Dans un podcast du média The Verge, le patron d’Arm s’est exprimé sur les principaux sujets qui touchent à son entreprise : le remerciement du patron d’Intel, la menace de tarifs douaniers par Donald Trump et l’intelligence artificielle.
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René Haas, P.-D.G. d'Arm, était l'invité du podcast Decoder de The Verge. Son entreprise est responsable de l'architecture Armarchitecture Arm, utilisée dans un grand nombre de processeurs, notamment pour la quasi-totalité des smartphones, tablettes et les Mac récents. L'homme s'est prononcé sur les déboires d'IntelIntel, la course aux puces pour l'intelligence artificielle, et les conséquences des tarifs douaniers que Donald Trump compte imposer contre la Chine.
La plupart des constructeurs de processeurs sont aujourd'hui « fabless », autrement dit n'ont pas leurs propres usines, mais font appel à des sous-traitants. En 2021, le P.-D.G. d'Intel Pat Gelsinger tente de redresser l'entreprise et adopte une stratégie d'intégration verticale, en investissant dans de nouvelles usines.
Toutefois, le conseil d'administration, ne voyant pas les résultats arriver, a décidé début décembre de le mettre à la retraite. Pour René Haas, il s'agit d'une erreur. Selon lui, la stratégie engagée il y a trois ans ne portera ses fruits qu'au bout de 5 à 10 ans. Son remplaçant devra décider de poursuivre ou d'abandonner cette stratégie. Si René Haas reconnaît que l'intégration verticale peut être un avantage considérable, il souligne que le coût pourrait être trop important. Il indique aussi qu'Arm travaille en étroite relation avec Intel, mais n'a pas souhaité commenter sur les rumeurs d'un éventuel rachat de sa division Produits.
Du monde de la tech dans l’administration Trump « est vraiment une bonne chose »
René Haas voit la nomination de David Sacks au poste de « tsar de l'IA » par Donald Trump plutôt d'un bon œilœil. Le milliardaire, originaire d'Afrique du Sud, est un proche d'Elon MuskElon Musk et de Peter Thiel. Le P.-D.G. d'Arm est soulagé de voir le monde de la tech représenté dans la nouvelle administration, à l'inverse de la première présidence Trump. « Avoir un siège à la table et avoir accès à la politique est vraiment une bonne chose », affirme-t-il. Et il n'est pas réellement inquiet des tarifs annoncés par le nouveau président américain sur les importations depuis la Chine. Pour lui, il s'agit d'une simple menace pour ouvrir les négociations, il ne croit pas que Trump mettra véritablement sa menace à exécution.
Il soutient également le CHIPS Act, mis en place par l'administration Biden pour répondre aux pénuries de semi-conducteurssemi-conducteurs en finançant la constructionconstruction d'usines aux États-Unis. Et s'il y a des doutes sur leur capacité à trouver suffisamment de personnes qualifiées pour les différents emplois hautement spécialisés, le P.-D.G. d'Arm pense que les investissements dans les programmes universitaires et dans la recherche sur les semi-conducteurs devraient largement aider à compenser.
De l’intelligence artificielle générale dans deux ou trois ans
Concernant les puces pour l'intelligence artificielle, René Haas indique que l'IA devra être intégrée à tous les niveaux, même sur les appareils les plus petits et les plus simples. Il n'y aura pas forcément besoin de faire tourner un ChatGPTChatGPT complet, mais la quasi-totalité des appareils intègreront une couche d'IA, que ce soit Copilot sur un PC, ou simplement quelques algorithmes sur des écouteurs. Il faudra donc intégrer des accélérateurs d'IA (NPU) à tous les niveaux.
Toutefois, il faut 2 à 3 ans pour développer une nouvelle puce, donc celles actuellement sur le marché ont été conçues avant l'arrivée de ChatGPT. Il anticipe un bond soudain dans les capacités en matièrematière d'IA des appareils lorsque les puces auront la puissance nécessaire et les modèles seront suffisamment petits pour tourner dessus.
Enfin, il s'est exprimé sur l'intelligence artificielle. Tout d'abord, il s'attend à une évolution des assistants connectés, comme AlexaAlexa ou l'Assistant GoogleGoogle. Pour lui, ils ne vont plus simplement se contenter de répondre à nos demandes, mais devraient bientôt être capables de les anticiper. Alors que Sam AltmanSam Altman, le P.-D.G. d'OpenAI, semble convaincu que l'intelligence artificielle généraleintelligence artificielle générale (AGI) débarquera l’an prochain, René Haas pense que c'est un peu court. Cependant, il indique aussi avoir revu à la baisse ses prévisions au cours de l'année écoulée, et pense désormais qu'elle arrivera dans seulement deux ou trois ans.