Financé par l’Union européenne, le projet RoboEarth est une plateforme de cloud computing open source qui rassemble toutes sortes de données et outils logiciels utiles aux fonctions robotiques. L’idée est que les robots se connectent à cette base de données pour partager des informations et apprendre les uns des autres, afin de se perfectionner dans l’exécution de leurs tâches. Futura-Sciences a interrogé le professeur Markus Waibel de l'École polytechnique fédérale de Zurich pour comprendre les principes et objectifs de ce projet.

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    C'est bien connu, l'union fait la force. Et il se pourrait que ce vieil adage convienne particulièrement bien aux robots... C'est le pari que font des équipes de chercheurs en Allemagne, en Espagne, aux Pays-Bas et en Suisse avec le projet RoboEarth. Lancé en 2009 et financé par l'Union européenne, il s'agit d'une plateforme de cloud computing qui est présentée comme l'Internet pour les robots. « RoboEarth est un réseau géant et une base de données référentielle où les robots peuvent partager des informations et apprendre les uns des autres sur leur comportement et leur environnement », expliquent les promoteurs du projet. Parmi eux, des scientifiques, des informaticiens et des spécialistes en robotique des universités d'Eindhoven (Pays-Bas), de Brême et de Stuttgart (Allemagne), de Saragosse (Espagne) ainsi que de l'École polytechnique fédérale de Zurich (Suisse).

    En se connectant à RoboEarth, les robots de service peuvent récupérer et partager des données (cartes de navigation), des procédures (algorithmes) pour réaliser des actions, des déplacements, faire de la reconnaissance de forme ou vocale.

    La puissance du cloud au service des robots

    Mais ce n'est pas tout. RoboEarth est non seulement une base de données, mais aussi un moteur qui met sa puissance à disposition des robots. Cette « robotique cloud », comme la nomment les inventeurs de RoboEarth, permet aux robots de bénéficier des puissantes ressources de calcul, de stockage et de communication des centres de donnéescentres de données. Par ailleurs, la plateforme étant open sourceopen source, les fabricants de robots peuvent partager des informations afin de faire progresser l'ensemble de la communauté. RoboEarth espère ainsi faire émerger une nouvelle génération de robots d'assistance ou industriels plus polyvalents, évolutifs et surtout moins chers à fabriquer, car ils n'auront plus besoin de logicielslogiciels spécialisés ni de configurations matérielles musclées.

    C’est à l’université d’Eindhoven, aux Pays-Bas, que la plateforme RoboEarth a été testée il y a deux semaines. Pour cela, les chercheurs ont reconstitué un milieu hospitalier dans lequel quatre robots devaient évoluer et accomplir des tâches sans aucune programmation préalable. Ils sont allés récupérer toutes les informations dont ils avaient besoin sur le « <em>cloud</em> robotique ». © RoboEarth

    C’est à l’université d’Eindhoven, aux Pays-Bas, que la plateforme RoboEarth a été testée il y a deux semaines. Pour cela, les chercheurs ont reconstitué un milieu hospitalier dans lequel quatre robots devaient évoluer et accomplir des tâches sans aucune programmation préalable. Ils sont allés récupérer toutes les informations dont ils avaient besoin sur le « cloud robotique ». © RoboEarth

    Après quatre ans de recherche, RoboEarth a reçu son baptême du feufeu il y a une quinzaine de jours, lors de la première expérimentation publique menée à l'université d'Eindhoven. Quatre robots placés dans un environnement hospitalier recréé pour l'occasion devaient accomplir un certain nombre de tâches (servir à boire au patient, ouvrir son pilulier, naviguer d'une pièce à l'autre) sans avoir été préalablement programmés, en se connectant uniquement à RoboEarth. Un premier robot équipé d'un capteurcapteur Kinect est envoyé dans une chambre pour la cartographier afin de localiser le lit et l'emplacement d'une table sur laquelle est posée une bouteille d'eau. Un deuxième robot récupère ces informations via RoboEarth, se dirige vers la table, saisit la bouteille et l'apporte au patient alité. Bien entendu, il ne s'agit là que d'un début, somme toute très prometteur. La plateforme RoboEarth est gratuite d'accès, à charge pour les participants de partager en retour leurs innovations. Le professeur Markus Waibel de l'École polytechnique fédérale de Zurich a répondu aux questions de Futura-Sciences.

    Futura-Sciences : Quel bilan tirer de la première expérimentation de RoboEarth ?

    Markus Waibel : La démonstration réalisée il y a deux semaines consistait en un scénario complexe dans lequel quatre robots de service avec des configurations très différentes ont créé un savoir, l'ont partagé en utilisant RoboEarth et l'ont progressivement amélioré au cours de l'exercice. Il est intéressant de noter que les principaux obstacles que nous avons rencontrés ne portaient pas sur RoboEarth, mais sur le matériel. Cette fiabilité est l'un des avantages clés de RoboEarth, et de la robotique cloud en général. En effet, il est beaucoup plus facile de coordonner une architecture centralisée qui fournit un service que de gérer différents modèles de robots.

    Pour être accessible par tout type de robots, quels protocoles RoboEarth emploie-t-elle ?

    RoboEarth repose sur des protocolesprotocoles Web standard. Vous pouvez vous y connecter avec n'importe quel navigateurnavigateur depuis un ordinateurordinateur ou un terminal mobile, et les robots peuvent faire de même. En ce qui concerne les données, nous n'imposons aucun format, notamment en ce qui concerne la reconnaissance de formes. Les utilisateurs peuvent stocker l'information de toutes les manières qui leur semblent utiles. Nous utilisons un langage commun pour l'encodage, qui repose sur des standards du Web. Il s'agit du langage OWL (Web Ontology Language), qui a des sémantiques formelles et des sérialisations RDF/XMLXML similaires à celles employées pour le Web sémantiqueWeb sémantique.

    Quels sont les domaines d’applications où RoboEarth a le plus de chances de trouver rapidement des débouchés ?

    Je pense que RoboEarth sera très utile pour les robots de service dans des environnements semi-structurés tels que des musées, des centres de soins, des bibliothèques ou des aéroports. C'est là que RoboEarth peut apporter beaucoup de valeur ajoutée à court terme.

    À quand l’entrée en service des premiers robots connectés à RoboEarth ?

    Certaines entreprises, notamment un grand opérateur de téléphonie mobilemobile, utilisent déjà leur propre version « intranetintranet » de RoboEarth. Ce projet est open source, donc n'importe qui est libre de l'utiliser et d'y contribuer.