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Google rachète depuis quelque temps des sociétés spécialisées dans la robotique. L'une de ces acquisitions fait particulièrement parler d'elle, puisqu'il ne s'agit pas moins de Boston Dynamics. Fondée en 1992 par Marc Raibert, un ancien professeur du célèbre MIT, cette entreprise est connue pour ses robots d'apparence animale ou humanoïdehumanoïde, comme AlphaDog, Cheetah, WildCat et Atlas. Ces robots, qui marchent et peuvent même courir, ont été développés avec l'aide de la fameuse Defense Advanced Research Projects Agency, la Darpa de l'armée américaine. À la tête de la division robotique de GoogleGoogle, on trouve maintenant Andy Rubin, l'un des créateurs d'AndroidAndroid, le système d'exploitation bien connu pour smartphones, tablettes tactilestablettes tactiles, PDA et terminaux mobiles.
Créer un robot humanoïde capable de se déplacer dans des conditions extrêmes pour remplacer l'Homme, voilà ce que souhaite réaliser la Darpa, l'agence américaine chargée des projets en recherche avancée pour la Défense. Plusieurs prototypes conçus par Boston Dynamics vont dans ce sens. Google va donc hériter du savoir-faire de cette société dans ce domaine. © Sebs .Knowledge, YouTube
Mais pourquoi Google a-t-il décidé de se lancer dans la robotique ? Difficile de répondre à cette question, bien que les dirigeants de l'entreprise laissent entendre qu'ils voudraient pouvoir pousser un cran plus loin l'automatisation de certaines usines, notamment dans le domaine de l'électronique, en remplaçant des Hommes par des robots. Aucune applicationapplication commerciale précise à court terme ne semble non plus être dans les projets du géant californien de Mountain View. On ne peut que se perdre en spéculations.
Google et le transhumanisme
Il n'en demeure pas moins que les manœuvres de Google depuis quelques années laissent entrevoir un schéma cohérent sur lequel on peut bâtir ces spéculations. On se souvient que Google s'est associée à Peter Diamandis pour fonder une société dont le but est l'exploitation de la richesse des astéroïdes : Planetary Resources. Diamandis, à qui l'on doit aussi le Google Lunar X Prize, la compétition organisée par la Fondation X Prize et sponsorisée par Google, est un transhumaniste affiché.
Dans cette vidéo, Peter Diamandis expose l'une de ses thèses maîtresses, à savoir que les technologies de l'information sont en train de révolutionner les solutions aux problèmes de l'humanité. Pour obtenir une traduction en français assez fidèle, cliquez sur le rectangle avec deux barres horizontales en bas à droite. Les sous-titres en anglais devraient alors apparaître, si ce n'est pas déjà le cas. En passant simplement la souris sur le rectangle, vous devriez voir l'expression « Traduire les sous-titres ». Cliquez pour faire apparaître le menu du choix de la langue, choisissez « Français », puis cliquez sur « OK ». © Peter Diamandis
Il a participé récemment au congrès Global Future 2045 les 15 et 16 juin 2013 à New York qui, rappelons-le, a pour origine un millionnaire russe, Dmitri Istkov, qui pense que l'avenir de l'humanité passe par des robots. Diamandis est à l'origine de la Singularity University, que, sans surprise, sponsorise aussi Google. Qui est largement à l'origine de la résonancerésonance médiatique des idées transhumanistes liées à la singularité technologique, décrite dans le texte d'Eliezer Yudkowsky ? Un autre fondateur de la Singularity University, Raymond Kurzweil, récemment engagé par Google.
Résoudre les problèmes de l’humanité
Diamandis, Kurzweil et Itzkov pensent que d'ici 2045, les progrès exponentiels de la technologie des ordinateurs et des robots vont révolutionner l'histoire humaine via la création d'ordinateurs intelligents et conscients, surpassant de très loin le cerveaucerveau d'Homo sapiensHomo sapiens. Ils repousseraient les limites biologiques et cognitives de l'Homme, mais ils permettraient aussi aux individus de devenir immortels en téléchargeant leur conscience dans une enveloppe robotique humanoïde débarrassée des faiblesses humaines. De la conscience artificielle : cela pourrait bien nécessiter des ordinateurs quantiques et justement, Google a fait grand bruit il y a quelque temps en achetant un calculateur quantiquecalculateur quantique à la société D-Wave.
Le transhumanisme et l'idée du téléchargement de la conscience sont dans l'air du temps. Dans cette bande-annonce du film The Prototype, on fait directement référence à la singularité et à Raymond Kurzweil. Il semble que l'histoire soit celle d'un brillant chercheur du MIT, qui travaille pour l'armée afin de construire un robot-soldat. Il finit par télécharger son esprit dans le robot, sentant sa mort venir à cause d'une tumeur au cerveau. © movieclipsTRAILERS, YouTube
Il est facile de monter des scénarios de toutes pièces qui semblent plus que plausibles, mais qui n'en sont pas moins faux. Google veut-il s'afficher comme un acteur majeur des idées des transhumanistes, qui, pour mémoire, se proposent d'utiliser la technologie et la science pour résoudre tous les problèmes de l'humanité, comme le vieillissement et la mort ?
On peut se poser la question, d'autant que le 18 septembre 2013, Google a annoncé le lancement de Calico (dirigée par Arthur Levinson, l'ancien patron de Genentech, un des pionniers des biotechnologiesbiotechnologies), une entreprise s'attaquant au défi « de l'âge et des maladies associées », selon les termes d'un communiqué de presse. Le Time n'a d'ailleurs pas hésité à cette occasion à titrer : Google peut-il résoudre le problème de la mort ?
Des robots pour coloniser le Système solaire
Sans aller jusqu'à embrasser les idées les plus vertigineuses du transhumanismetranshumanisme, on peut penser que l'on est en train de se rapprocher quelque peu du monde des robots d'Isaac AsimovIsaac Asimov, et que les dirigeants de Google anticipent cette métamorphosemétamorphose de la civilisation. Mieux, ils veulent probablement faire partie des acteurs de cette nouvelle étape de l'histoire de l'humanité.
Isaac Asimov vu par Rowena Morrill sur un trône orné des symboles de son œuvre littéraire. Google est-il en train de réaliser les rêves de l'auteur de I, Robot ? © Wikipédia, GNU 1.2
Il y a déjà des robots dans les usines, et il y a gros à parier que l'exploitation des astéroïdesastéroïdes et la colonisation du Système solaireSystème solaire se feront en grande partie grâce aux robots, puisque c'est déjà le cas avec les sondes et les roversrovers. Les progrès de la technologie vont certainement faire chuter les coûts de fabrication des robots, et l'intelligence artificielle fera encore des progrès. On peut donc imaginer que des robots vont envahir notre vie de tous les jours, et ce d'autant plus que les pays développés sont vieillissants, et qu'il faudra remplacer la main-d'œuvre dans les usines. De plus en plus, l'informatique et les ordinateurs participent aussi à la globalisation de l'humanité, comme l'illustre le Catlin Seaview Survey. On peut enfin très bien imaginer, comme le prophétisait Isaac Asimov dans ses romans, que viendra un moment où la complexité de la gestion de la planète exigera que l'humanité délègue une partie de ses décisions aux ordinateurs.
Ces robots et ces ordinateurs, peut-être héritiers du Human Brain Project, seront-ils conscients, comme ceux doués d'un cerveau positronique des romans du bon docteur Asimov ? On le saura peut-être dans quelques dizaines d'années. Encore une fois, il est difficile de savoir ce que Google prépare et pense vraiment. Enfin, les croyances des transhumanistes pourraient fort bien rester ce qu'elles sont, sans doute, au moins, les rêves d'adolescents nourris de science-fiction de plusieurs des grands acteurs de la technologie d'aujourd'hui et de demain.