Alors que la moitié des technologies reste à inventer pour décarboner le monde en 2050, EDF accélère en faveur de l’innovation avec pas moins de 270 millions d’euros investis dans des start-up, comme Carbon8.
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À l’occasion de l’édition 2022, Futura a pu rencontrer Julien Villeret, directeur de l’innovation pour EDF, et Maarten van Roon, le responsable commercial d’une start-up dans laquelle le groupe a investi et qui est spécialisée dans la capture, l’utilisation et la séquestration carbone (CCUS).
Pourquoi EDF s’investit-il autant dans l’innovation et les start-up à impact ?
Julien Villeret : Le monde, les exigences environnementales, les technologies évoluent très vite. Pour rester dans la course et s’adapter à tous ces changements, nous devons innover. D’autant que notre raison d’être c’est la décarbonation du monde pour atteindre le zéro émission carbone en 2050. Or, et l’Agence internationale de l’énergie le souligne, nous n’avons à ce jour pas 50 % des technologies nécessaires. La moitié des technologies reste à inventer pour décarboner le monde en 2050. C’est donc pour nous fondamental de développer l’innovation pour atteindre cet objectif. Et la plupart des sujets d’innovation que l’on regarde sont autour de la décarbonation, comme Carbon8.
Maarten, pouvez-vous nous dire quelques mots justement sur Carbon8 ?
Maarten van Roon : Notre entreprise innove dans le captage, le stockage et de l’utilisation du CO2. Nous intervenons dans des secteurs industriels aux côtés d’acteurs qui en émettent dans leurs activités. Notre innovation, un container en fait, sert à capter ce CO2, le combiner avec des déchets pour pouvoir faire des produits circulaires qui peuvent être utilisés dans la construction de nouveaux bâtiments par exemple ou des briques pour des maisons.
Où en êtes-vous au niveau du développement de votre start-up ?
Maarten van Roon : Nous venons de compléter notre levée de fonds en série A. Notre technologie est donc éprouvée à un niveau commercialisable. En plus de EDF, le groupe Vicat cimenterie a aussi investi dans notre start-up et utilise actuellement le premier modèle de notre technologie sur l’un de leurs sites. Notre entreprise cherche maintenant à se développer avec des nouveaux clients dans d’autres secteurs pour décarboner et capter des émissions.
Comment et pourquoi avez-vous choisi de vous associer ?
Julien Villeret : Nous menons un travail systématique d’identification des meilleures start-up dans le monde entier sur nos sujets stratégiques. Quand on trouve, on dialogue, on fait vraiment un assessment [en français : "évaluation", ndlr] approfondi de la technologie. On regarde si la start-up à un intérêt à travailler avec EDF, pour s'apporter des choses mutuellement et si elle cherche des fonds pour l’aider à se développer. Et c’est exactement cet alignement des planètes qui a été trouvé avec Carbon8, mais aussi avec notre partenaire Vicat, comme co-investisseur et utilisateur.
“C’est ça qui nous intéresse : une accélération et une simplification technologiques”
C’est très important d’avoir déjà des clients de haut niveau qui sont attirés par la solution. Stratégiquement, nous cherchons aussi des solutions qui décomplexifient. Le sujet du CO2 est compliqué, difficile à comprendre par les clients, donc on cherche des solutions qui simplifient la vie du client. C’est exactement ce que fait Carbon8. C’est un container, c’est plug and play, donc on peut très rapidement décarboner un process industriel, ce qui prendrait beaucoup plus de temps avec des technologies habituelles. C’est ça qui nous intéresse : une accélération et une simplification technologiques.
Maarten van Roon : Pour nous, ce qui a fait la différence, c’est de pouvoir trouver des investisseurs stratégiques, le partenaire qui ajoute beaucoup plus que le financement, qui sait accompagner les start-up. EDF est aux côtés de nombreuses start-up, et est en plus opérationnel dans les mêmes secteurs que l’on souhaite décarboner, avec une base de clients où on pourrait ajouter de la valeur. Autant de synergies stratégiques sur lesquelles on peut se reposer et qui peuvent nous aider à faire croître l’entreprise et l’innovation.
Pensez-vous que le monde innove suffisamment pour relever les défis d’aujourd’hui et de demain ?
Julien Villeret : On peut avoir confiance dans le fait que tout le monde en a pris conscience. Est-ce que l’on est confiant dans le fait que l’on va y arriver ? Oui et non. Oui parce que l’on y met beaucoup d’efforts, de cœur, et EDF produit déjà une énergie bas carbone naturellement car elle est principalement nucléaire et renouvelable. On essaie aussi de travailler avec beaucoup d’acteurs pour justement accélérer, aller plus vite, avec 270 millions d’euros investis dans des start-up et 600 millions d’euros par an de budget en R&D pour le développement scientifique et technique autour de ces sujets-là. On fait notre part et on espère que tout le monde va en faire de même.
Maarten van Roon : Faisant partie d’une start-up, il faut être très optimiste. Je pense que oui, on peut y arriver, mais il faudra plein de solutions, de technologies différentes dans de nombreux secteurs. Et c’est pour ça que des événements comme VivaTech est important pour permettre aux start-up de s’exposer, de rentrer en contact avec des investisseurs, des clients potentiels. C’est cet écosystème qui va pouvoir faire en sorte que ces start-up puissent trouver du scaling, donc de croître pour baisser le prix et faire en sorte que ce soit adopté dans plein de secteurs.