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Kismet, au MIT, fait partie de ces projets visant à humaniser les robots pour faciliter leurs relations avec nous. © Peter Menzel
« Que ponds-je ? Que ponds-je ? » « Le dernier mot qui t'a servi était : Ponds-je. » « Serviette éponge ! Parfait... » Ce petit dialogue de Bobby Lapointe (Le tube de toilette) a de quoi faire bugger un logiciel d'analyse de texte. Mais le programme mis au point à l'université de Cincinnati par Julia Taylor et Lawrence Mazlack, parviendra, lui, à déterminer qu'il s'agit d'un jeu de mots.
Très sérieux, ce travail s'inscrit dans une longue série de recherches dont l'objectif est de mieux intégrer les robots dans l'universunivers des hommes. Au Laboratoire d'intelligence artificielle du MIT (Massachusetts Institute of Technology), par exemple, Cynthia Breazeal et son équipe ont conçu le célèbre Kismet, réduit à une tête, capable d'exprimer des émotions censées faciliter les relations sociales avec les humains. Mais il faut aller plus loin et comprendre ce que les hommes racontent. Il ne faudrait pas que, comme dans la chanson Sentimental bourreau, du même Bobby, un robot découpe son maître qui lui aurait dit « taillons-nous ». La tâche est immense...
Des robots moins ennuyeux ?
Le logiciel de Julia Taylor et Lawrence Mazlack a d'abord été nourri avec le vocabulaire d'un dictionnaire pour enfants (afin de réduire l'ampleur du travail pour ce prototype). Puis les relations possibles entre tous ces mots ont été enregistrées dans la base de donnéesbase de données. Devant un texte, le logiciel repère les mots qui ne semblent avoir aucun rapport avec la phrase. Quand il en trouve un, il cherche les mots phonétiquement proches et, s'il existe un, conclut qu'il s'agit d'un jeu de mot. Il ne se fera pas piéger, par exemple, par « le poissonpoisson-fa » qui redeviendra le poisson-chat.
Ce logiciel n'est donc pour l'instant qu'un détecteur de jeux de mots. D'après le magazine New Scientist, il a un peu déçu les spectateurs qui l'ont vu à l'œuvre durant une conférence sur l'intelligence artificielle, à Vancouver. L'humour humain n'est pas fait que de jeux de mots... Les chercheurs ne considèrent d'ailleurs leur création que comme une première étape, la suivante consistant à analyser le contexte pour décider si une phrase est drôle ou pas.
Mais le progrès est déjà considérable et on peut espérer, si ce n'est inculquer le sens de l'humour aux robots, au moins les rendre un peu moins ennuyeux quand ils seront plus nombreux autour de nous, le jour où nous aurons besoin de petits bourreaux beaux (comme disait Bobby).