au sommaire
Futura-Sciences a questionné Louis Naugès, expert de l'informatique « post-PCPC » et cofondateur de Revevol, société spécialisée dans le cloud computing pour entreprises. Il nous donne son avis sur l'utilisation des tablettes tactilestablettes tactiles, leurs avantages et leurs inconvénients par rapport aux PC.
© Jeonghwaryu, Pixabay, DP
L'arrivée massive des tablettes modifie notre rapport à la consommation d'appareils et de services informatiques. Sur un objet à la croisée du smartphone et du PC, de nouveaux services en ligne se développent pour stocker applications et documents utilisables sur ces nouvelles machines.
Louis Naugès est un expert de l’informatique « post PC » et cofondateur de Revevol, société spécialisée dans le cloud computing pour entreprises. Il répond aux questions de Futura-Sciences au sujet des tablettes. © DR
Les tablettes sont en marche pour prendre le pas sur ces autres outils informatiques, y compris en entreprise où le matériel personnel des employés est désormais utilisé dans un cadre professionnel. Ce mouvement de « consumérisation de l'IT » pose de nombreuses questions sur la cohabitation entre tous ces appareils et la place croissante que prennent les services d'informatique en nuageinformatique en nuage (cloud computing) dans le quotidien professionnel. Pour y voir plus clair, voici l'avis de Louis Naugès, expert de l'informatique « post-PC » et cofondateur de Revevol, société spécialisée dans le cloud computing pour entreprises.
Les tablettes accélèrent l’arrivée des appareils personnels au travail, tout comme les smartphones (appareils utilisés pour accéder aux applications professionnelles, pourcentage d'appareils personnels en jeune et d'appareils professionnels en rouge, comparaison entre 2010 et 2011). Cette gestion est un nouvel enjeu important pour les entreprises. © ZDNet.fr
Les tablettes s'immiscent dans la vie quotidienne et dans l'entreprise. En posséder une change-t-elle les habitudes de ces utilisateurs ?
Les tablettes peuvent être vues de deux manières différentes, comme substituts d'autres outils, smartphones ou PC portables, ou comme vecteurs de nouveaux usages, et ces deux familles d'usages sont complémentaires.
En substituts d'autres objets, les principaux usages sont :
- l'accès à sa messageriemessagerie, plus confortable qu'un smartphone, moins efficace qu'un PC portable dès que l'on souhaite rédiger des réponses un peu longues ;
- la navigation Web, l'un des usages les plus agréables sur tablettes, surtout de 10 pouces ;
- le partage de contenus (présentations de produits, de supports de conférence...), la convivialité est bien meilleure que dans le cas d'un PC portable, et c'est probablement un grand plus dans des métiers commerciaux.
C'est bien sûr dans les nouveaux usages qu'il faut voir les principaux apports des tablettes. La « consommation de médias » est la véritable « killer app »: il suffit de regarder ce que font les utilisateurs de tablettes dans les trains ou les avions pour s'en rendre compte.
Quels sont les usages actuels des tablettes ? Comment cohabitent-elles avec le reste des appareils ? Sur quels points sont-elles complémentaires du PC ?
Dans les entreprises, j'ai surtout rencontré des dirigeants et des cadres supérieurs qui consomment beaucoup de contenus, visualisent des documents, des tableaux, des présentations mais qui créent peu de contenus eux-mêmes et gèrent leur messagerie.
Plus le ratio entre consommation et création de contenu est en faveur de la consommation, plus les tablettes sont des choix logiques.
Quelles sont, selon vous, les principales lacunes des tablettes face à un ordinateurordinateur classique pour une utilisation quotidienne ?
L'absence d'un véritable clavierclavier physique est la principale différence avec un PC portable, mais de plus en plus de fournisseurs, tels que Lenovo ou Asus proposent des claviers qui transforment la tablette en... PC portables ! Cette combinaison « tablette et clavier physique » peut devenir un redoutable concurrent des PC classiques mêmes si ces derniers pourraient ajouter, en 2012, les fonctions tactiles !
Pour des utilisations Web et cloud, ce qui est le cas chez Revevol, l'absence d'applications lourdes « historiques », telles que Microsoft OfficeMicrosoft Office, n'est pas un handicap mais peut le devenir pour des utilisateurs classiques, qui ont du mal à abandonner leur Excel favori.
J'ai utilisé pendant quelques mois une tablette iPadiPad et j'ai pu vérifier que les versions des logicielslogiciels tablettes et PC portables ne sont pas toujours totalement compatibles. Dans mon cas, j'utilisais Keynote, l'équivalent Powerpoint d'AppleApple, et les transferts de présentation entre les deux plateformes se traduisaient par des différences qu'il fallait corriger à chaque fois.
Différents systèmes d'exploitationsystèmes d'exploitation se confrontent sur ce marché. Lequel, selon vous, est le plus à même d'offrir une alternative viable à l'ordinateur classique, à la maison ou en entreprise ? Comment voyez-vous ces systèmes évoluer pour le devenir ?
iOSiOS d'Apple est encore aujourd'hui, au début de 2012, l'OS dominant des tablettes. AndroidAndroid est en numéro 2 et je pronostique qu'il va se produire sur les tablettes ce que l'on a vécu sur les smartphones. Dans les 12 mois qui viennent, l'arrivée de dizaines de tablettes Android à des coûts très compétitifs, sous l'influence de la Kindle Fire d'AmazonAmazon, fera qu'il se vendra plus de tablettes Android qu'iOS.
Les autres OS ? QNX de RIM (BlackBerry) sera-t-il encore en vie fin 2012 ? Rien n'est moins sûr et je pense que leur priorité va être, en 2012, la survie de leur marché des smartphones, en chute libre depuis 12 mois.
Windows 8Windows 8 sera disponible à partir de 2013. Il devrait se produire avec les tablettes ce que l'on constate avec les smartphones : deux OS qui dominent et ne laissent que quelques % à leurs concurrents.
Quelles implications a l'intégration poussée des services « en nuage » (cloud) avec ces matériels ? Cette intégration est-elle amenée à perdurer ?
La décennie 2010 - 2020 sera celle du cloud computing, que je préfère maintenant appeler Cloud IT et Cloud Business, expression moins réductrice que cloud computing.
Dans ce contexte, la demande des utilisateurs est clairement de pouvoir accéder à toutes leurs applications, « Any where, Any time, Any device » (partout, tout le temps, sur tout support). Les tablettes vont accélérer cette demande de solutions cloud et la banalisation de ces solutions va rendre plus facile l'utilisation des tablettes ! C'est donc un cercle vertueux entre le cloud et les tablettes, chacun aidant l'autre à grandir.
Les tablettes, dans un futur proche, peuvent-elles menacer l'ordinateur en tant qu'appareil informatique principal ? Comment l'offre PC s'adapte-t-elle à cette concurrence ?
Tous les constructeurs d'objets mobiles aimeraient bien avoir la réponse à cette question !
Il est clair que le marché des PC portables (surtout des netbooks) va souffrir de la concurrence des tablettes, mais je ne pense pas que la majorité des utilisateurs actuels de PC portables ou de Macbook Air vont les remplacer par des tablettes.
Ce sera très différent dans les pays en émergenceémergence, où les PC actuels sont peu répandus. Smartphones et tablettes devraient, rapidement, y constituer l'essentiel du marché. Pour une personne venant du téléphone mobile, un écran de 7 ou 12 pouces est un écran géant !
Une répartition un tiers PC portables, un tiers smartphones et un tiers tablettes en 2015 ne me paraît pas une hypothèse déraisonnable. Je fais l'hypothèse suivante : en 2015, on croisera deux familles d'utilisateurs, ceux qui ont un smartphone et un PC portable et ceux qui ont remplacé les deux par une tablette.