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Exposition pour les populations
La réglementation la plus récente considère que le public ne doit pas être exposé à un supplément d'irradiation annuel total supérieur à 1000 microSieverts hors exposition médicale éventuelle (la radioactivité naturelle entraîne une exposition moyenne de la population de l'ordre de 2400 µSv). Une directive Euratom de 1996 considère que toute pratique exposant le public à plus de 10 µSv par an a un impact non négligeable sur la santé. On peut interpréter ceci en disant qu'aucune activité ne doit exposer le public à plus de 10 µSv et que le total des diverses activités ne doit pas produire d'exposition supérieure à 1000 µSv.
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À partir d'un modèle théorique de transfert de pollution EDF considère que les rejets exposent les populations voisines de la centrale à moins de 0,3 µSv par an et se réfère dans son dossier de renouvellement à la limite de 1000 µSv. Or ceci constitue une faute de raisonnement car le public peut être exposé à d'autres sources de rayonnement. Il faudrait donc faire référence (cette remarque ne figure pas dans le rapport) à la valeur, non réglementaire toutefois, de 10 µSv. Mais le rapport de la CRIIRAD critique le modèle ayant servi à l'évaluation de cette exposition. D'une part il ne prendrait pas en compte toutes les voies de transfert des radionucléides vers l'homme et ignore le problème du carbonecarbone 14. D'autre part ce modèle trop théorique n'aurait pas été validé par des campagnes de mesures suffisantes qu'on puisse assurer qu'il permet de calculer correctement l'exposition de la population.
En conclusion
Le rapport souligne à diverses reprises les efforts qui ont été faits par EDF pour réduire sensiblement les rejets dans l'environnement. La centrale du blayais montre des rejets du même ordre de grandeurordre de grandeur que les centrales du même type. Toutefois elle ne se situe pas parmi celles qui ont les rejets les plus faibles. La CRIIRAD considère donc que des améliorations sont possibles et que des méthodes d'évaluation plus précises devraient être mises en oeuvre. Le rapport contient divers conseils sur ce que la Commission Locale d'Information devrait demander à la centrale.
Ajoutons un commentaire à cette étude. Il apparaît que l'identification et le dosagedosage de tous les radionucléides rejetés par une centrale n'est pas chose aisée. Mais autant, sinon plus que la nature des éléments rejetés, ce qui est important pour évaluer les risques d'exposition humaine, c'est la forme chimique sous laquelle le radionucléide est rejeté. Prenons un exemple simple : si le tritiumtritium est rejeté sous forme gazeuse (3H2) il n'y a pratiquement aucun risque qu'il soit retenu dans l'organisme ; si au contraire il est rejeté sous forme d'eau tritiée (3H2O) sa probabilité d'être absorbée par les êtres vivants, et donc de passer dans les chaînes alimentaireschaînes alimentaires, est élevée. La forme sous laquelle le carbone 14 est rejeté joue également un rôle considérable sur son aptitude à être incorporé dans les êtres vivants. Par contre les choses sont nettement moins claires pour les autres radionucléides et leur forme moléculaire joue probablement un rôle moins important. Or il s'agit d'un point que le rapport de synthèse n'aborde pratiquement pas. Toutefois il recommande judicieusement que des études approfondies soient faites sur le tritium libre et le tritium organiquement lié pour mieux évaluer l'impact sur l'environnement.