Après le drame d'Uvalde au Texas, Axon, le fabricant du Taser, a dévoilé un projet de drone capable de paralyser un assaillant dans un lieu fermé. En interne, le projet a provoqué un tollé général, et face à la démission de son comité d'éthique, le patron a dû faire marche arrière.
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Il est rare qu'une marque ou un objet devienne un nom commun, et c'est le cas de Taser dont le pistolet à impulsion électrique est devenu la référence du genre pour interpeller et neutraliser des individus dangereux. Il est ainsi utilisé et en vente libre dans 49 États des États-Unis.
Mais la marque américaine, connue sous le nom d'Axon, a d'autres projets en tête, et la récente tuerie dans une école d'Uvalde a permis de sortir des cartons un prototype de drone à impulsion électrique. Conçu pour l'instant sur ordinateur, ce drone de défense pourrait « aider à prévenir le prochain Uvalde, Sandy Hook ou Columbine » avait déclaré le P.-D.G. de la marque.
Objectif : une minute pour neutraliser un assaillant
Ce drone télécommandé serait « capable de neutraliser un tireur actif en moins de 60 secondes ». Un argument de poids quand on sait que le tueur d'Uvalde a pu rester pendant une heure dans l'école... et Axon serait ainsi en contact avec la police depuis six ans. L'idée serait d'équiper chaque établissement d'un ou plusieurs drones, postés dans des couloirs, et qu'une personne de l'établissement pourrait prendre en main en cas de problème grave, comme l'intrusion d'un individu armé.
Toutefois, ce projet n'a pas passé l'obstacle du comité d'éthique de l'entreprise puisque neuf des douze membres de cette commission ont démissionné en prenant connaissance du projet ! Ils craignent que ce drone, mis entre les mains de policierspoliciers, ne devienne une arme dangereuse de plus. Selon l'un des membres démissionnaires, ce serait « tout simplement dangereux et irresponsable », tandis que le comité estime de manière générale que ce projet « détourne la société des véritables solutions à un problème tragique ».
Rétropédalage
Confronté à ces démissions, le fondateur et P.-D.G. de la société, Rick Smith, a dû faire marche arrière : « Je veux être explicite : j'ai annoncé une date de livraison potentielle dans quelques années comme une expression de ce qui pourrait être possible. Il ne s'agit pas d'un calendrier de lancement réel, d'autant plus que nous suspendons ce programme. Un drone Taser non létallétal télécommandé dans les écoles est une idée, pas un produit, et c'est encore loin. Nous avons beaucoup de travail et d'études pour voir si cette technologie est même viable et pour comprendre si les préoccupations du public peuvent être traitées de manière adéquate avant d'aller de l'avant. »
Lors de l'annonce initiale de son projet, Smith avait orienté les membres de la commission vers une bande dessinée qu'il avait co-écrite, intitulée The End of Killing. Dans cette BD, il « décrivait en détail comment un tel système pourrait fonctionner » à travers une opération antiterroriste imaginaire en Syrie. Les assaillants étaient ainsi neutralisés avec des robots Taser pilotés notamment par Intelligence artificielle. Pour l'instant, la réalité ne rejoindra pas la fiction.