Alors que les règles concernent mensuellement une bonne moitié de l’humanité, la composition des protections hygiéniques adaptées est encore largement nébuleuse mais aussi bien souvent néfaste pour la santé des femmes et pour l’environnement. C’est pour cette raison que Fava a lancé une gamme 100 % bio, éco-responsable et solidaire.
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Que ce soit clair une fois pour toute : les règles sont signe de bonne santé et nous concernent tous ! Jeanne Séguéla-Bouchet, la cofondatrice de Fava, en est non seulement convaincue mais œuvre pour que ce sujet ne soit plus un tabou et que les femmes puissent bénéficier de l'attention nécessaire.
Quelle solution proposez-vous aux femmes ?
Jeanne Séguéla-Bouchet : Fava a pour ambition d'accompagner l'intimité des femmes avec des protections hygiéniques, en usage unique ou réutilisables, et une gamme pour les accompagner dans leur maternité. Tous nos produits sont 100 % bio, éco-responsables et solidaires. Le coton est certifié Gots, les emballages en PLAPLA sont biodégradablesbiodégradables et les usines avec lesquelles nous travaillons sont certifiées ISO 9000 et US FDAFDA. Nos produits sont disponibles via trois canaux de vente : en ligne, dans plus de 600 points de vente et par des distributeurs installés dans les entreprises partenaires ou des établissements scolaires.
Pourquoi ce sujet des règles semble-t-il encore aussi tabou alors qu’il concerne pourtant mensuellement une bonne moitié de l’humanité ?
Jeanne Séguéla-Bouchet : L'histoire des croyances populaires sur les règles est assez effarante, entre les menstruations qui font tourner la mayonnaise, ou les pays où la femme est considérée comme impure pendant cette période... Comme d'autres sujets, la santé des femmes et leur intimité restent effectivement assez tabou, même si les personnes sont plus sensibilisés qu'avant et que la question de la précarité menstruelle a gagné la sphère publique. C'est d'ailleurs pour cette raison que nous tenons à avoir une approche pédagogique avec des articles publiés sur notre site, des interventions dans les établissements scolaires, des réponses apportées via les réseaux sociauxréseaux sociaux ou encore une consultation avec un naturopathenaturopathe offerte à nos clientes.
Pourquoi votre start-up va-t-elle changer le monde ?
Jeanne Séguéla-Bouchet : Malgré l'inquiétude grandissante des femmes, les études sur la composition des protections hygiéniques sont relativement récentes et ce n'est qu'avec celle publiée en mars 2016 par 60 millions de consommateurs que le sujet a commencé à intéresser le grand public en France.
Pourtant la présence de produits chimiques potentiellement toxiques comme le glyphosateglyphosate, du chlorechlore ou des perturbateurs endocriniensperturbateurs endocriniens, peut avoir des conséquences désastreuses sur la santé des femmes en provoquant cancercancer, endométrioseendométriose, choc toxique ou même l'infertilitéinfertilité. L'impact écologique est aussi important, d'autant qu'une serviette hygiénique met 500 ans à se dégrader... Quand on sait que chaque femme en utilise en moyenne 15 à 20 000 dans sa vie, ça fait peur !
Nous contribuons aussi à lutter contre la précarité menstruelle qui touche en France au moins deux millions de femmes, et pas que celles qui vivent dans la rue. Pour tout achat Fava, nous reversons d'ailleurs des produits hygiéniques à des femmes dans le besoin, au travers de Féminité Sans Abri et des associations étudiantes. Et pour la distribution, notre centre logistique est une filiale d’Emmaüs qui œuvre pour la réinsertion sociale.
Comment le projet a-t-il grandi ?
Jeanne Séguéla-Bouchet : J'ai rencontré Evelyn Gil-Passet le premier de jour de rentrée de nos aînés en maternelle. Nous nous sommes liées d'amitié et un jour, alors que nous étions en vacances, les règles sont arrivées mais impossible de trouver des protections hygiéniques dans l'endroit où nous étions et tout le monde n'a pas la chance de savoir pratiquer le flux instinctif libre...
C'est le début de Fava pour For All Amazing Vaginas. Nous avons passé du temps à réfléchir aux produits que nous souhaitions, les engagements que nous voulions prendre, à trouver les fabricants qui y répondaient, puis les banques pour les financements. Ça a d'ailleurs donné lieu à quelques rendez-vous mémorables où forcément quand nous avons montré nos produits, certains de nos interlocuteurs rougissaient... Comme quoi, il y a encore du chemin à faire ! Nous avons lancé ensuite une campagne de crowdfunding avant d'intégrer l'incubateur Prevent2Care Lab, puis Makesense et celui de Showroomprivé.
Quelle est la suite de l’histoire ?
Jeanne Séguéla-Bouchet : Nous sommes désormais 10 dans l'équipe et plus d'un million de clientes ont bénéficié de nos produits. Prochaine étape : étendre la gamme pour accompagner les femmes dans leur intimité. Nous avons commencé par la question des règles, puis celle de la maternité mais les besoins des femmes évoluent, notamment en fonction des moments de leur vie mais aussi de leurs envies. Nous voulons aussi continuer à apporter du conseil comme ces livrets sur la grossessegrossesse ou les premières règles.
Si vous étiez Première ministre, quelle mesure phare mettriez-vous en place ?
Jeanne Séguéla-Bouchet : Aussi étonnant que cela puisse paraître, saviez-vous que les protections hygiéniques ne font pas partie des catégories Pharmacie, ni même Cosmétique mais de celle du Papier, et donc ne sont pas tenues de mentionner leur composition ! Même si l'ancien ministre de la Santé OlivierOlivier Véran a indiqué que la composition des serviettes et des tampons sera indiquée sur les emballages au plus tard au 1er janvier 2023, en tant que Première ministre, je soutiendrai la proposition de certains députés sur la mise en place d'un « hygiène score » pour que chacun puisse comprendre ce que contiennent les protections hygiéniques et acheter en toute connaissance de cause.
Il faut aussi, selon moi, aller plus loin sur la lutte contre la précarité menstruelle. Si un pas notoire a été fait par le gouvernement dernièrement sur le sujet, nous devons, à l'image de l'Écosse, l'Irlande ou encore la Nouvelle-Zélande, généraliser l'accès libre et gratuit des protections hygiéniques. Dernière chose : avec l'inflation, le pouvoir d'achat va baisser et ça se fera malheureusement au détriment des produits bio, car plus chers du fait de leur conception. Il est donc nécessaire de réfléchir à comment accompagner les citoyens sur cette question.
À quoi va ressembler le monde en 2050 ?
Jeanne Séguéla-Bouchet : En tant que mère de trois enfants, je suis déterminée à tout faire pour leur laisser une Terre en pas trop mauvais état. Je reste donc optimiste sur le sujet, d'autant que j'ai l'impression que les nouvelles générations sont beaucoup plus sensibilisées que nous l'étions à leur âge et que l'écosystèmeécosystème des start-up à impact se renforce avec des personnes très engagées.
Quel sujet d'actualité de Futura vous a passionné ?
Jeanne Séguéla-Bouchet : Le sujet sur le captage de CO2, car si ces procédés nous permettent d'atteindre les objectifs climatiques, il est de notre responsabilité à tous d'agir chacun à notre niveau. C'est un vrai sujet pour moi, en tant qu'entrepreneure et mère.