Responsable d'Apress (agence de presse proche du mouvement altermondialiste), Joelle considère que le Forum n'est pas seulement le rassemblement de 120.000 personnes au Brésil : "Le FSM doit montrer qu'il est l'émanation d'une quantité de mouvements, et tous les représenter et Internet à son rôle à jouer dans cette affaire."
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Dans une vingtaine de villes du monde, dont Porto Alegre, une association est chargée d'organiser une réunion de militants de la cause altermondialiste, ce qui représente un vaste éventail idéologique. Chaque salle de débat doit être équipée d'un ordinateur. Cet ordinateur communiquera par simple e-mail, sur une liste de discussion, avec les autres ordinateurs des autres salles.
Pour que les débats conservent une certaine cohérence, un animateur est chargé de distribuer la parole entre la salle et le secrétaire-interprète, attelé à l'ordinateur. La variété des langues impose en effet qu'une ou plusieurs personnes puissent assurer la traduction entre la langue de la salle et les langues de communication de la liste (anglais, espagnol et français).
"La traduction n'est pas un problème, dans chacune des villes nous n'avons eu aucun mal à réunir ce genre de compétences. Ce qui effraie le plus les organisateurs, c'est bien l'ordinateur en lui-même", assure Joelle Palmieri. C'est pour cette raison que le mode de communication choisi est minimaliste. Pas de Webcam ou de haut débitdébit, juste du courrier électronique.
"Il fallait que les femmes victimes de massacres à Ciudad Juarez au Mexique, les militants des droits de l'Homme de Téhéran et les autres militants du Dakar, de Vienne, de Saint-Denis - dans le nord de Paris, qui accueillera le prochain Forum social européen (FSE) - ou de Calgary aient tous les moyens de se connecter facilement", insiste Joelle.
L'horaire choisi (27 janvier à 14h à Porto Alegre, 18h à Paris et 20h à Moscou) permet à un maximum de continents d'être connecté simultanément. "On colle ainsi à l'organisation du Forum qui consacre ses après-midi à des ateliers. Malheureusement, cela empêche l'Océanie et toute une partie de l'Asie de participer", regrette Joelle Palmieri.
Pour l'avoir testé avec des associations féministes en novembre 2000, Joëlle sait que le système fonctionne, "tant d'un point de vue technique que militant". Le tout est d'avoir un sujet commun de discussion. Paradoxalement, c'est parfois le plus difficile. "On a essayé de trouver un thème de débat pour le FSM, sur la liste de discussion des associations participantes. Mais tout le monde n'a pas la même vitessevitesse de réaction. Il fallait surtout rassurer quant aux soucis techniques", raconte Joelle. "En fait nous discuterons du système en lui-même, de son implication dans le FSM et des moyens de communiquer entre militants."
Après les comptes rendus des débats, dont certains paraîtront sur Mediasol.org, le portail de l'Apress, Joelle entend bien poursuivre l'aventure. "Il faut avant tout comprendre que c'est un système ouvert. La liste de discussion préparatoire, celle qui permet de déterminer les sujets de débat, grandit de jour en jour, accueillant de nouvelles associations. Chacun peut d'ores et déjà lancer un débat, regrouper des centres d'intérêt et faire fructifier des échanges avec les quatre coins de la planète."
Quant à Joelle, elle reste sur le qui-vive : après le débat du FSM de Porto Alegre, l'Apress organisera celui de Saint-Denis pour le FSE, en novembre prochain. "En plus d'un espace de dialogue entre les acteurs de terrain et les populations, cette initiative permet de désamorcer la tendance institutionnelle des forums sociaux mondiaux et continentaux". En d'autres termes, Face à la force du réseau, les politiques n'ont qu'à bien se tenir.
Par Martin Jouanneau, FTPFTP-Press