Pour quand le premier échange de cerveau à cerveau par Internet ? C'est déjà fait... Cette première vient d'être réussie par une équipe de l'Université de Southampton. Le résultat reste modeste mais laisse augurer des applications, notamment en médecine.

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L'univers cyber-punk de Ghost in the shell établi par Mamoru Oshii nous expose un monde où les humains communiquent à l'aide d'un implant neuronal. L'idée reprend le mythe de la télépathie, largement exploité en science-fiction depuis les années 1950 par d'illustres auteurs, comme Isaac Asimov ou Philipp K. Dick avec sa nouvelle d'anticipation Rapport minoritaire. Au lieu d'exploiter la télépathie qui n'a aucune valeur scientifique, Oshii a mis en avant une technologie bien réelle, l'interface cerveau-machine plus connue sous le nom de BCI (brain-computer interface). Les premières études sur le sujet furent menées dès 1970 par l'Ucla (University of California Los Angeles).

A ses débuts, le dispositif fait principalement usage de la neurochirurgie pour implanter les électrodes chargées de mesurer l'activité neuronale du sujet. Après différents éssais sur nos proches cousins, des perspectives spectaculaires font leur apparition pour l'homme. Dès 1978 des recherches sont menées sur des aveugles. Elles aboutissent en 2002 à une première génération d'implants visuels. Les déficiences physiques ont aussi fait l'objet de recherches. En 2005 un tétraplégique parvient à contrôler une main artificielle. Le recours obligatoire à une opération lourde reste cependant un obstacle pour l'expérimentation humaine.

Cependant l'électroencéphalographie n'est pas en reste et permet une capture de l'activité neuronale à l'aide d'un dispositif plus léger. Des électrodes sont mises en contact avec le cuir chevelu de la personne, contact facilité par l'utilisation d'une solution conductrice. C'est avec ce système, éprouvé depuis 1950, que l'équipe du Southampton BCI research programtente d'établir la première connexion cérébrale entre deux sujets par internet.


L'expérience en images (enanglais). © 2005-2009 Christopher J. James

Un échange binaire

1011 : c'est l'information que les expérimentateurs devaient transmettre. Pour ce faire les chercheurs anglais relient les deux cobayes à leurs ordinateurs respectifs pour l'acquisition de leur électroencéphalogramme. L'envoi du message commence par l'observation de l'activité du cortex moteur. L'homme s'imagine bouger son bras gauche pour envoyer 0 et son bras droit pour 1. C'est la succession de 0 et de 1 qui est envoyée sur le réseau. Du côté du receveur, les nombres transmis sont retranscrits par des successions de flashes. Le receveur les regarde... mais ne connaît pas ce code lumineux.

Il observe passivement cette lumière et c'est son cortex visuel qui est analysé. L'ordinateur, lui, distingue la réponse du cerveau selon que le signal lumineux vu par le receveur est un 0 ou un 1. Il affiche alors le résultat sous forme de nombres binaires.

On ne peut donc pas parler de transmission de pensée mais l'expérience établit bien une forme de transmission d'information entre deux cerveaux.

A terme, ce principe pourrait être exploité pour faire face à certains handicaps. On peut penser par exemple au terrible syndrome d'enfermement. Des applications sont aussi envisagées dans le cadre des jeux vidéo et plus largement de la réalité virtuelle.