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Le mécanisme auto-organisé de ce système apparaît comme un complément nécessaire au mécanisme néo-darwinien classique pour expliquer l'origine de la parole. Il est donc compatible avec un scénario néo-darwinien classique dans lequel l'environnement favorise la réplicationréplication des individus capables de communiquer.
Auto-organisation et effets collatéraux
Dans ce scénario, notre système artificiel joue le même rôle que les lois de la physique des gouttes d'eau dans l'explication des formes des cellules de cires des abeilles : il permet de comprendre comment des mécanismes auto-organisés ont pu faciliter le travail de la sélection naturellesélection naturelle en contraignant l'espace des formes.
En outre, il ne requiert pas la présence explicite de pression fonctionnelle pour une communication efficace. Il ne requiert aucune pression sociale et les agents n'ont en fait aucune capacité sociale.
Communication et parole
Techniquement, le système nerveux artificiel utilisé par les agents n'est pas spécifique à la parole : il pourrait très bien servir à apprendre la coordination œilœil-mouvement d'un bras. Alors que les codes de la parole contemporains sont évidemment influencés par la fonction de communication qu'ils remplissent, cette simplicité du système artificiel permet de proposer une nouvelle hypothèse en ce qui concerne l'invention initiale de systèmes de vocalisations partagés : ils pourraient être des effets collatéraux auto-organisés de certaines structures cérébrales qui sont apparues chez l'Homme sous l'influence de fonctions qui n'ont rien à voir avec la communication. D'ailleurs, comme l'a montré avec nombre d'exemples Stephen Jay GouldStephen Jay Gould, la nature regorge de formes et de structures dont l'origine est liée à un effet collatéralcollatéral de la formation d'une autre structure, et donc n'ont pas forcément à l'origine une fonction où une valeur adaptativevaleur adaptative positive.
Ces fonctions ont pu par exemple être l'exploration systématique de l'espace moteur, permettant de démultiplier les capacités d'apprentissage individuel et l'adaptabilité à un milieu changeant. Nous présentons en détail dans (Oudeyer, 2003) ces structures cérébrales et leur fonction initiale.
Les premiers codes de la parole seraient donc possiblement apparus avant qu'il n'y ait besoin de parole, et auraient été recrutés pour la communication seulement plus tard dans l'évolution : c'est ce qu'on appelle une exaptationexaptation.