À l’heure où les fabricants automobiles planchent sur la voiture du futur et cherchent à se singulariser en sortant des sentiers battus, d’autres se sont largement affranchis des lourds cahiers des charges et laissent phosphorer leur imagination d’autant plus « facilement » aujourd’hui que les logiciels de modélisation 3D permettent de produire des images avec un « rendu photo-réaliste », terme désignant une création 3D à laquelle on donne un aspect réaliste, en s’appuyant sur des photos.
La 3D permet de voir en trois dimensions, en hauteur, en largeur et en profondeur, de représenter la réalité telle que nous la voyons. Au départ, tout commence avec une matrice de points modulables qui forment une grille, un maillage des pixels, eux aussi en 3D, des voxels définis par une dimension spatiale. La peinture, au Moyen Âge, ne connaît pas la perspective fuyante ni la représentation du volume ; la réalité est vue sur le même plan, à plat.
Frédéric Müller est l’un de ces artistes numériques qui a troqué, plumes et pinceaux, contre tablette graphique et stylet optique pour faire du « Digital Image Making ». Il s’est spécialisé en CGI (Computer Generated Imagery) - Imagerie de synthèse, pour cela, il utilise des logiciels capables de reconstruire les objets du monde réel à partir de données, d'algorithmes ou de modèles mathématiques. Lorsque la modélisation est terminée, le travail ne fait que commencer : il faut donner vie, créer les bonnes textures, les bons matériaux de surface pour chaque élément, inventer une ambiance, définir un éclairage afin d'obtenir un rendu photoréaliste. Pour créer un décor, l’artiste intègre une « vraie » photo provenant de ses voyages en Europe.
Frédérique Müller utilise Autodesk Maya, logiciel d’image de synthèse, largement utilisé dans la production des plus grands films d’animation, HDR Lightstudio pour perfectionner l’éclairage des images 3D, Redshift qui améliore le rendu graphique. Évidemment, Adobe Photoshop est incontournable pour peaufiner l’étalonnage et le contraste des couleurs. Il travaille sur des définitions très poussées, dans un format de 10.500 pixels, pour permettre de faire ressortir les détails les plus fins, comme les fourrures, la poussière ou les moustiques écrasés sur le pare-brise des véhicules.
Son univers est fait de « et si c’était réel… », s’amusant à déformer la réalité tout en lui donnant une dimension très convaincante : « Je considère l’utilisation des techniques de rendu 3D comme une extension de nos possibilités créatives : exagération, surréalisme, précision extrême, détails méticuleux ou conceptions imaginaires sur mesure. »
Voici sa série « Ride of the wild », déclinée en huit créations sur mesure et à la démesure de son imagination. Il nous présente des possesseurs qui ressemblent à leur possession, un peu comme ces chiens qui ressemblent à leurs propriétaires et dont la science a montré que la ressemblance va au-delà de l’apparence mais qu’elle est aussi psychologique. Comme le souligne Frédéric Müller, « serait-ce crédible un panda dans une Ferrari ? ou un lion rugissant dans une voiture à pédale ? »
Après tout, nous ressemblons beaucoup à ces animaux et de là à verser dans l’anthropomorphisme inversé…