Google a livré les détails de son futur service de jeu vidéo en streaming, Stadia, qui sera disponible à partir de novembre, notamment en France. Il se composera d’une version payante à 9,99 euros par mois offrant une qualité ultra HD et d’une version gratuite 1.080p à laquelle pourront accéder tous les clients qui achèteront leurs jeux sur Stadia.

 

 

 

 

L'offensive de Google dans le jeu vidéo se précise. Le géant du web a tenu une conférence de presse pour livrer les détails sur son service de jeu vidéo en streaming Stadia. Il sera disponible courant novembre dans une version payante dénommée Stadia Pro à 9,99 euros par mois, sans engagement. Quatorze pays auront la primeur du lancement, dont la France. Avec Stadia, Google entend proposer un accès quasi instantané à toutes sortes de jeux depuis n'importe quel écran : PC de bureau ou portable (depuis le navigateur Chrome), smartphone, tablette ou téléviseur via un dongle Chromecast.

Avec Stadia Pro, Google dit pouvoir offrir une qualité d'affichage Ultra HD à 60 images/seconde aux abonnés qui disposent d'un débit Internet de 35Mbit/s, d'un téléviseur compatible 4K et d'un Chromecast Ultra. Les joueurs disposant de l'installation audio adéquate pourront également profiter d'un son surround 5.1. De plus, Stadia Pro donnera régulièrement accès à des jeux gratuits ainsi qu'à des remises exclusives.

Déjà près de 30 jeux annoncés sur Stadia

Pour marquer ce lancement, Google propose dès à présent en précommande un pack Founder’s Edition comprenant un Chromecast Ultra, une manette Stadia Bleu Nuit (édition limitée), un abonnement de trois mois à Stadia Pro, un pass de trois mois à offrir à un ami, et la possibilité de réserver son pseudo Stadia. La ludothèque de Stadia comporte déjà pas loin d'une trentaine de titres phares, parmi lesquels Destiny 2, Metro Exodus, Final Fantasy XV, NBA 2K, Borderlands, Assassin's Creed Odyssey ou encore Ghost Recon Breakpoint. Et Google promet que ce catalogue s'enrichira dans le courant de l'été.

Si toutes ces annonces viennent confirmer ce que la firme de Mountain View avait laissé entrevoir lors de la présentation de Stadia en mars dernier, il y a aussi une surprise : une version gratuite du service nommée Stadia Base. Elle arrivera l'année prochaine et sera accessible à tout joueur qui achètera un titre sur la plateforme. Avec une telle offre, Google frappe un grand coup face à la concurrence qui risque de devoir s'aligner pour jouer en contre.


Google Stadia veut révolutionner l'industrie du jeu vidéo

Article de Marc Zaffagni, le 24/03/2019

Google a dévoilé sa plateforme de jeux vidéo en streaming Stadia qui ambitionne de libérer les joueurs des contraintes techniques habituelles en leur permettant d'accéder à tous types de jeux depuis n'importe quel écran. Un défi technique colossal à la portée de Google mais qui soulève des interrogations.

Le monde du jeu vidéo a vécu l'un de ses moments clés hier avec l'arrivée d'un nouvel acteur qui entend rien moins que révolutionner le secteur. Il s'agit de Google qui était présent à la Game Developpers Conference (GDC) pour dévoiler Stadia, une plateforme de jeux vidéo en streaming. La promesse est simple : offrir un accès quasi instantané à toute sorte de jeux, mêmes les plus exigeants graphiquement, et depuis n'importe quel écran : PC de bureau ou portable (depuis le navigateur Chrome), smartphone, tablette ou téléviseur (via Chromecast). La seule condition sera de disposer d'une connexion Internet haut débit. « Notre objectif est de rendre ces jeux accessibles dans des résolutions allant jusqu'à 4K et 60 images par seconde en HDR et son surround », annonce Google.

Un pari technique immense que le géant du Web pense pouvoir réussir grâce à sa puissante infrastructure de cloud computing. Stadia tournera sur des serveurs munis de processeurs graphiques AMD spécialement conçus avec une mémoire HBM2 et 56 unités de calcul capables d'atteindre 10,7 téraflops. Une configuration qui évoluera avec le temps afin de garantir des performances toujours optimales. Durant la présentation de Stadia, Google a insisté sur le fait qu'il s'agit d'un service et non d'un « boîtier ». Autrement dit, c'est bien aux consoles de jeux et autres PC pour gamers que Google entend faire un sort.

Une manette Stadia compatible avec l’Assistant Google

En proposant ce qui s'apparente à un Netflix du jeu vidéo, la firme de Mountain View compte créer une synergie avec ses propres services. Ainsi, des internautes regardant une partie de jeu vidéo sur YouTube pourront s'y joindre instantanément en cliquant sur un bouton « Jouer » intégré à l'interface. « Aucun téléchargement, aucune mise à jour, aucun correctif, ni aucune installation ne sont nécessaires », souligne Google. À bon entendeur...

Bien que Stadia soit compatible avec toutes les manettes de jeu existantes, Google a développé son propre modèle doté d'une connexion Wi-Fi, d'un bouton permettant de partager une partie ou une capture d'écran. La manette Stadia est aussi compatible avec l'Assistant Google, mais l'on ne sait pas encore exactement de quelle manière cela sera exploité avec le service en ligne.

La manette de jeu Stadia développée par Google. © Google 
La manette de jeu Stadia développée par Google. © Google 

Google va devoir se faire un nom dans l’industrie du jeu vidéo

Outre sa puissance financière et technologique, le choix des personnes pour piloter le projet Stadia témoigne des grandes ambitions de Google. Phil Harrison tout d'abord, qui dirige la division jeu vidéo, est un vétéran de l'industrie des jeux vidéo passé par Sony et Microsoft pour la Xbox. Il y a aussi Jade Raymond, véritable vedette du secteur qui s'est taillée une solide réputation en créant et dirigeant des studios de développement pour Ubisoft et Electronic Arts. Elle a la charge du tout nouveau studio de développement de jeux Stadia Games and Entertainment. Deux experts reconnus pour à la fois guider Google dans la création de contenus originaux et inciter les développeurs tiers à miser sur Stadia. Face à la concurrence, Google va devoir aligner des titres phares et exclusifs susceptibles d'attirer les joueurs en masse. Car, hormis les performances de la plateforme elle-même, ce sont les contenus qui décideront de son succès.

Malgré les promesses alléchantes, un certain nombre de questions restent en suspens. À commencer par le modèle commercial du service : un abonnement mensuel, une formule gratuite financée par la publicité ? Autre inconnu et pas des moindres, le débit minimal requis pour la connexion Internet pour profiter d'une résolution 4K à 60 images/seconde qui est promise. « L'expérience de jeu peut varier en fonction de la qualité de la connexion Internet », peut-on lire sur la page d'accueil de Stadia.

Il n'est pas impossible qu'une connexion 5G soit recommandée voire indispensable pour accéder au service en mode nomade dans les meilleures conditions. Et il faudra vraisemblablement disposer d'un forfait données généreux pour ne pas avoir de mauvaise surprise en fin de mois. À la maison, un accès très haut débit type fibre pourrait aussi être nécessaire pour atteindre les performances optimales. On attend encore les précisions de Google sur tous ces points. Et l'on espère aussi en savoir plus sur la manière dont les serveurs Stadia seront alimentés en énergie. On connaît la voracité de ce type d'installations...

Stadia sera lancé cette année aux États-Unis, Canada, Royaume-Uni et « dans une grande partie de l'Europe » dont la France devrait en principe faire partie.