Avoir un collateral, c’est avoir une contrepartie qui sécurise une monnaie ou une opération financière. Si le concept a d’abord pris de l’importance avec les stablecoins, il s’immisce aujourd’hui dans les prêts de la DeFi.
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C'est en janvier 2012 que J.R. Willet a publié un livre blanc dans lequel il émettait l'idée d'une cryptomonnaie qui exploiterait les avantages de cette technologie (notamment la sécurité apportée par la blockchain), tout en bénéficiant d'un algorithme qui lui apporterait de la stabilité. Toutefois, il a fallu attendre 2014 pour que le concept prenne forme, sous la direction de Brock Pierce et Craig Sellars qui ont fondé la société Tether. Les premiers tokens - originellement baptisés RealCoin - ont vu le jour le 6 octobre 2014. L'idée maîtresse : chaque Tether est adossé à une devise d'origine comme le dollar avec un cours garanti comme égal à celle-ci et donc échangeable contre cette devise. On parle de stablecoin (ou stable coinstable coin). Le RealCoin va par la suite être rebaptisé USDT.
Le « collateral » est une réserve adossée au stablecoin
Comment la société Tether, qui est basée à Hong Kong avec des bureaux en Suisse, peut-elle ainsi garantir que 1 USDT est égal à 1 dollar, et le sera toujours ? Parce qu'elle affirme détenir en réserve une somme en dollars équivalente au nombre d'USDT en circulation. C'est cette réserve que l'on appelle le collateral (terme anglais), ou collatéral en français.
Ainsi en août 2021, il y a 69,3 milliards de tokens USDT en circulation. Donc, en théorie, Tether a en réserve un collatéral équivalent de dollars. La réalité est moins claire et, à plusieurs reprises, de hautes institutions américaines ont sommé Tether d'apporter la preuve qu'elle détenait bel et bien de telles réserves. En octobre 2021, Tether s'est vu infliger une amende de 42 millions de dollars par le régulateur américain des marchés dérivés sur l'accusation de n'avoir pas réellement tenu des réserves adéquates entre 2016 et 2018.
Il reste que nous avons ici la base du collatéral. Ainsi, en juin 2021, il y avait 21,1 milliards d'USDC (le stablecoin de Coinbase) en circulation. Donc, en contrepartie, Coinbase était censé disposer d'un collatéral d'au moins 21,1 milliards de dollars.
En Chine, le gouvernement s'apprête à officialiser un stablecoin officiel. L'Europe travaille à son tour sur un euro numérique. Dans de tels cas de figure, ces cryptomonnaies auront un collatéral prévisible : la réserve monétaire du continent.
« Surcollateral » : MakerDAO et son DAI
À partir de 2017, MakerDAO a proposé la première applicationapplication de la DeFi (finance décentraliséefinance décentralisée), soit un stablecoin appelé le DAI et là encore en parité avec le dollar.
Le principe d'une application de la DeFi est qu'elle fonctionne sur la base d'un smart contract, sans qu'une entreprise se trouve à l'autre bout - elle est en quelque sorte gérée par la communauté de ses utilisateurs.
Comment MakerDAO peut-elle garantir que son token DAI est bien égal à 1 dollar ? Elle a posé le principe d'un surcollateral, soit une réserve supérieure à ce qui serait nécessaire. De fait, le smart contract du DAI indique que pour chaque DAI en circulation, une réserve égale à 1,5 fois son montant doit exister sous forme de diverses cryptomonnaies, notamment l'ETH (EthereumEthereum). Ainsi, fin octobre 2021, il existe environ 6,5 milliards de DAI en circulation et il y a donc en réserve un montant équivalent à 6,5 x 1,5 - soit 9,75 milliards de dollars en ETH et autres monnaies. Ainsi, si la totalité des usagers du DAI souhaitaient les vendre, MakerDAO serait en mesure d'assurer la conversion en un montant supérieur à cette valeur en dollars.
Le « surcollateral » des prêts de la DeFi
On retrouve ce principe du surcollateral dans certaines applications de la DeFi. Il faut savoir que dans certaines contrées comme l'Argentine, il n'est pas facile d'obtenir des dollars alors que ceux-ci peuvent être utiles pour des achats importants de la vie courante. Or, en raison du collateral, les stablecoins peuvent pour leur part être aisément échangés contre de réels dollars. Une série d'applications de prêts est ainsi apparue dans la DeFi, par exemple AAVE qui permet d'emprunter des stablecoins mais demande en garantie un surcollateral dans une cryptomonnaie donnée. Par exemple :
- si on bloque des BTC, on peut emprunter 70 % du montant bloqué en stablecoin ;
- Si on bloque des ETH, on peut emprunter 80 % de ce qui est ainsi immobilisé.
Dans ces exemples, BTC (bitcoinbitcoin) et ETH (Ethereum) servent de surcollateral.