Face à la grogne de la population, la Chine lâche du lest dans la surveillance et le contrôle des déplacements des citoyens. À partir de mardi, l'application qui suit les entrées et sorties des habitants dans chaque ville ou province sera déconnectée.
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Confronté à des manifestations et une grogne générale de la population, l'État chinois a décidé de revoir, ou plutôt d'assouplir sa politique anti-Covid. Partisane d'une stratégie « zéro Covid » depuis deux ans et demi, la Chine avait opté pour des outils massifs de surveillance et de contrôle de la population avec une applicationapplication de « flicage » des déplacements. À partir de mardi, minuit, cette « carte d'itinéraire » (itinerary card, en anglais), gérée par l'État, sera débranchée, et ce sera une première en deux ans.
Cette application permettait de savoir si une personne s'était rendue dans une zone à haut risque grâce au bornagebornage de son téléphone. Plus exactement, cette application incluait un système à quatre niveaux qui attribuait différentes couleurscouleurs (vert, orange et rouge) en fonction du niveau d'exposition des utilisateurs à la Covid. Au départ, la période de suivi était de 14 jours, puis la Chine avait réduit de moitié, soit à sept jours. À partir de mardi, les Chinois n'auront plus à présenter leur smartphone lors de leurs déplacements.
Quid des données personnelles récoltées ?
Du côté de la population, on s'est évidemment félicité de cette décision, et les réseaux sociauxréseaux sociaux ont été envahis de captures d'écran de la désinstallation de l'appli. Mais la surveillance n'est pas totalement terminée puisque d'autres applications liées à la politique anti-Covid-19 restent obligatoires, et une question demeure : la protection des données personnelles récoltées pendant deux ans.
Même si la surveillance était passée de 14 à 7 jours, on ne sait pas ce que la Chine a fait des milliards de données récoltées pendant deux ans. Elles sont toutes liées à un numéro de téléphone, et permettent de retracer les allées et venues de chaque citoyen.
Comment fonctionne l'application contre le Covid-19 en Chine ?
Alors que la France envisage de se doter d'une application de traçage des contacts, voici comment fonctionne celle qui est déployée dans de nombreuses villes en Chine.
Publié le 16 avril 2020 par Louis Neveu
Alors qu'en France le développement d'une application StopCovid pour assurer le suivi des personnes infectées patinepatine et fait à la fois polémique, elle est utilisée depuis plusieurs semaines dans certains pays, comme la Corée du Sud, Singapour, à Moscou en Russie, ou encore en Allemagne au début du mois et en premier lieu, la Chine. Dans l'Empire du milieu, le traçage se fait à partir d'une application qui affiche un code QR coloré. Le présenter est même une obligation dans de nombreuses villes. C'est le sésame qui permet de sortir de la maison, d'emprunter les transports communs de travailler, d'entrer dans les commerces et de voyager d'une province ou d'une ville à une autre.
Le principe est très simple. Un code QR est généré à partir des informations personnelles de l'utilisateur, dont le numéro de carte d'identité, de passeport. Il doit également renseigner ses antécédents de voyages et s'il est entré en contact avec des patients susceptibles d'avoir eu le Covid-19 au cours des 14 derniers jours. Il est également nécessaire de sélectionner l'existence d'éventuels symptômes pouvant évoquer la maladie. Une fois les informations vérifiées par les autorités, chaque utilisateur se voit attribué un code QR. Celui-ci s'affiche en rouge, orange ou vert sur le mobile.
Les personnes dotées d'un code rouge doivent rester en quarantaine durant 14 jours. Les codes orange sont confinés pendant sept jours. Les vert peuvent se déplacer librement. Selon les régions le système de couleurs est plus ou moins restrictif. Ainsi, dans la province du Hubei, une fois qu'une personne est inscrite dans la base de données, s'il elle a les symptômessymptômes d'un virus, les personnes les plus proches reçoivent toutes un code orange leur interdisant tout déplacement dans la province.
Un flicage permanent
Après leur lancement, les codes QR ont été adoptés en moins d'une semaine dans 100 villes du pays. Fin février le nombre de villes a doublé, puis triplé fin mars. En plus du code QR, début mars, Beijing a ajouté la reconnaissance faciale pour authentifier le porteur du code.
Le souci de ces attributions de couleurs, c'est qu'elles imposent la quarantaine à tort à des personnes ayant parfois indiqué des symptômes bénins, n'ayant rien à voir avec le virus, comme de la fatigue, par exemple. Certaines villes comme Hangzou ont permis de corriger le tir avec la possibilité de rectifier les données en ligne. L'autre souci, c'est que de nombreuses villes et provinces n'utilisent pas une même base de données nationale, mais locale. Pour le coup, les codes QR ne sont pas forcément exploitables d'une région à une autre. De même, les restrictions peuvent différer d'un endroit à un autre.
En Chine aussi, l'épineuse question de la protection des données personnelles se pose. Les bases de données ont enregistré de nombreuses informations privées, les déplacements, les contacts récents, l'état de santé. Un sujet qui préoccupe les chinois autant que les autres populations concernées par ce type d'application. La problématique reste toujours la même : quid de ces données lors de la sortie de crise ? Autant dire que même après avoir subit plusieurs mois l'épidémieépidémie, la Chine a toujours du mal à accorder ses violons.
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