Il est possible d'identifier des conducteurs à partir des données récoltées dans les boîtiers électroniques d’une automobile, comme la position du volant, la sollicitation de l’accélérateur et de la pédale de frein. C'est ce que démontrent des chercheurs dont l'objectif est d’attirer l’attention sur l'énorme quantité de données personnelles engrangées dans une voiture moderne et qui devraient être aussi bien protégées que celles d'un ordinateur ou un smartphone.

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    Les voitures modernes sont devenues de véritables ordinateurs qui enregistrent tout. Vraiment tout. À tel point qu'en recoupant les informations que contiennent les boîtiers électroniques, les ECU (Electronic Control Unit, en anglais), on peut identifier avec certitude une personne à la façon dont elle conduit. Oui, notre manière d'accélérer, de freiner, de manier le volant et le clignotant nous est autant personnelle que nos empreintes digitalesempreintes digitales.

    C'est ce que vient de démontrer une équipe de chercheurs des universités de Washington et de Californie à San Diego (États-Unis). En branchant un ordinateur portable sur la prise de diagnosticdiagnostic ou prise OBD (On-Board Diagnostics) d'une voiturevoiture de 2009, ils ont récolté les données provenant des boîtiers électroniques et des capteurscapteurs. Ces informations leur ont servi à entraîner un algorithme d'apprentissage, lequel a ensuite pu identifier les 15 conducteurs ayant participé à l'expérience. Les résultats de cette étude seront présentés lors du Privacy Enhancing Technology Symposium qui se tiendra en juillet à Darmstadt (Allemagne).

    Chaque volontaire devait conduire au même moment de la journée, emprunter le même parcours et écouter la même musique, de façon à isoler le plus possible le stylestyle de conduite. L'ordinateur enregistrait les 16 informations les plus fréquemment disponibles via une prise de diagnostic, notamment la position du volant, la vitessevitesse, la position de la pédale de frein et de l'accélérateur et l'usage des clignotants. 90 % des données collectées ont été employées pour que l'algorithme apprenne le style de conduite des 15 chauffeurs. Puis, les 10 % de données restantes ont servi au logiciel à reconnaître chaque individu.

    Pour réaliser leur étude, les chercheurs ont demandé à 15 personnes de conduire une voiture sur un trajet urbain (à gauche) et d’effectuer des manœuvres spécifiques sur un parking (à droite). © <em>University of Washington</em>, <em>University of California at San Diego</em>

    Pour réaliser leur étude, les chercheurs ont demandé à 15 personnes de conduire une voiture sur un trajet urbain (à gauche) et d’effectuer des manœuvres spécifiques sur un parking (à droite). © University of Washington, University of California at San Diego

    15 minutes de conduite suffisent à identifier un conducteur

    Résultat, avec un volumevolume d'informations équivalent à 15 minutes de conduite, l'algorithme est parvenu à identifier les 15 personnes avec 100 % de réussite. Et en ne retenant que les données liées à la manière de freiner, le taux de réussite était tout de même de 87 %.

    Un tel outil d'identification pourrait par exemple être utilisé par la police ou des compagnies d'assurance afin de confirmer l'identité d'un conducteur en cas d'accidentaccident ou d'infraction. Encore mieux, la voiture elle-même pourrait analyser la conduite et savoir si elle est entre les mains d'un voleur ou de votre adolescent un peu trop précoce ! Vu sous cet angle, l'identification des conducteurs à partir des données de leur voiture présente une utilité évidente.

    Cependant, « les conducteurs devraient faire preuve de prudence quant au partage des informations de leur véhicule sans garanties substantielles des services qu'ils utilisent », avertissent les chercheurs dans leur publication scientifique. En effet, leur étude a pour vocation principale de sensibiliser l'opinion sur la quantité de données personnelles qu'une voiture peut contenir et qui sont aujourd'hui accessibles et partagées sans véritables garde-fousgarde-fous.

    Les auteurs militent pour un encadrement plus strict des instruments de dépannage qui ont aujourd'hui accès à l'ensemble des informations que contiennent les boîtiers électroniques de la voiture via la prise de diagnostic. Ils permettent de se connecter à sa voiture via son smartphone ou son PC portable en Wi-Fi, Bluetooth ou USBUSB pour surveiller sa consommation de carburant, connaître la puissance moteur, le couple, l'accélération, voire lire et effacer les codes d'erreur émis par les ECU.

    Les chercheurs proposent de s'inspirer du modèle des applicationsapplications pour les smartphones qui, lors de l'installation, demandent à l'utilisateur une permission d'accès aux différentes fonctionnalités et données dont elles ont besoin. Par exemple, un boîtier destiné à suivre la consommation de carburant ne devrait pas pouvoir accéder aux informations relatives au freinage ou à la direction. Il ne nous viendrait pas à l'idée de donner les clés de notre voiture à n'importe qui. Il doit en être de même avec les données qu'elle contient...