Quelques semaines après la présentation d’un prototype roulant du bus enjambeur censé solutionner les problèmes d’embouteillages en Chine, on apprend que le projet serait une coquille vide destinée à lever des fonds auprès d’investisseurs crédules. Pourtant, l’ingénieur à l’origine du concept assure qu’il poursuit l’aventure.

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    Il y a quelques mois de cela, Futura-Sciences vous faisait découvrir le straddling bus, un concept de bus électrique géant imaginé par la société chinoise TransitTransit Explore Bus (TEB). Cet été, un prototype fonctionnel, que l'on peut voir dans la vidéo ci-dessous, avait été dévoilé dans la ville côtière de Qinhuangdao située à environ 300 kilomètres de Pékin. De quoi faire taire les sceptiques qui doutaient de la faisabilité d'un tel engin imaginé il y a plus de 45 ans par deux architectesarchitectes, Craig Hodgetts et Lester Walker, qui voulaient repenser la ville de New York (États-Unis).

    Pour mémoire, le straddling bus, que l'on peut traduire par « bus chevauchant », est un bus électrique dont la largeur de 7,8 mètres occuperait l'équivalent de deux voies de circulation. L'engin est perché à 2,2 mètres et il roule sur des rails intégrés de part et d'autre de la chaussée. Des dimensions suffisantes pour que des voitures circulant sur deux voies parallèles puissent passer sous le bus, comme si elles traversaient un tunnel.

    Grâce à cette configuration si particulière, un tel bus pourrait embarquer jusqu'à 1.400 passagers et rouler à une vitessevitesse maximale de 60 km/h. Selon Song Youzhou, l'ingénieur qui a imaginé ce bus du futur, son coût n'excèderait pas 15 % de celui d'un métro.


    Début août, un prototype du fameux straddling bus ou « bus-enjambeur » a finalement vu le jour. Mais en Chine, une partie de la presse a rapidement émis de sérieux doutes sur la faisabilité du projet, avant que l’on ne finisse par apprendre qu’il s’agissait d’un coup de communication destiné à lever des fonds. © CCTV News

    Le bus anti-embouteillages finira peut-être au musée

    Mais alors que l'on croyait le projet en bonne voie, voilà que l'on apprend qu'il s'agit en fait d'une banale arnaque. En effet, suite à la présentation du prototype, des journaux chinois avaient fait part de leurs doutes sur la viabilité technique du straddling bus : trop haut pour passer sous les ponts, trop bas pour pouvoir laisser passer certains véhicules type utilitaires, pas adapté pour la circulation urbaine, etc.

    Le quotidien The Economist nous apprend qu'il ne s'agissait ni plus ni moins que d'une opération publicitaire destinée à lever des fonds via les plateformes de prêts en ligne qui sont très populaires en Chine. Des investisseurs privés, souvent des particuliers, peuvent ainsi confier leur pécule pour soutenir des projets, avec à la clé la promesse d'une rentabilité de plus de 10 % (12 % dans le cas du projet du TEB).

    Grâce à ce dispositif, Bai Zhiming, l'homme d'affaires qui se cache derrière le lancement du straddling bus, a réussi à récolter 26 millions de dollars auprès de 200 investisseurs. Ces derniers réclament désormais la restitution de leur argentargent.

    Et pourtant, selon le site China.org, le projet ne serait pas abandonné. La société Transit Elevated Bus Technology aurait même signé un accord avec la ville de Qinghuangdao afin de créer une ligne de 120 kilomètres pour faire rouler son drôle d'engin. Visiblement imperturbable face à la polémique, Song Youzhou aurait même imaginé que si d'aventure son bus ne voyait pas le jour, un musée pourrait lui être consacré pour honorer le souvenir de ce « prototype ambitieux ». Cela fait tout de même cher le prototype...