Avec les IA dont ils sont bien souvent dopés, les robots humanoïdes ont aussi été les stars de 2024. Futura dresse le portrait « robot » de ceux qui ont marqué l’année avec leurs innovations.


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    Dans Star Trek, l'androïde Data rêve de ressembler aux humains et avec Terminator, ces mêmes robots cherchent à les éliminer. En 2024, ces personnages réservés à la science-fiction sont devenus pratiquement une réalité et provoquent désormais un sentiment mêlé d'émerveillement et d'inquiétude. Il faut dire que ces dernières années les avancées ont été spectaculaires, avec des sociétés, comme TeslaTesla par exemple, qui compte commercialiser en série des robots humanoïdesrobots humanoïdes frisant la perfection. Ces robots bipèdes nous ressemblent de plus en plus avec leurs deux jambes, leurs bras, leurs mains et leur tête parfois inquiétante. Leur démarche reste encore incertaine, mais ils sont parfois capables d'expressions humaines aussi impressionnantes qu'angoissantes, comme peut le faire le visage du robot Ameca.

    Mais pourquoi faut-il qu'ils nous ressemblent ? Peut-être parce que le monde que nous avons construit est conçu pour nos particularités physiquesphysiques. Alors, pour qu'un robot soit polyvalent et puisse nous assister dans notre quotidien, il doit pouvoir faire ce que l'on fait. Et sur ce point, malgré leurs apparences, ce n'est pas en 2025 qu'ils vont pouvoir nous mettre au chômage. Ils restent lents, lourds, peu autonomes et dans le meilleurs des cas, ils se limitent aux tâches subalternes. Celles que nous, humains, n'aimons pas faire. Pour le moment, certains savent tirer leur épingle du jeu dans un domaine. C'est le cas d'Atlas pour ses prouesses physiques, ou bien de PhoenixPhoenix pour sa capacité à manipuler les objets, mais globalement, ils peinent tous à être polyvalents.

    Ceci dit, les progrès sont tels, qu'avec les innovations et l'intégration de l'IA, ils pourraient bien rejoindre la population active d'ici quelques années. Corvéables à souhait, endurants, ils seront meilleurs en raisonnement que les chatbots du moment. Produits en série, ils pourraient rapidement avoir un rôle tout autre qu'un robot-aspirateuraspirateur à la maison. Tout au long de l'année 2024, Futura a relaté les progrès des robots humanoïdes les plus évolués. Certains sont devenus des stars, mais tous, à part un, restent pour le moment cantonnés au stade de prototypes. Voici les huit robots humanoïdes qui se sont fait le plus remarquer en 2024 et que nous suivrons en 2025.

    Phoenix, le plus prestidigitateur des robots

    Le Phoenix de Sanctuary AI est le spécialiste de la préemption. Il est doté de 33 niveaux de précision pour saisir les objets. La main robotique dispose aussi de 21° de liberté de manœuvre avec ses doigts articulés. De fait, la main peut à la fois tenir un objet et le manipuler avec les doigts. Dans la dernière vidéo présentée, le robot montre, par exemple, comment il peut régler la largeur d'ouverture d'une clé à molette. Cette précision dans le geste est rendue possible grâce à un système de retour de force intégré à chaque actionneur. Cela permet d'adapter à l'objet la pressionpression nécessaire. Alors que les doigts des autres robots s'articulent généralement via des petits moteurs électriques, Sanctuary AI a misé sur l'hydraulique. Les actionneurs de valves hydrauliques permettent d'articuler les phalangesphalanges avec précision, vitessevitesse et force. Ce serait la seule technologie qui peut donner ces capacités polyvalentes à un robot, car avec les autres systèmes, seuls certains types de tâche sont accessibles. Ainsi, le robot est précis, presse les objets avec la force nécessaire et peut tout aussi bien soulever une lourde charge.

    Phoenix a du doigté, comme le montre cette vidéo. © Santuary AI

    Hunitree H1 : le spécialiste des backflips à la force des moteurs

    Cela ne sert à rien, mais c'est démonstratif : le robot H1 du constructeur chinois Unitree est capable de réaliser des backflips avec la seule force de ses moteurs et sans système hydraulique. Il se propulse, puis se stabilise grâce à ses articulationsarticulations et ses moteurs électriques dotés d'un couple de 360 ​​Nm. Une intelligence artificielle (IA) a également été mise à contribution pour former l'H1 à l'art de cette pirouette. Mais ce sont les capacités du robot à se déplacer sans tomber qui sont bien plus utiles. Il sait même courir à une vitesse de près de 12 km/h. Unitree est déjà connu pour son chienchien-robot largement inspiré de Spot de Boston Dynamics. Et justement, comme on dit « qui n'imite point, n'invente point », c'est précisément le robot Atlas de la marque américaine qui a inspiré le H1. Il ressemble aussi un peu à OptimusOptimus ou encore à Figure. En plus de courir très vite, le robot peut danser, sauter, monter des escaliersescaliers et même retrouver l'équilibre après avoir été poussé. Le H1 est dénué de main et n'a pas encore de missions particulières, si ce n'est d'impressionner la galerie... Du moins pour le moment.

    Le robot H1 sait réaliser des sauts arrière assez spectaculaires à la seule force de ses moteurs électriques. © Unitree

    Figure 02, le robot qui discute et agit

    Il a une allure de robot humanoïde issu de la science-fiction, il mesure près d'1,70 mètre, marche d'une façon peu assurée, mais il sait parler et il le fait plutôt bien. Mieux encore, il répond aux demandes avec le geste adapté si nécessaire. Le robot Figure intègre l'IA d'OpenAI pour comprendre et répondre aux questions et exécuter une manœuvre si cela est demandé. Ainsi, il est capable de faire du café et de le servir. Avec ses six caméras et un système de modélisationmodélisation du langage visuel, son IA lui permet aussi d'observer les humains accomplir des tâches et construire sa propre compréhension de la façon de les reproduire en toute autonomie avec autant d'efficacité. Pour son apprentissage, le robot analyse des heures de vidéos sur une séquence d'actions à réaliser, avec parfois des subtilités ou des variantes. Le robot apprend aussi de ses propres erreurs et s'améliore en conséquence.

    Dernièrement, Figure 02 a été embauché par BMW dans une usine d'assemblage de voiturevoiture. Il porteporte des pièces pour les positionner avant qu'elles ne soient assemblées. Il aurait une force équivalente à celle d'un humain selon son concepteur. Il est doté d'une autonomie de 7,5 heures, pour travailler presque aussi longtemps qu'un véritable ouvrier. Pour le moment, s'il s'agit certainement d'un des robots les plus évolués, on ne sait pas quand il sortira de sa phase de prototype.

    Le robot Figure 02. © Figure

    Ameca, le robot sympa, mais un peu flippant quand même

    Il ne sait pas marcher, ni faire grand-chose de ses mains, mais c'est l'un des robots les plus impressionnants de cette année. Ameca a été créé par Engineered Arts et ses créateurs ont mis le paquet sur la capacité qu'a son visage à exprimer des émotions. Il est certes doté d'un teint grisâtre inquiétant, mais sa peau est flexible et ses yeux sont très réalistes. Surtout, Ameca est capable d'associer les phrases qu'il prononce à des expressions du visage tellement naturelles que cela en devient malaisant. On retrouve notamment les clignements rapides des yeux et toutes les petites expressions du visage que l'on a tous lorsque l'on parle. Pour générer les discussions, c'est encore GPT d'OpenAI qui est à l'œuvre. L'IA sert également à créer les expressions non verbales appropriées. Le temps de traitement est un peu plus lent qu'avec ChatGPTChatGPT et le robot semble réfléchir quelques instants avant de parler, mais cela reste très impressionnant. Savoir si Ameca marchera un jour est incertain. Il sera peut-être simplement disponible sous la forme d'un buste, ce qui sera un peu plus inquiétant encore.

    Alors que les autres robots du marché semblent porter un casque à la façon des Daft Punk, Ameca dispose d’un véritable visage avec lequel il affiche des expressions qui ne laissent pas indifférents. © Futura

    Atlas, le robot inhumain qui devrait aller voir un exorciste

    Atlas est l'une des plus vieilles créations de robot humanoïde. Cette machine haute de 1,5 mètre a toujours été capable de prouesses physiques et de réaliser des sauts périlleux grâce à son lourd système hydraulique. Le robot était plutôt râblé en raison de son équipement, mais Boston Dynamics a décidé de se débarrasser de son attirail hydraulique pour le remplacer par des actionneurs motorisés bien plus légers. De fait, sa dernière itération vient lui conférer de la grâce, mais le rend encore un peu plus inquiétant. En guise de tête, il semble être doté d'un grand œilœil tout rond assez peu rassurant. Mais surtout, il n'est pas limité par les mouvementsmouvements humains et peut effectuer des rotations complètes de ses membres. Les gestes ont donc un petit côté « exorciste » et apparaissent totalement contre-nature. Au niveau de ses capacités bipèdes, Atlas sait courir à 9 km/h et même sauter. Doué en équilibre, il sait aussi se déplacer de façon assez fluide sur les terrains difficiles. Le robot est censé être polyvalent et dispose d'une paire de mains flexibles en forme de griffes. Boston Dynamics a été racheté par le Coréen Hyundai et la firme compte bien le commercialiser, même si ce ne sera pas pour tout de suite.

    Atlas peut se contorsionner dans tous les sens, ce qui lui donne la première place en tant que robot humanoïde le plus effrayant. © Boston Dynamics

    Optimus Gen 2, le robot dopé à l'IA et aux dollars

    Optimus de Tesla fait très régulièrement parler de lui. On a pu le voir en octobre dernier servir des boissons aux participants de sa soirée « We, Robot ».  Le robot humanoïde a pu impressionner toute l'assistance en préparant des cocktails. Mais voilà... des opérateurs bien humains contrôlaient les mains des robots. Un bluff de la marque d'Elon MuskElon Musk donc, mais ce robot qui est souvent mis en avant peut compter sur la puissance financière et l'accès à l'IA de Xai pour parfaire son développement. Le robot d'un peu plus d'1,70 mètre devrait être déployé en tant qu'ouvrier spécialisé dans les usines Telsa dès 2025. L'Optimus Gen 2 pourrait donc bien devenir le robot le plus avancé dès l'an prochain avec la puissance de feufeu de la firme. Dernièrement, il a pu montrer ses capacités à se déplacer de façon aveugle sur un terrain accidenté. Sa démarche ne semble pas vraiment assurée, mais il ne tombe jamais et parvient même à se rattraper lorsqu'il trébuche.

    Sa démarche ressemble à une personne ayant abusé de l’apéro, mais il faut savoir qu’Optimus est aveugle. © Tesla

    Apollo, le robot qui cherche à devenir un iPhone

    Le bien-nommé ApolloApollo de GXO et Apptronik est issu de travaux pour la NasaNasa. Ce robot humanoïde à usage général mesure 1,73 mètre de haut. « Usage général » signifie qu'il peut aussi bien s'occuper de personnes âgées que travailler dans une usine. L'idée de ses concepteurs, c'est qu'il devienne un véritable bestseller et connaisse le même engouement que celui du premier l'iPhoneiPhone lors de sa sortie en 2007. Il faut qu'il soit simple à utiliser, fiable et relativement bon marché, car cette plateforme devra coûter moins de 100 000 dollars. La machine doit pouvoir manipuler tous les outils utilisés par les humains et s'adapter à notre environnement. Pour faire des économies et renforcer d'emblée cette fiabilité, la firme est partie d'une feuille blanche et a même développé ses propres actionneurs pour s'assurer que le robot soit rentable et respectueux d'une chaîne d'approvisionnement entièrement maitrisée. Ainsi, l'entreprise a inventé plus d'une trentaine de modèles d'actionneurs électriques uniques, qu'il s'agisse d'entrainements directs, de systèmes élastiques ou pneumatiquespneumatiques. Le robot peut porter une charge de 25 kilos. Le constructeur compte livrer jusqu'à un million de ses robots d'ici 2030. Pour le moment, alors qu'il est dopé à l'IA grâce à un partenariat avec Nvidia, pour apprendre les tâches effectuées par les humains, il devrait rejoindre les usines de Mercedes-Benz pour tester des scénarios.

    Apollo sait marcher, mais il sa démarche est plutôt particulière. © Apptronik 

    Digit, le robot de travail à l'air de sauterelle

    Le Digit d'Agility Robotics n'est pas ce que l'on peut appeler un robot élégant. Il ressemble plus à un insecteinsecte géant qu'à un humain, ce qui altère sa condition de robot humanoïde. En revanche, c'est une véritable bête de somme. Il a été conçu pour effectuer des tâches répétitives dans des environnements industriels tels que des entrepôts. Il mesure 1,75 mètre et se tient debout grâce à des jambes inversées et orientées vers l'arrière. Cette configuration lui permet de se tenir à proximité des lignes de production ou de gestion de colis, par exemple. Il est également doté d'une drôle de tête avec une paire de LEDLED rectangulaires qui font office d'yeux. Il s'agit de caméras servant à relever la profondeur de champ pour mieux cartographier son environnement. Avec sa spécialisation, Digit est déjà commercialisé. Il coûte autour de 36 000 dollars.