 

D'autres appareils sont à surveiller...

D'ailleurs, Alexa n'est pas le seul appareil qui vous espionne. Alors évidemment, il y a le téléphone portable. Je pense que c'est arrivé à bon nombre d'entre nous de discuter avec quelqu'un, et quelques heures, voire quelques secondes après, de retrouver les sujets de votre conversation en suggestion de recherche sur GoogleGoogle ! Bonjour la discrétion. Et ça ne s'arrête pas là ! Par exemple, comme je vous le disais au début de cet épisode, en 2020, une femme a été prise en photo sur les toilettes par son aspirateur-robot Roomba. Cet objet possède plusieurs capteurscapteurs de géolocalisations, des caméras, etc., pour reconnaître son environnement et éviter les obstacles. Or l'Intelligence artificielle de ces aspirateurs doit récupérer un certain nombre de données pour faire progresser toujours plus les algorithmes. C'est en tout cas l'argument qui est avancé.

Ouais... mais du coup, ça crée des situations bien embarrassantes... Je vous invite à écouter notre épisode de Vitamine Tech, si ce n'est pas encore fait, pour apprendre comment les photos de cette femme ont fini sur les réseaux sociauxréseaux sociaux. Franchement, c'est flippant. Le souci c'est que l'on ne peut pas tellement attaquer les entreprises responsables de ce type de pratiques parce que, généralement, cette collecte de données est mentionnée dans le politique de confidentialité. Vous savez, ce contrat interminable que personne ne prend jamais le temps de lire. Donc juridiquement, ils sont couverts sur le plan légal. Pour l'aspect éthique... hum, c'est un autre sujet.

Enfin voilà, en tout cas, aujourd'hui, la question de la protection des données est un vrai problème. Impossible d'utiliser la plupart des appareils électroniques sans avoir au préalable accepté les conditions générales d'utilisation qui permettent au fabricant d'utiliser toutes ces datas. Et cela vaut même pour les appareils qui ne vous permettent pas forcément de naviguer sur Internet, comme le Roomba. Alors, si vous ne voulez pas être espionnés, réfléchissez-y à deux fois avant d'acheter un portable ou une tablette. Si vous n'avez pas le choix, rappelez-vous qu'à tout moment, quelqu'un pourrait être en train de vous écouter !