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Un réacteur (en bas), issu de l'avion de chasse Typhoon, et un moteur-fusée (en haut), alimenté au peroxyde d'hydrogène : voilà pour les moteurs. © U. de Leeds/Instrumentel
Loin, très loin de la crise, des interrogations sur l'avenir du pétrolepétrole, du Grenelle de l'environnement et de la lutte contre l'effet de serreeffet de serre, Lord Drayson, le Minister of Science au service de Sa Majesté (et ancien coureur automobileautomobile), vient de lancer le projet Bloodhound SSC. Ce nom de baptême lui vient de celui d'un missilemissile britannique des années 1950 (bloodhound signifie limier) et SSC est l'abréviation de supersonic car. Ce projet qui s'étalera sur trois années vise en effet à construire un véhicule terrestre supersonique capable d'atteindre 1.000 mph (miles per hour), soit, si l'on convertit exactement, 1.609 km/h. La vitesse du sonvitesse du son au sol étant d'environ 1.200 km/h, l'engin devrait donc filer à Mach 1,3.
Il battrait le record établi en 1997 aux Etats-Unis, dans le désertdésert du Névada, par la Thrust SSC, développée par une équipe britannique, dont Richard Noble. Aux commandes de cet engin à deux réacteurs, Andy Green (un pilote de chasse devenu un as de la spécialité) avait dépassé le mur du sonmur du son et atteint 1.227,985 km/h. On retrouve aujourd'hui Richard Noble et Andy Green au sein de l'équipe mise en place par l'université de Leeds et une start-up qui en est issue, Instrumentel.
La Thrust SSC dans le désert Black Rock (Nevada), en 1997. Andy Green s'apprête à passer le mur du son. © Thrust SSC Team
Les caractéristiques principales de la Bloodhound SSC sont à peu près connues. D'un poids de 6,5 tonnes, elle mesurera 12,8 mètres de longueur et reposera sur des roues de 90 centimètres de diamètre. Tournant à 1.000 tours par minute, elles devront résister, au niveau de leur circonférence, à une accélération centrifuge de 50.000 g.
Autonomie : moins d'une minute
La voiture (s'il est permis d'employer ce terme) sera propulsée par un réacteur équipant le chasseur Eurofighter Typhoon. Pour améliorer l'accélération, un moteur de fuséefusée a été ajouté. Il sera alimenté en HTP (high-test peroxide), c'est-à-dire du peroxyde d'hydrogèneperoxyde d'hydrogène (H2O2) concentré, puisé dans un réservoir d'une tonne. La pompe chargée d'un tel approvisionnement - plus de mille litres de HTP par seconde - mérite une étude approfondie. Les ingénieurs d'Instrumentel ont choisi de l'entraîner par un classique moteur à pistons V12 (à douze cylindres, donc).
Si tout se passe bien, les 1.600 km/h seront atteints en 40 secondes, soit une accélération de 11,11 m/s2, donc d'un peu plus de 1 g. Andy Green, qui sera de nouveau aux commandes, subira une accélération un peu supérieure à celle d'un homme qui se jette par la fenêtrefenêtre.
La Bloodhound SSC, telle que les ingénieurs l'imaginent aujourd'hui. © U. de Leeds/Instrumentel
Greg Horler, P-DG d'Instrumentel, semble un peu inquiet. « Pomper une telle quantité d'un liquideliquide volatil est une affaire incroyablement dangereuse, confie-t-il dans le communiqué de l'université Leeds. Si cela ne fonctionne pas correctement, on peut avoir une explosion à tout moment. Les efforts que subira le véhicule vont au-delà de tout ce qui a été expérimenté jusqu'à présent. [...] C'est un territoire complètement nouveau. »
Le projet est donc scientifique et technologique, constituant un excellent banc d'essai dans de multiples domaines. A l'occasion du lancement officiel, qui vient d'avoir lieu au British Museum, le ministre Paul Drayson a également souhaité que cette aventure soit aussi un « projet icône pour le 21ème siècle » et qu'il incite « les générations futures à embrasser des carrières scientifiques, technologiques ou mathématiques ».