au sommaire
Acteur invisible de notre quotidien numérique, le cloud computing est amené à occuper une place de plus en plus importante à mesure que progresse la dématérialisation des contenus et la nécessité de pouvoir y accéder à tout moment et depuis n'importe quel terminal connecté à Internet. Mais le « nuagenuage », comme on le nomme tire, son énergieénergie d'une source bien terrienne, l'électricité, qui alimente les fameux datacenters. Ces fermes de serveurs, chargées d'héberger et de rendre accessibles 24/24 heures et 7/7 jours des téraoctets de données, sont de grandes dévoreuses d'énergie.
Dans son rapport intitulé Votre cloud est-il net ?, l'association Greenpeace a évalué 14 entreprises phare du secteur du cloud computing en examinant le type d'énergie utilisée pour fournir l'électricité à leurs datacenters, ces « usines de l'âge numérique du XXIe siècle ».
Le ciel s'assombrit pour le cloud d'Amazon et Apple
« De nombreuses entreprises high-tech, d'ordinaire à la pointe du progrès, ont décidé d'alimenter leurs datacenters dernier cri avec des énergies d'un autre âge, provenant d'installations parmi les plus polluantes de la planète », dénonce Greenpeace. Pointés du doigt, AmazonAmazon, AppleApple et MicrosoftMicrosoft qui « n'accordent pas suffisamment d'attention à la provenance de l'électricité qu'elles consomment et continuent d'avoir largement recours aux énergies sales [notamment le charboncharbon et le diesel, NDLRNDLR] pour alimenter leur cloud alors que leurs besoins sont exponentiels ».
Le classement de Greenpeace (ordre alphabétique). Yahoo est le meilleur élève avec un indice d’énergie propre de 56,4 %. Apple et Amazon ne font pas partie des datacenters verts. © Greenpeace
Selon les chiffres de l'association écologiste, l'électricité des datacenters d'Amazon provient à 33,9 % du charbon et à 29,9 % du nucléaire tandis que son « indice d'énergie propre » s'établit à 13,5 %. Rappelons qu'Amazon est l'un des plus importants fournisseurs de services cloud. Selon une étude réalisée par DeepField Networks et citée dans un article de Wired, le cloud d'Amazon représente 1 % de tout le trafic Internet en Amérique du Nord. Également épinglé dans le rapport Greenpeace et pour la deuxième année consécutive, Apple, qui alimente ses datacenters à 55,1 % avec le charbon et 27,8 % avec le nucléaire (indice d'énergie propre de 15,3 %). La firme à la pomme se voit également attribuer un « D » pour la transparencetransparence en matièrematière d'approvisionnement d'énergie et un « F » pour les lieux d'implantation des infrastructures. Apple a choisi la Caroline du Nord pour y construire un méga datacenter d'un milliard de dollars. « Les géants du Net ont tendance à regrouper leurs fermes de serveurs dans les mêmes zones géographiques, générant une forte demande en matière de production d'électricité à partir du charbon ou du nucléaire », explique Greenpeace.
Facebook, Yahoo et Google sont les bons élèves du cloud propre
Apple a immédiatement réagi au carton rouge délivré par Greenpeace en rétorquant qu'il ne tenait pas compte de son projet de constructionconstruction de la plus grande ferme solaire privée des États-Unis justement destinée à alimenter son datacenter de Maiden en Caroline du Nord. « Notre centre de donnéescentre de données en Caroline du Nord tirera environ 20 mégawatts à pleine capacité, et nous sommes sur la bonne voie pour fournir plus de 60 % de cette énergie sur site à partir de sources renouvelables, y compris une ferme solaire et l'installation de piles à combustiblepiles à combustible », a assuré Apple dans un communiqué relayé par DatacenterKnowledge. Cela ne représenterait que 1/5e de la quantité d'énergie estimée par Greenpeace qui affirme dans son rapport que le datacenter de Maiden a une capacité de 100 mégawatts.
Mais Apple et Amazon ne sont pas les seuls géants pointés du doigt par le rapport. Microsoft, OracleOracle, IBMIBM et Salesforce sont gratifiés d'un indice d'énergie propre peu flatteur avec respectivement 13,9 %, 7,1 %, 12,1 % et 4 %.
Au rang des bons élèves figurent Yahoo et GoogleGoogle qui « continuent de montrer l'exemple en faisant de l'accès aux énergies renouvelablesénergies renouvelables une priorité pour la croissance de leur cloud ». Yahoo affiche le meilleur indice d'énergie propre avec 56,4 %, devant Dell (56,3 %) tandis que Google est à 39,4 %. Greenpeace délivre également un satisfecit à Facebook qu'il dit être « l'ami des énergies renouvelables » avec un indice de 36,4 %. L'association cite notamment la construction d'un datacenter en Suède qui sera alimenté par des énergies renouvelables et en particulier l'hydroélectricitéhydroélectricité.
« Par leur position, les géants de l'Internet sont en mesure de faire pressionpression sur les fournisseurs d'électricité pour que davantage d'énergies renouvelables soient introduites sur le réseau, et pour que les sources d'énergie polluantes et dangereuses soient progressivement éliminées », estime Greenpeace.