Si le nouveau décret qui oblige à la transparence sur la composition des produits périodiques est une bonne nouvelle pour la santé des femmes, il reste du chemin à parcourir sur le sujet des règles, vecteur d’inégalités.
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Depuis le 1er avril 2024, et ce n'est pas une blague tant le sujet est d'importance, les fabricants et les responsables de la mise sur le marché de tampons, de serviettes et autres coupes menstruelles ont désormais l'obligation d'indiquer sur les emballages la composition précise de leurs produits. Il doivent de plus mentionner les modalités et précautions d'utilisation mais aussi les possibles effets indésirables ou plus graves tels que le syndrome de choc toxique menstruel.
Même si elle salue bien évidemment cette initiative, la fondatrice de Marguerite & Cie, Gaële Le Noane en souligne néanmoins les limites et les lacunes, comme le fait que cette disposition ne s'applique pas aux produits textiles comme les protections lavables, l'absence d'interdiction de l'utilisation des substances parfumantes susceptibles de présenter des effets allergènesallergènes ou encore que « le décret ne prévoit pas l'obligation d'indiquer les substances et matériaux qui n'ont pas été incorporés intentionnellement en amont et durant le processus de fabrication du produit fini ».
Le sujet des menstruations sort progressivement du tabou
Le sujet est en enjeu de santé publique puisqu'une femme utilise entre 6 000 et 13 000 protections intimes jetables durant sa vie et qu'ainsi plus de 2,8 milliards de produits de protection intime sont vendus chaque année en France. Le sujet des menstruations sort donc progressivement du tabou même s'il reste encore du chemin à parcourir. Si les images de députés tordus de douleursdouleurs lors d'un test de simulateur de règles prêtent à sourire, elles ont surtout montré la méconnaissance de nombreux hommes sur ce que vivent régulièrement la plupart des femmes, les effets directs, les conséquences sur leur corps, mais aussi les problématiques qui en découlent comme la précarité menstruelle.
Marguerite & Cie change les règles
C'est justement sur ces constats que Gaële Le Noane a fondé Marguerite & Cie avec la conviction que tout le monde devrait pouvoir accéder gratuitement à des tampons et serviettes sans craindre pour sa santé. La précarité menstruelle concerne en France près de 4 millions de femmes dont l'accès aux protections périodiques est difficile ou impossible pour des raisons avant tout financières. Selon elle, « faute de moyens, 130.000 lycéennes ratent régulièrement les cours pour cette raison, ce qui crée une réelle inégalité d'accès au savoir ». L'entreprise propose donc des distributeurs , kits, étuis ou supports de sensibilisation, en libre-service, pour plus d'égalité femmes-hommes dans la structure qui les mettent en place. Le système de recharge a aussi été breveté et fait gagner du temps lors du réassort tout en garantissant une hygiène maximale. « De la même manière qu'il serait inimaginable que les toilettes ne disposent pas de papier d'hygiène, il est tout à fait normal que les femmes puissent bénéficier de protections périodiques gratuitement ».
Ces députés expérimentent un simulateur de règles douloureuses. © LeHuffPost
Des produits sains
De plus Marguerite & Cie distribue exclusivement les produits de Natracare, la première marque au monde de protections périodiques biologiques et naturels depuis 1989. Des produits aussi exempts de matières plastiquesmatières plastiques issues de la pétrochimie, pour minimiser l'impact sur l'environnement sachant que 45 milliards de serviettes périodiques sont jetées chaque année et que les applicateurs de tampons qui figurent parmi les déchetsdéchets les plus retrouvés sur les plages. D'ailleurs, Gaële Le Noane déplore aussi que le décret « transparencetransparence » sur la composition des produits périodiques ne pousse pas à des études approfondies sur l'impact de l'utilisation des produits périodiques sur la santé des femmes car, selon elle, « à ce jour, il n'existe aucune étude scientifique sur le sujet, ce qui ne permet pas d'étudier l'intégralité des risques sanitaires et allergènes, que ce soit concernant la composition des produits périodiques ou leurs conditions d'utilisation ».
Des études très récentes sur la composition des protections hygiéniques
Aussi étonnant soit-il, car ces produits sont tout de même en contact direct avec des parties sensibles du corps, ce n'est que très récemment qu'en France des études ont commencé à s'intéresser à la présence de substances chimiques potentiellement nocives. Suite à celle menée en mars 2016 par 60 millions de consommateurs, l’Anses a été saisie en 2018 afin d'évaluer les risques sanitaires, mais également le risque de syndrome de choc toxique menstruel (SCT).
La présence de produits chimiques potentiellement toxiques comme le glyphosateglyphosate, du chlorechlore ou des perturbateurs endocriniensperturbateurs endocriniens, peut en effet avoir des conséquences désastreuses sur la santé des femmes en provoquant cancercancer, endométrioseendométriose, choc toxique ou même l'infertilitéinfertilité. Ces essais ont révélé la présence de substances chimiques dans les tampons et les coupes menstruelles, mais heureusement sans dépassement des seuils sanitaires. L'Agence recommandait néanmoins aux fabricants d'améliorer la qualité de ces produits afin d'éliminer ou de réduire au maximum la présence des substances chimiques.