Un grand nombre de pays sous-développés ou émergents ont choisi de lier leur destin à celui du Bitcoin ou autres cryptomonnaies. Une façon de lutter contre l’inflation, la dévaluation des monnaies nationales ou une dépendance excessive envers le dollar.
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En octobre 2021, C#Corner a publié le classement des pays ayant le plus grand nombre de détenteurs de cryptomonnaies.
Le Top 5 était le suivant :
- Inde : 100 millions
- USA : 27 millions
- Russie : 17 millions
- Niger : 13 millions
- Brésil : 10 millions
La présence du Niger peut surprendre, d'autant que la population de ce pays d'Afrique de l'Ouest -- l'un des plus pauvres du monde -- ne compte que 24 millions d'habitants. Plus bas dans ce même tableau, apparaissent d'autres contrées relativement peu développées telles que l'Indonésie (n° 8 avec 7,2 millions d'usagers) ou le Vietnam (n° 9 avec 5,9 millions d'usagers) ou encore les Philippines (n° 11 avec 4,3 millions d'usagers).
Il manque dans un tel tableau une contrée telle que le Salvador qui a adopté le Bitcoin comme monnaie officielle, début septembre 2021, et donc peu avant la publication du tableau de C#Corner.
1,7 milliard d’individus non bancarisés
Comment expliquer un tel intérêt pour les cryptomonnaies dans les pays sous développés ou émergentsémergents ? Les raisons sont multiples. En premier lieu, sur notre Planète, près de quatre adultes sur dix ne sont pas « bancarisés ». Si l'on en croit les chiffres de la Banque mondiale, ils sont 1,7 milliard d'individus n'ayant pas de compte bancaire, donc sans accès à l'épargne ni au crédit. Il n'est pas aisé d'entreprendre dans un tel contexte.
Le spectre des dévaluations
Ceux qui ont accès à des services bancaires ont parfois eu à s'en plaindre amèrement. Dans des pays tels que le l'Argentine, Cuba ou la Corée du Nord, la monnaie nationale a souvent subi une dévaluation colossale. Les citoyens ont vu leurs avoirs en monnaie nationale perdre une énorme valeur. Ainsi, le Venezuela a dévalué sa monnaie de 96 % en 2018, et plus en encore en octobre 2021. Au Niger, le gouvernement a instauré des règles qui rendent quasi impossible d'échanger de l'argentargent avec l'étranger. Par ailleurs, un grand nombre de pays d'Amérique centrale gèrent des monnaies qui dépendent du dollar, ce qui les met en risque en cas de sanctions américaines.
Le Salvador, fer de lance
Face à de telles situations, les populations de certains de ces pays se sont tournées vers les cryptomonnaies. Petite nation d'Amérique centrale, le Salvador a été le premier pays à adopter le Bitcoin comme monnaie nationale et, si l'on en croit le président Nayib Bukele, au bout de trois mois d'usage, le wallet Bitcoin mis en place par le gouvernement avait déjà plus d'usagers que l'intégralité du système bancaire salvadorien. Cette transition ne s'est pas déroulée sans anicroche et de nombreux Salvadoriens se sont plaints de problèmes liés au wallet Chivo tels que la perte inexplicable de Bitcoins.
L'exemple du Salvador a néanmoins fait tache d'huile. Dans des pays tels que le Paraguay ou le Mexique, des personnalités politiques de premier plan se sont montrées favorables à une pareille évolution. Le Venezuela arrive en tête du lot : d'ores et déjà, de nombreux Vénézuéliens ont adopté le Bitcoin comme valeur refuge, mais aussi pour les échanges de monnaies à l'international. Et, en août 2021, le président d'Argentine, Alberto Fernández, a annoncé qu'il envisageait d'adopter le Bitcoin comme monnaie légale.
Sur le continent africain, outre le Niger, les citoyens de nombreux pays ont pareillement adopté le Bitcoin : Kenya, Togo, Ghana... Le site Useful Tulips montre que, régulièrement, les transactions en Bitcoin en Afrique subsaharienne dépassent celles qui ont eu lieu aux USA.
Les jeux « play to earn » comme moyen de subsistance
Là n'est pas tout. Les cryptomonnaies sont également une source de revenus pour de nombreux habitants de pays comme les Philippines ou l'Indonésie, notamment avec Axie Infinity, un jeu « play to earnplay to earn » (jouer pour gagner). Quel en est le principe ? Il rappelle celui des Pokémons : le joueur acquiert des Axies puis les met à l'épreuve au cours de divers combats, mais aussi des objets utiles pour ses quêtes. Il peut ensuite échanger ses tokens (jetons) contre de l'argent réel.
Indépendance par rapport au dollar
À Cuba aussi, les cryptomonnaies sont considérées comme un rempart face à la dépréciation de la monnaie locale. En raison des sanctions financières américaines, l'île s'est retrouvée isolée du système financier international. Les Cubains n'ont pas accès à des cartes de crédit et ne peuvent donc pas profiter du commerce en ligne. Or, de nombreux habitants de l'île comptent sur les envois de dollars de la part de proches expatriés. Avec les méthodes classiques, de tels mouvementsmouvements monétaires ne sont généralement pas en leur faveur -- alors qu'il est plus rapide et moins coûteux en passant par le Bitcoin. Dès août 2021, le gouvernement de Cuba a pris des mesures en vue de faciliter l'acceptation de Bitcoin et autres coins tels que le TRX par les commerçants.
Aide humanitaire
Le Bitcoin apparaît aussi comme une solution humanitaire dans des pays particulièrement pauvres. Au Congo, à la suite des destructions dues aux coulées de lavelave volcanique en mai 2021, une initiative est née, Kiveclair, afin de permettre à la population d'utiliser le Bitcoin, via un wallet (portefeuille) sur téléphone mobilemobile utilisant le Lightning NetworkLightning Network. Et les internautes ont été invités à déposer des donations afin d'aider au projet.
Dernier point, dans certaines de ces régions du monde se produit ce que l'on appelle l'effet « saute-mouton ». Ainsi, en Afrique comme en Asie, de nombreux pays dépourvus de lignes de téléphone fixe sont passés directement au téléphone mobile. Dans un même élanélan, ces mêmes contrées adoptent aujourd'hui le Bitcoin ou l'EthereumEthereum comme gilet de sauvetage bien utile.