Digne de 1984, le chef d'oeuvre de George Orwell, ou d'un épisode de Black Mirror, cette application tire profit de l'intelligence artificielle pour identifier des personnes à partir d'une simple photo ou d'une vidéo. Adresse postale, email, nom, prénom... Cette application utilisée par le FBI sait tout sur tout le monde. Et elle pourrait bientôt être disponible pour le grand public.
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Bientôt, il suffira de prendre une photo d'un inconnu pour tout savoir sur lui : son nom, ses comptes sur les réseaux sociauxréseaux sociaux, voire même son adresse et bien d'autres détails personnels. Pour de nombreuses agences de police aux États-Unis, cette idée tout droit sortie de la science-fiction est déjà une réalité.
Un reporter du New York Times s'est intéressé à Clearview, une applicationapplication méconnue jusqu'à récemment en dehors des agences gouvernementales. Le développement a commencé en 2016, mais ce n'est qu'en 2019 que l'application a été mentionnée dans les médias, après qu'elle ait servi à identifier un suspect en Floride. Clearview combine des photos accessibles publiquement, comme TwitterTwitter, FacebookFacebook et bien d'autres, avec une intelligence artificielle pour permettre d'identifier instantanément quasiment n'importe qui.
Plus de 3 milliards de photos prises sur les réseaux sociaux
Le système se base sur plus de trois milliards de photos prises depuis les réseaux sociaux, à comparer avec la base de données du FBI qui contient 641 millions d'images. L'IA décompose les images en vecteurs, des formules mathématiques pour décrire la géométrie du visage, ce qui lui permet d'identifier beaucoup plus facilement toute personne prise en photo. Ce système lui permet de fonctionner avec une plus grande variété d'images comparé aux outils traditionnels, qui nécessitent un cliché de profil. Il renvoie des résultats sous forme d'images avec un lien vers la/les sources d'où elles proviennent, permettant ainsi de retrouver toutes les informations associées, à commencer par le nom de la personne.
Les agents ont pu ainsi identifier de nombreux suspects grâce aux images des caméras de surveillance ou de vidéos prises par des témoins. L'entreprise revendique un taux d'identification de l'ordre de 75%, un chiffre difficile à vérifier sans une validation indépendante. De plus, Clearview n'indique pas de taux de faux positifs, qui pourraient potentiellement conduire la police à arrêter une personne innocente. L'une des limites de l'application est l'angle de prise des photos. Hoan Ton-That, le fondateur de Clearview d'origine australienne, a indiqué que les caméras de surveillance sont placées trop haut, et donc que les images ne sont pas prises sous le bon angle pour la reconnaissance faciale.
Depuis plusieurs années, Clearview fait la démonstration de son système de vidéosurveillance © Clearview
Un outil bientôt accessible au grand public
L'entreprise ne compte pas se limiter aux agences gouvernementales, et aurait l'intention de rendre l'application disponible au grand public. N'importe qui pourra alors photographier un inconnu dans la rue pour connaître son identité. Pire encore, l'application contient du code destiné à une utilisation sur les lunettes de réalité augmentée. Clearview pourrait donc identifier les passants dans la rue en temps réel, voire même créer une base de données des emplacements des personnes identifiées...
Illustration du pouvoir immense que cette société détient, le journaliste du New-York Times a expliqué avoir demandé à plusieurs agents de passer sa photo dans l'application pour voir les résultats. Ces mêmes agents ont ensuite été appelés par l'entreprise qui voulait savoir s'ils en parlaient à la presse...