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L'impression 3Dimpression 3D porteporte avec elle des idéaux d'autonomieautonomie dans la fabrication : démocratisation des produits, personnalisation, réalisation à la demande... Imprimer en 3D des cellules humaines, des instruments de musique, des maisons... L'idée peut faire rêver. Mais la fabrication est plus complexe que ce qu'il n'y paraît.
Impression 3D : le tout-plastique est-il fantastique ?
« Commençons par regarder le mécanisme. La plupart des imprimantes 3D construisent des objets en fixant de fines couches de plastiquesplastiques extrudées. C'est très bien pour la création de jouets bon marché avec une résolutionrésolution spatiale limitée. Mais la personnalisation de votre Mii ou de l'étui de votre iPhoneiPhone, n'est pas la même chose que permettre la cuisson de la céramiquecéramique dans un four, la fonte des métauxmétaux, ou le mélange de la chauxchaux et du sablesable pour réaliser des produits en verre à très haute température - à moins que vous souhaitiez que tout ce qui est fabriqué avec ces matériaux soit demain remplacé par du plastique et il y a de nombreuses raisons environnementales, sanitaires ou de durabilité qui font que vous ne le souhaiteriez pas. Les partisans de l'impression 3D négligent également entièrement le fait que beaucoup de choses que nous utilisons continuent d'être réalisées à partir de substances naturelles, et ce, pour de bonnes raisons ».
Le boisbois sait être plus résistant que l'acier, et l'évolution vers l'utilisation de produits naturels pour l'emballage par exemple, nous rappellent que la force et le côté abordable du papier ou du bambou, signifie qu'à l'avenir nous risquons d'être plus à même de les utiliser que de nous en passer.
L'idéologie de la fabrication 3D
« Le rêve de l'impression 3D de prendre en charge la fabrication traditionnelle, doit être qualifiée pour ce qu'elle est : une idéologie », estime Christopher Mims. Il faut dire qu'obtenir tous nos produits d'une machine présente dans un coin de notre maison nous semble terriblement attractif et pas seulement parce qu'elle nous ferait passer de la personnalisation de masse à la fin du consumérisme.
Comme l'explique Carl Frankel dans un article, on peut dès à présent imprimer tout et n'importe quoi. Marcelo Coehlo pour le groupe des interfaces fluides du MIT a imaginé Cornucopia un assembleur d'aliment. Le ForgacsLab de l'université du Missouri a imprimé des cellules humaines couche après couche pour créer la première veine artificielle. La société allemande EOS a imprimé le corps d'un violon à partir d'un polymère qui ressemble (pas seulement dans son aspect, mais surtout par le son qu'il produit) au bois. D'autres, comme le California Center for Rapide Automated Fabrication Technologies (Craft) projettent d'appliquer le prototypage rapide à la fabrication de maison, rêvant d'assembler une maison en moins d'une journée.
Selon Bre Pettis, président et cofondateur de Makerbot, « l'impression 3D est profondément subversive. Sa mission est de démocratiser la fabrication de produits. » Et par là-même de modifier l'écosystèmeécosystème qui aujourd'hui régit leur distribution. Si on en croit les thuriféraires de l'impression 3D, à terme, c'est l'économie telle que nous la connaissons qui est appelée à être entièrement bouleversée.
« Il faut reconnaître, qu'avec des enjeux comme ceux-ci, qui ne voudraient pas devenir croyant ? », ironise l'éditorialiste de la Technology Review. Pour Christopher Mims, l'impression 3D est en plein essor, mais, si nous restons plus mesurés, l'avenir de l'impression 3D risque avant tout de concerner les industries traditionnelles où le prototypage rapide a déjà un impact énorme, notamment dans l'industrie du plastique. En effet, expliquait déjà en 2006 Tom Mueller, plus de 18.000 imprimantes 3D avaient été vendues dans le monde. Un sondage assez empirique auprès de dirigeants de grandes compagnies (comme HPHP, Bose, Chrysler...) montrait que toutes utilisaient déjà très fortement le prototypage rapide pour concevoir leurs nouveaux objets plastiques.
Par Hubert Guillaud