Fondée en 2018, l’entreprise NaoX Technologies a conçu un électroencéphalographe miniaturisé dans une paire d’écouteurs afin de rendre cet examen complexe accessible au plus grand nombre. Une innovation prometteuse qui va permettre d’améliorer le suivi et le diagnostic des troubles neurologiques, en particulier l’épilepsie.
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En France, 600.000 personnes souffrent d'épilepsieépilepsie, dont près de la moitié sont âgées de moins de 20 ans. À l'échelle internationale, on dénombre 60 millions de malades (source Inserm). Si on élargit le prisme, on estime à un milliard le nombre de personnes atteintes de troubles neurologiques (source Fédération pour la recherche sur le cerveau) à travers le monde. Pour tous ces malades, l'électroencéphalogramme (ou EEG) est l'examen de base indispensable au suivi des pathologiespathologies. Or, « la technologie de l'électroencéphalogrammeélectroencéphalogramme avait peu évolué depuis un siècle », estime Hugo Dinh, cofondateur de NaoX Technologies.
Diplômé de l'École polytechnique et de l'université de Berkeley, ce jeune entrepreneur s'est lancé en 2018 dans une aventure des plus ambitieuses : concevoir un électroencéphalographeélectroencéphalographe miniaturisé et suffisamment simple pour pouvoir être utilisé au quotidien par les patients. Aiguillé par le succès des écouteurs sans fil, il a pressenti le potentiel de cette technologie pour révolutionner l'EEG.
Une miniaturisation et des algorithmes brevetés
Associé à Michel Le Van QuyenMichel Le Van Quyen, directeur de recherche à l'Inserm spécialisé dans l'analyse prédictive des signaux EEG, Hugo Dinh a entrepris d'intégrer la technologie de l'électroencéphalogramme dans une paire d'écouteurs et de développer des algorithmes d'analyse qui aident les médecins à interpréter les données. « Notre solution va permettre de récolter de la donnée en conditions de vie réelle, dissocier ce qui relève de l'activité « normale » du patient de ce qui relève de l'anomalieanomalie liée à une maladie », précise Hugo Dinh.
« Les mesures d'activité cérébrale, et en particulier l'EEG, sont réalisées dans des conditions de laboratoire, à l'hôpital ou en clinique », nous explique-t-il. « Le problème avec cette approche, c'est qu'elle ne livre que des photos, des instantanés, de l'état cérébral d'un patient. Or, le cerveaucerveau est un organe en constante évolution. Il est donc compliqué de déterminer des anomalies à partir de photos. »
Notre interlocuteur souligne que les médecins et les neuroscientifiques ont conscience de cette lacune depuis longtemps. « Si on prend le cas de l'épilepsie, les symptômessymptômes se manifestent de manière épisodique, souvent très rarement. Du coup, la probabilité qu'une crise survienne au moment où la personne est à l'hôpital pour réaliser un EEG est très faible. Il est donc très important de pouvoir suivre le patient dans un contexte quotidien afin de détecter les anomalies. C'est cette limite qui fait qu'actuellement, il y a très peu de biomarqueurs connus dans les maladies neurologiquesmaladies neurologiques », poursuit-il.
Aussi précis qu’un EEG standard
NaoX (mot qui signifie « cerveau » en vietnamien, en référence aux origines des deux cofondateurs) a breveté sa technologie de capteurscapteurs EEG miniaturisés qui enregistrent en continu l'activité électrique du cerveau. « Le signal EEG a une différence de potentiel qui est de l'ordre d'une dizaine de microvolts. Les écouteurs sont une solution technique très intéressante car le conduit auditif fait office de « pince » qui garde les électrodesélectrodes bien en place. On a un signal stable et propre. »
Les embouts en siliconesilicone des écouteurs NaoX sont recouverts d'une substance conductrice qui assure une captation efficace du signal. La très faible amplitude du signal EEG induit un pourcentage élevé d'artefacts qui détruisent le signal. Il peut s'agir de parasitesparasites tels qu'un mouvementmouvement de tête ou de la mâchoire. Selon Hugo Dinh, le pourcentage de signal « propre » capté par son dispositif d'environ 20 % est équivalent à celui des électroencéphalographes utilisés en milieu hospitalier. Il pense que l'amélioration progressive de ses algorithmes de traitement contribuera à augmenter ce pourcentage.
Concrètement, l'usage des écouteurs EEG de NaoX se veut très facile. Selon sa pathologie et le protocole de suivi élaboré par son médecin, la personne porteporte les capteurs tout en vaquant à ses occupations. Elle peut écouter de la musique, regarder un film ou même jouer à un jeu vidéo. Les informations sont transmises à l'applicationapplication mobilemobile sur son smartphone puis traitées par les algorithmes d'analyse des signaux EEG exécutés sur les serveurs NaoX. Les algorithmes ont été entraînés à partir de données passées de patients épileptiques, nous a précisé Hugo Dinh. Le résultat de l'examen est ensuite communiqué au praticien via une connexion sécurisée ou lors d'un rendez-vous en présentiel.
Une prise en charge par la Sécurité sociale et les mutuelles
Actuellement, NaoX est dans la phase de certification de ses écouteurs EEG qui ont déjà été testés par le Laboratoire d'Imagerie Biomédicale de l'Inserm. La Fondation Française pour la Recherche sur l'Epilepsie est également partie prenante et une étude cliniqueétude clinique auprès de 50 patients est prévue d'ici la fin de l'année. La jeune pousse espère pouvoir commercialiser ses « N » Buds fin 2023 et vise une prise en charge à l'acte par la Sécurité sociale et les complémentaires santé. La fabrication des écouteurs ainsi que la localisation des serveurs qui hébergent les données se feront en France. Le dirigeant de NaoX n'avance pas encore de prix de vente mais il évoque un tarif dans la fourchette d'écouteurs sans fil haut de gamme type AirPods Pro aux alentours des 250 euros. Par ailleurs, l'entreprise vient de lever 4,3 millions d'euros auprès d'un parterre d'investisseurs : Kurma Partners, le Fonds Patient Autonome de Bpifrance, BNP Paribas Développement et Majycc e-Santée-Santé.
Dans un premier temps, NaoX vise les personnes atteintes d'épilepsie. Mais à plus longue échéance, Hugo Dinh nous a révélé qu'il mise sur une diffusiondiffusion potentiellement très large de ses écouteurs EEG. « Grâce aux données récoltées, nous pourrons alors savoir ce qu'est une personne saine et ainsi perfectionner nos algorithmes pour les rendre plus puissants dans la détection des maladies et même de leur préventionprévention. » Et pourquoi pas imaginer que ces écouteurs NaoX puissent devenir un outil pour accompagner les sportifs dans leurs entraînements et phases de récupération, voire à aider tout un chacun à mieux gérer son stressstress ? À suivre...