Qu'est-ce qui freine l'intrusion du robot à grande échelle dans les maisons des humains ? La raison est simple : la plupart des grands romans de science-fiction, à commencer par ceux d'Asimov, mais aussi les grandes épopées cinématographiques, comme Star Wars, ont associé le robot à une forme essentielle, l'humanoïde.

Geminoid, le clone humanoïde du professeur Hiroshi Ishiguro. © Ishiguro 
Geminoid, le clone humanoïde du professeur Hiroshi Ishiguro. © Ishiguro 
Asimo, le robot humanoïde de Honda. © Azadam, Honda
Asimo, le robot humanoïde de Honda. © Azadam, Honda

Une réalité bien éloignée de nos fantasmes robotiques

Le rêve implicite de Monsieur Tout-le-Monde serait un clone de C3PO, qui ferait le ménage, irait laver la voiture, ferait la lecture aux enfants et pourrait même aller se plier et se ranger sous une table. Au lendemain des années 2010, nous en sommes encore très loin.

Les robots humanoïdes sont fort complexes à réaliser, et de ce fait, extrêmement coûteux. Comme on l'a dit, il a fallu une dizaine d'années et des dizaines de millions d'euros de recherche à Honda pour parvenir à créer un humanoïde capable de marcher sur ses deux pieds.

L’humanoïde, futur robot standard

« Un robot ayant une forme similaire à celle d'un humain peut opérer dans un environnement pensé pour un usage humain, utiliser les mêmes outils sans qu'il soit nécessaire de les modifier et même travailler en collaboration avec des travailleurs humains », explique Fumio Kanehiro de l'AIST (Advanced Industrial Science and Technology de Tokyo).

De fait, la situation actuelle des robots humanoïdes est similaire à celle qui existait pour les PC au début des années 1980, avec des ordinateurs incompatibles entre eux. De même, aujourd'hui, un particulier doit acheter un robot aspirateur pour le ménage, un autre pour nettoyer les sols, un autre pour tondre le gazon... S'il existait un humanoïde « standard » à l'image du PC, cet humanoïde pourrait utiliser tous les outils conçus pour l'Homme : l'aspirateur de la maison, la tondeuse, etc.

Geminoid, plus vrai que nature

La recherche évolue positivement en la matière. Le professeur Hiroshi Ishiguro de l'université d'Osaka a montré une voie prometteuse avec Geminoid. Il a créé un double de lui-même, soit un robot qui lui ressemble et qu'il peut manipuler à distance. Le clone de Ishiguro reproduit ses mouvements faciaux et dans une mesure plus restreinte, corporaux. Son créateur n'écarte pas la possibilité d'envoyer Geminoid donner une conférence là où il lui serait difficile de se déplacer.

Geminoid, le clone humanoïde du professeur Hiroshi Ishiguro. © Ishiguro
Geminoid, le clone humanoïde du professeur Hiroshi Ishiguro. © Ishiguro

À terme, on pourrait utiliser un robot humanoïde de ce type pour des applications de téléprésence au domicile. Un exemple : le gel s'installe sans prévenir dans la maison de campagne. Votre clone téléguidé va immédiatement allumer le chauffage !

Les robots polymorphes : futur de la robotique ?

À une plus longue échéance, d'autres parient sur les robots polymorphes. Ainsi, les Superbots de Polymorphic Robotics Laboratory se métamorphosent en fonction de la tâche à accomplir : anneau, ver de terre, escalier...  Certains estiment que ces robots polymorphes pourraient devenir le « matériau de construction » du futur. Un matériau qui pourrait se transformer dans l'objet désiré sur demande, le lit se transforme en chaise par déplacement de ses composants, tout comme l'on pratique aujourd'hui du morphing d'images. On y gagnerait aussi au niveau du rangement : la chaise en pièces détachées de Max Dean et Matt Donovan peut demeurer pliée au sol. D'une commande, elle assemble d'elle-même ses membres puis se lève d'elle-même en position !

Superbot, le futur robot domestique polymorphe ? © <em>Polymorphic Robotics Laboratory</em>
Superbot, le futur robot domestique polymorphe ? © Polymorphic Robotics Laboratory

Dans une hypothétique maison du futur, construite à partir d'un matériau polymorphe et intelligent, on évoque des applications telles que la fenêtre qui se déplace pour faire entrer un maximum de soleil dans la pièce.

Une autre voie de recherche est suivie par James McLurkin au MIT. Son approche est la suivante : plutôt que de développer un seul robot d'ample taille, pourquoi ne pas déléguer la tâche à des dizaines, centaines voire milliers de petits robots qui travailleraient ensemble ? L'avantage de tels robots travaillant en mode collectif, serait un coût moindre pour une efficacité tout aussi grande.

Autant de projets qui font rêver mais qui demeurent aujourd'hui en laboratoire. L'humanoïde autonome dans notre maison n'est pas pour demain. Qu'on le veuille ou non, la première décennie de ce millénaire demeurera liée à la seule star de la robotique qui est parvenue à entrer dans le domicile : l'aspirateur Roomba...