Le prix exorbitant de la nouvelle Playstation reflète la flambée des prix généralisée des appareils high-tech, alimentés par les composants rares et l'intelligence artificielle, auxquels s'ajoute une durée de vie accrue. Hyperconnectivité, investissements des constructeurs, tout a un prix ! Qui ne semble pas freiner les ventes…


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    Mise en vente jeudi, la Playstation 5 Pro a déjà fait tiquer des consommateurs : vendue 800 euros en Europe, elle reflète une hausse des prix généralisée dans la tech, pourtant loin de freiner les ventes. À quelques jours de la sortie de cette version haut de gamme de la console de Sony, certains joueurs croisés dans les rues de Tokyo sont sceptiques.

    « Je ne pense pas que je vais l'acheter. Je n'ai pas envie de dépenser des sommes comme ça pour acheter une console. Je ne peux pas dire que ça m'attire », commente Hideki Hasegawa, auto-entrepreneur de 45 ans, en se remémorant une époque où ses consoles « ne devaient pas coûter plus de 30 000 yens [environ 180 euros actuels, NDLRNDLR] ».

    L'augmentation de 250 euros - par rapport au modèle classique - de cette déclinaisondéclinaison améliorée de la Playstation 5 est qualifiée de « défi d'un point de vue marketing », dans une note de Junya Ayada, analyste au sein de la banque J.P. Morgan. « C'est la console la plus puissante que nous ayons jamais construite », a mis en avant Mark Cerny, l'architectearchitecte principal des consoles du groupe japonais depuis la Playstation 4, lors d'une présentation en ligne.

     La Playstation 5 Pro sera vendue 800 euros en Europe à partir de jeudi. © Richard A. Brooks, AFP
     La Playstation 5 Pro sera vendue 800 euros en Europe à partir de jeudi. © Richard A. Brooks, AFP

    Une hausse des prix généralisée

    Mais ce bond du prix n'est pas un cas isolé. « C'est une tendance générale, qui concerne tous les appareils électroniques, qu'il s'agisse des téléphones, des jeux vidéo, des casques de réalité virtuelle ou des montres connectées », détaille Jack Leathem, analyste chez Canalys, cabinet de recherche spécialisé dans les marchés technologiques.

    Si le prix de l'iPhone 16 est par exemple demeuré inchangé cette année par rapport au modèle précédent - et inférieur à celui de l'iPhone 14 -, il est largement supérieur aux prix de lancement pratiqués il y a cinq ans. La tendance est similaire chez ses concurrents comme Samsung, avec le Galaxy Z Fold 6, téléphone pliable haut de gamme. « Il s'agit de nouveaux entrants sur le marché qui apportent de nouvelles technologies, ce qui signifie généralement un prix plus élevé », fait valoir auprès de l'AFP Brian Comiskey, spécialiste des évolutions technologiques pour la Consumer Technology Association.

    Le prix des métaux rares et de l'IA

    Cette augmentation est également liée au prix des composants, selon Jack Leathem. Les prix de certaines matièresmatières premières, notamment ceux de l'indiumindium et de l'yttriumyttrium, deux métaux rares, ont en effet connu de fortes hausses.

    Mais l'adoption à grande vitessevitesse de l'intelligence artificielle générative par de nombreuses marques a aussi nécessité des investissements importants. « Les entreprises doivent faire du profit, elles doivent en quelque sorte contrebalancer les sommes qu'elles investissent dans l'IAIA et les nouvelles technologies en augmentant également le prix de l'appareil », ajoute l'analyste.

    Les prix ne semblent pourtant pas constituer un frein majeur à l'achat. Selon les estimations du cabinet Canalys, il s'est vendu près de 310 millions de smartphones sur les 9 premiers mois de 2024, une hausse de 5 % par rapport à l'année précédente. Pour Josh Lewitz, analyste au sein du cabinet américain Consumers IntelligenceIntelligence Research Partners, « il y a vraiment eu un rehaussement du prix qu'il est envisageable de payer pour un téléphone ».

    La durabilité des appareils est allongée

    Mais cette évolution va de pair avec un allongement généralisé de la durée de vie des appareils, pointe Michael R. Levin, analyste au sein du même cabinet : de deux ans, voire moins, elle a désormais tendance à s'étendre à trois ans. 

    Quant au marché américain, les facilités de paiement généralisées ont aussi suivi le mouvementmouvement. De plus en plus d'opérateurs proposent ainsi d'étaler le paiement sur 3 ans, au lieu de 2 auparavant. « Cela a rendu la différence de prix relative moins importante », souligne Michael R. Levin.