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Facebook, Google+... l’emprise des technologies relationnelles
Qu'appelle-t-on « technologies relationnelles » ? Comme le répétaient les représentants de FacebookFacebook eux-mêmes au récent Facebook Developer GarageGarage : leur « vrai » produit n'est pas Facebook.com (le site), mais l'Open Graph (nouveau nom du Graph Social), c'est-à-dire l'infrastructure mise en place.
Qu'est-ce qu'une technologie relationnelle ? © Andreas Pizsa, Flickr by 2.0
Des technologies qui laissent une trace
L'association Ars Industrialis a raison de parler de technologies relationnelles pour désigner « l'ensemble des technologies qui non seulement mettent en relation, mais également qui engramment les relations ». Par engrammer, il faut entendre à la fois incorporé et ce qui laisse une trace, à l'image de l'engramme, la trace biologique de la mémoire dans le cerveaucerveau. « À ce titre, ces technologies sont un moment, contemporain, du processus de grammatisation qui consiste à discrétiser les flux temporels, c'est-à-dire à spatialiser le temps. Après la grammatisation de la parole dans l'écriture, puis du geste dans la machine-outil, les technologies relationnelles grammatisent à présent les relations psychosociales. »
L'enjeu de la grammatisation des relations, pour faire plus simple, c'est nos gestes et nos comportements qui sont distingués par les outils technologiques que nous utilisons. Et c'est tout à fait ce qu'accomplit Facebook en dressant la liste de nos relations que ce soit avec des personnes (nos amis) ou avec d'autres types d'entités (des informations, des images, des vidéos, des jeux, des produits, des marchandises, des institutions, des organisations...). La grammaire de Facebook décrit les règles qui régissent le fonctionnement non plus d'une langue, mais de notre relation à la technologie. Les identifiants sociaux, comme Facebook Login, encapsulent la grammaire de l'internetinternet de demain. Ils recèlent les règles et les éléments constitutifs des pratiques relationnelles en ligne, des outils de recommandation et de mises en relation. C'est en cela qu'il faut entendre que Facebook nous façonne, qu'il conditionne les rapports humains et les représentations. En cela, il est pleinement une technologie relationnelle, qui a un impact sur la nature de la relation, un impact d'autant plus important que l'usage du graphe social s'étend. La capitalisation de certaines connexions devient primordiale pour accéder pleinement à certains services. Il faut non seulement identifier les experts adéquats, mais également être leur ami.
Dit autrement, l'important sur Facebook, n'est pas ce que chacun y fait, mais les actions que nous partageons avec d'autres. Par le biais de Facebook, les services que nous utilisons sur Internet deviennent tous sociaux et communautaires. Cette transformation n'agit pas sur Facebook seulement, mais sur l'internet tout entier.
Facebook pour activer son réseau relationnel
L'idée ici n'est pas de regretter les relations prénumériques. Mais de comprendre que la grammaire qu'introduisent les plateformes relationnelles va avoir un impact direct et total sur notre relation à la technologie et sur notre manière de construire des relations sur le numériquenumérique. Nous sommes passés du logiciellogiciel social (le blogblog), aux plateformes relationnelles et on observe bien que c'est la même transformation qui se prolonge : observer le monde par le regard des gens qui ont les mêmes sources d'intérêts, certainement parce que c'est un plus puissant stimulant pour son propre intérêt.
Être sur Facebook n'a donc pas grand-chose à voir avec une pulsion voyeuriste-exhibitionniste nous plongeant dans l'émotionnalisme le plus simple. C'est aujourd'hui devenu le moyen d'activer son réseau relationnel pour l'exploiter sur l'internet tout entier.
L'exemple de Google+
Mais comme le montre très bien Google+, le réseau social de GoogleGoogle, le but n'est pas innocent. Construire de meilleurs profils des utilisateurs, déportables partout sur le Web, a d'abord pour but de bâtir un meilleur environnement publicitaire, c'est-à-dire une publicité qui rapporte. Les réseaux sociauxréseaux sociaux sont avant tout une stratégie d'affaire appelée à devenir le coeur des services web de demain. Google+, par exemple, a pour but de renforcer le ciblage marketing, comme l'explique très bien Publicis. Avec comme risque de nous faire arriver à la personnalisation totale où tout ce à quoi on accède le sera par le prisme de notre profil et de son réseau de relation.