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À nouvel appareil, nouveaux contenus. La tablette, iPadiPad en tête, est devenue un objet de tentation pour les médias, qui y voient un nouveau marché captif à conquérir. Que ce soit en adaptant des contenus existants ou en misant sur l'interactivité, l'intérêt et les obstacles sont nombreux. Comment la presse s'adapte-elle au boom des tablettes ?
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La métaphore papier (tourner les pages) est très présente dans le livre numérique, notamment dans iBooks 2 qui enrichit d’éléments multimédias les livres. © ElectronLibre.info
La presse écrite a été la première à s'emparer de l'iPad, dans l'optique d'étendre leurs marques où le temps de lecture d'information est dit cinq fois supérieur à celui du Web. À sa sortie en France début 2010, des grands titres de la presse nationale ont lancé des applications dédiées pour fournir une expérience de lecture de leurs quotidiens équivalente à celle proposée sur papier. Une fois l'utilisateur dans l'application, aucune autre interface ne vient l'inviter à en sortir pour pratiquer une autre activité.
Cette logique d'applications reproduisant une navigation papier n'est pas du goût de tous. Quand le président du groupe Ouest France soutient préférer l'iPad aux sites Web, l'expert en ergonomie Jakob Nielsen pointe lui les limites du modèle : avec une navigation imposée, des fonctions de recherche et une interactivité limitées, l'expérience utilisateur ferait un bond en arrière par rapport aux standards du Web. Les sites adaptés aux tablettes sont rares, voire inexistants parmi les grands titres, malgré la somme de déceptions auxquelles AppleApple les a habitués.
Relations tendues entre la presse et Apple
La ruée vers l'iPad a ainsi amené ces éditeurs de presse à se confronter aux conditions strictes imposées par Apple. Les désillusions ont été nombreuses. Dans une lettre ouverte, le Syndicat de la presse magazine (SPM) signale ainsi les principaux points de discorde commerciale avec la firme. Apple impose ainsi aux éditeurs des prix d'achat et d'abonnement fixes quand ils ont lieu au sein d'une application, ainsi qu'une commission de 30 %. Aussi, le constructeur ne partage pas sa base clients avec ses partenaires, qui doivent eux partager celle de leurs lecteurs s'ils effectuent des achats dans l'application. Un rapport asymétriqueasymétrique conjugué au contrôle éditorial opéré par l'entreprise, qui peut retirer sans sommation une application pour un contenu qui y a été publié.
Par des applications dédiées, il est possible de se créer son journal à la carte à partir de différentes sources, notamment avec Read It Later, Flipboard ou Google Currents. © Intervoice TM, Creative Commons
Le Financial Times, dont l'application a été supprimée de l'AppStore, a contre-attaqué en lançant un site uniquement compatible avec l'iPad, reprenant l'ergonomie d'une application sans la mainmise de la firme sur ses contenus et sa politique commerciale. Aucun autre système, y compris AndroidAndroid, n'a pourtant droit aux mêmes faveurs qu'iOSiOS. N'offrant pas le même niveau de captivité, des ventes de tablettes bien moindres et des communautés moins promptes à payer, elles n'ont que peu des atouts qu'y attirent les éditeurs à Apple.
Reste qu'avec l'explosion du nombre de références Android en 2012 et la politique ferme de la firme de Cupertino, il pourrait bien devenir une alternative intéressante pour les éditeurs ne souhaitant pas être dépendant d'une seule plateforme. Le magnat des médias Rupert Murdoch avait tenté l'expérience d'un magazine tout iPad début 2011 avec The Daily, pour déchanter au bout d'un trimestre et 10 millions de dollars de pertes, les lecteurs dépassant rarement la période d'essai gratuit. Un échec qui n'empêche pas la tablette d'être considérée comme le format idéal pour la lecture de magazines.