Un prototype de lunettes pour non-voyants capable de retranscrire vocalement les textes à partir des emballages de produits, des livres ou des journaux a été développé par une équipe d’étudiants de l’université internationale de Floride. Le projet a débouché sur la création d’une start-up qui veut proposer un modèle commercialisable en décembre. Le PDG d’EyeTalk a répondu à Futura-Sciences.

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    Pour les personnes souffrant de cécité ou de déficience visuelle, l'autonomie est un combat de tous les jours. Se déplacer seul, faire ses courses ou encore lire sont autant d'activités qui nécessitent une assistance ou un long apprentissage. Des solutions souvent coûteuses ne sont pas accessibles aux personnes les plus pauvres ou vivant dans des pays en voie de développement, où ce type d'affection est très répandu. Selon les chiffres de l'Organisation mondiale de la santéOrganisation mondiale de la santé (OMS), 285 millions de personnes à travers le monde souffrent de déficience visuelle et 90 % d'entre elles vivent dans des pays en voie de développement.

    C'est pour aider ces populations qu'un groupe d'étudiants de l'université internationale de Floride (FIU) a mis au point une paire de lunettes qui permet aux non-voyants de lire. Le prototype qu'ils ont conçu est équipé d'un capteurcapteur photo qui peut prendre un cliché d'un livre, d'un journal ou d'un emballage pour en extraire le texte et le restituer vocalement. Une innovation qui pourrait considérablement améliorer le quotidien de personnes atteintes de troubles visuels.


    Dans cette démonstration vidéo, on découvre le fonctionnement des lunettes EyeTalk. La personne qui les porte tient dans une main une télécommande avec laquelle elle déclenche l’appareil photo logé dans la monture des lunettes. Cela a pour effet de prendre en photo le dos d’une boîte de céréales. Quelques secondes plus tard, le système retranscrit vocalement le texte figurant sur la boîte. © Eyetalk

    Entre 6 et 30 secondes pour changer un texte en voix

    Pour donner vie à leur projet, les quatre étudiants ont créé leur start-up, EyeTalk, qui est également le nom qu'ils ont donné à leur paire de lunettes. Viurniel Sanchez, le PDG d'EyeTalk, a livré à Futura-Sciences de plus amples détails sur la technologie utilisée. Pour la partie matérielle, les lunettes intègrent un capteur photo 8 mégapixels associé à un processeur de traitement d'image, un module de mémoire de stockage de 4 Go, un circuit intégré et un écouteur. Côté logiciel, la configuration repose sur une version adaptée du système d'exploitation Linux, ainsi que trois applicationsapplications spécialement développées par EyeTalk pour la capture, le traitement de l'image et la conversion texte-voix.

    Pour prendre une photo, le porteur des lunettes tient devant lui le contenu dont il souhaite obtenir une transcriptiontranscription vocale et prend une photo à l'aide d'une télécommande. Le cliché est immédiatement analysé pour en extraire le texte qui est ensuite restitué sous forme sonore dans l'écouteur. « Actuellement, notre prototype met entre 6 et 30 secondes pour une page de texte noir et blanc. Nous sommes déjà parvenus à ramener ce délai à 4 à 10 secondes dans notre version de développement, et nous pensons atteindre 1 à 3 secondes pour le modèle de production », indique Viurniel Sanchez.

    Courbe d’apprentissage avec les lunettes

    Mais comment un non-voyant sait-il qu'il a correctement positionné la page de texte ou la boîte du produit qu'il veut prendre en photo ? Les lunettes déclenchent un avertissement sonore si l'image n'est pas exploitable ou ne comporte pas de texte. « Je tiens à préciser qu'il y a une phase d'adaptation pour trouver la position optimale pour chaque produit, et que cela passe par une utilisation continue, poursuit le PDG d'EyeTalk. Lors de nos tests, nous avons tous affiché une courbe d'apprentissage différente, mais tôt ou tard, on y arrive. »

    Viurniel Sanchez explique que le principal problème n'est pas la taille des polices de caractères (qui peut grandement varier d'un support à un autre), mais plutôt les conditions d'éclairage. « La distance minimale pour prendre une photo est de 20 centimètres. La distance maximale dépend de ce que vous voulez photographier. Actuellement, nous parvenons à photographier des panneaux de signalisation dans les magasins à 6 mètres, et nous espérons porter cette distance à 15 mètres dans les deux prochains mois. La longueur d'un bras convient très bien pour les livres, les magazines, les menus, les emballages de produits, etc. »

    Versions de 100 à 250 dollars

    Du travail de développement en perspective, donc, mais l'équipe s'est fixé une feuille de route ambitieuse. L'objectif est de mettre un produit fini sur le marché en décembre prochain, après avoir optimisé le logiciel et intégré un nouveau system on a chipsystem on a chip (puce rassemblant le processeur central, le processeur graphiqueprocesseur graphique et la mémoire). EyeTalk est à la recherche de financements pour soutenir le projet.

    Sur son site, la société rappelle que l'écrasante majorité des personnes souffrant de troubles visuels vivent dans la pauvreté, et que le but est de proposer un produit suffisamment abordable pour qu'il soit accessible au plus grand nombre. « Selon nos estimations, le premier modèle coûtera environ 250 dollars [190 euros, NDLRNDLR]. Et nous pensons que la version internationale de nos lunettes, qui sortira en 2014, coûtera moins de 100 dollars », indique Viurniel Sanchez. Il est également question qu'aux États-Unis, les lunettes EyeTalk puissent même être mises à disposition gratuitement via des associations spécialisées.