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Les Maker Faire, ces rassemblements qui comptent de plus en plus d'adeptes pour promouvoir l'open hardware, sont en plein essor avec l'arrivée des imprimantes 3D et leur potentiel extraordinaire. La philosophie de l'open hardware consiste à permettre à tout un chacun de se réapproprier gratuitement des technologies, et même de les améliorer. Pour cela, l'outil qu'affectionnent particulièrement ses partisans est l'imprimante 3D. Avec elle, les exemples de réalisations spectaculaires ne manquent pas depuis quelques années.
Ainsi, pour n'en citer que quelques-uns, dans le domaine médical, un implant imprimé en 3D a permis de remplacer 75 % du crânecrâne d'un patient malade aux États-Unis. Dans le film Skyfall, le dernier James Bond, pour un bon réalismeréalisme mais un budget plus serré, c'est une réplique imprimée en 3D de l'Aston Martin DB5 qui a été détruite. Enfin, même l'Esa compte utiliser des imprimantes 3D pour construire des abris lunaires. Toutefois, plus près de nous et du quotidien, elles peuvent créer des pièces identiques aux originales pour réparer diverses machines, plutôt que de les remplacer par des neuves.
L’arme en plastique est une réplique fonctionnelle de l'AR-15, autrement dit la version civile d’une arme automatique de guerre de calibre 5,56 mm. Elle a été réalisée à partir d’une imprimante 3D et ne compte qu’une seule pièce métallique : le percuteur. © Defense Distributed, Wiki Weapon Project, DXL Liberty, YouTube
Wiki Weapon Project, l’open hardware au service des armes
D'emblée, l'open hardware semble promu par des personnes plutôt pacifiques et affables. Mais voilà, comme il n'a pour limites que l'éthique de chaque contributeur, la boîte de Pandore peut rapidement se retrouver grande ouverte. Car, s'il est possible de fabriquer tout ce que l'on peut imaginer avec les imprimantes 3D, pourquoi en serait-il autrement pour les armes ?
Pour défendre cette cause, Cody Wilson, un jeune Américain, a fondé une association baptisée Defense Distributed, dont le but est de promouvoir l'open hardware pour la fabrication d'armes à feufeu. Il a regroupé ces travaux sous la dénomination Wiki Weapon Project.
Actuellement, la grande majorité des modèles et fichiers d'objets 3D prêts à imprimer sont rassemblés sur le site communautaire Thingiverse, édité par le constructeur d'imprimantes 3D MakerBot. Or, ce dernier a refusé de mettre à disposition les fichiers permettant de fabriquer une arme à feu. C'est donc via un autre site collaboratif, appelé Defcad et géré par Defense Distributed, que les amateurs potentiels peuvent partager des plans d'armes et des fichiers SolidWorks généralement employés pour réaliser des objets en relief. À partir de ces documents, les internautes pourront créer toutes les pièces d'une arme grâce à une imprimante 3D et les assembler.
Une vraie arme de guerre… à fabriquer soi-même
Ces armes en plastiqueplastique ne sont absolument pas des jouets ni des répliques inoffensives, mais bien de véritables fusils d'assaut dotés de chargeurs avec de vraies balles. Dans une vidéo postée sur le compte YouTubeYouTube de son association, Cody Wilson en fait même la démonstration. Il a édité une réplique d'AR-15 (Armalite-15), un modèle civil du fusil d'assaut M16M16 employé par l'armée américaine depuis la guerre du Vietnam. L'arme n'est pas au point : la crosse s'est brisée après seulement six coups de feu. Elle était toutefois fonctionnelle et une seule de ses balles suffit à donner la mort... Lors d'une démonstration précédente, un autre Américain, se cachant derrière le pseudonyme de HaveBlue, était parvenu à tirer 200 cartouches de calibre 5,5 mm avec une arme de poing imprimée en 3D.
L'AR-15 de Cody Wilson est, quant à elle, simplement conçue à partir de 12 pièces et d'un seul élément métallique : le percuteur. Pour sa fabrication, l'imprimante 3D utilise un filament en thermoplastiquethermoplastique ABS (pour acrylonitrile, butadiène et styrène). Il s'agit du même type de matériaumatériau employé pour la constructionconstruction de certains éléments de carrosserie de voituresvoitures actuelles. Un plastique robuste donc, mais susceptible de fondre si les tirs sont répétitifs.
Jusqu'à maintenant, les éléments d'arme disponibles sur le site ne suffisaient pas encore à imprimer une arme entière en 3D. Mais aujourd'hui, Cody Wilson vient tout juste d'expliquer que l'ensemble des fichiers permettant d'assembler ce fusil d'assaut sera mis à disposition du public d'ici moins de deux semaines.
Des armes indétectables par les systèmes de sécurité
Il semble difficile pour le moment d'interdire à Defense Distributed d'aller plus loin, puisque les autorités américaines ont accordé à Cody Wilson une licence officielle de distributeur d'armes à feu en janvier dernier. De plus, aux États-Unis, leur fabrication pour un usage personnel est autorisée.
Malheureusement, les câbles Internet ne s'arrêtent pas aux frontières américaines, et le contenu mortifère de Defense Distributed pourrait être téléchargé et imprimé par n'importe qui sur la planète. Reste à savoir si ce « n'importe qui » ne fera pas « n'importe quoi » avec cette arme, aussi fragile soit-elle. Enfin, dernier souci, et non des moindres : créer une arme dont l'essentiel des pièces est en plastique permet, lorsqu'elle est démontée, de la rendre indétectable par les systèmes de contrôle et les portiquesportiques des aéroports.