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Reproduire le mécanisme du saut chez un robot fait partie des défis techniques ardus sur lesquels planchent nombre de spécialistes. Nous en avons déjà vu plusieurs exemples, comme ce robot sauteur à la structure à la fois molle et rigide, ou le MSU TailBot, un drôle de petit engin muni d'une queue mécanique. Des chercheurs de l'université de Californie à Berkeley (États-Unis) se sont pour leur part intéressés au saut à la verticale.
Leur objectif était de concevoir un robot capable de bondir le plus haut possible et d'enchaîner les sauts tel un kangouroukangourou, sans délai entre chaque impulsion. Voici donc Salto (acronyme anglais de saltatorial locomotion on terrain obstacles)), un drôle de petit robot muni d'une seule jambe. Malgré son poids plume (100 grammes) et sa taille (26 centimètres), il peut sauter à la verticale à plus d'un mètre de haut. Mais surtout, il est capable d'enchaîner deux sauts et, par exemple, de rebondir contre un murmur.
Pour créer cette étonnante machine, l'équipe de Berkeley a une fois de plus eu recours au biomimétisme. En l'occurrence, les chercheurs ont étudié les extraordinaires capacités du galago, un petit primateprimate originaire d'Afrique reconnaissable à sa longue queue et ses grands yeuxyeux noirs exorbités. Cet animal peut bondir à la verticale jusqu'à cinq fois d'affilée en seulement quatre secondes et atteindre une hauteur combinée de 8,5 mètres. Pour y parvenir, il emmagasine de l'énergieénergie dans ses tendons au moment où il est en position accroupie.
Pour les roboticiens de l’université de Californie à Berkeley (États-Unis) qui l'ont crée, ce robot aurait la plus grande agilité verticale jamais atteinte. Grâce à un ressort compressé puis libéré, l’engin accumule une énergie qui lui permet de sauter jusqu’à plus d’un mètre de haut. Le mécanisme se réarme assez vite pour enchaîner plusieurs sauts. Cette vidéo nous montre comment Salto peut ainsi décoller du sol et aller rebondir contre un mur. © UC Berkeley
Salto sait bien sauter mais pas atterrir
L'équipe de Berkeley a donc adapté cette capacité à son robot en l'équipant d'un ressort comprimé par un moteur électrique pour stocker l'énergie et la libérer au moment du saut. Le mécanisme est conçu de telle sorte qu'il n'y a pas de latence entre deux impulsions. Pour mesurer les performances de leur robot, ces spécialistes utilisent comme unité « l'agilité », définie comme la hauteur d'un seul bond multipliée par la fréquence à laquelle ce bond peut être accompli. À cette aune, Salto a une agilité de 1,75 mètre par seconde, à comparer à celle aux 2,24 mètres par seconde du galago.
Mais à quoi un tel robot peut-il servir ? Comme bien souvent, les chercheurs imaginent que ces facultés de déplacement pourraient être intéressantes dans le cadre de missions de recherche ou de sauvetage dans des décombres et sur des terrains où l'Homme aurait des difficultés à progresser. Il y a juste encore un détail important à régler. Salto saute très haut, mais il ne sait pas encore atterrir sur une seule jambe, ce qui est plutôt fâcheux... Ces travaux ont fait l'objet d'une publication dans la revue Science Robotics.