Depuis lundi, à Paris, la RATP teste à la station de métro Châtelet des caméras pour étudier le taux du port du masque. Derrière cette technologie, une start-up française qui a déjà fait ses preuves à Cannes.
au sommaire
Il y a deux semaines, le maire de Cannes se félicitait que 74 % des Cannois portent un masque de protection dans les trois principaux marchés de la ville. Comment pouvait-il l'affirmer ? Tout simplement parce que depuis le 23 avril, des caméras de surveillance placées dans des marchés de la ville de Cannes intègrent une fonction de détection de masque. Une initiative étendue ensuite sur la ligne de bus locale (Palmbus).
Derrière cette innovation, on trouve la start-up française Datakalab, spécialisée dans l'Intelligence Artificielle, et la RATP a décidé de lui faire confiance pour effectuer un test dans le métro parisien, plus précisément à la station Châtelet, véritable « hub » où se croisent des centaines de milliers de personnes chaque jour. Depuis lundi 11 mai, le déconfinement est lancé en France et le port du masque est obligatoire dans les transports en commun. Six caméras sont donc placées à des endroits stratégiques pour vérifier que le port du masque est respecté, et ainsi donner des évaluations.
Bientôt dans les stades et les aéroports ?
Signalée à la CNIL, cette « expérience » sera effectuée sur trois mois, et le nombre de caméras est appelé à doubler. Par ailleurs, les usagers sont prévenus de la présence des caméras par des autocollants. Citée par Le Monde, la RATP précise qu'il ne s'agit pas de faire la police, et d'appréhender les personnes ne portant pas de masques, mais tout simplement d'avoir des données statistiques.
Dans les faits, les images des caméras sont transmises sur des ordinateurs extérieurs, où un algorithme se charge de trier les visages avec et sans masque. Comme à Cannes, Datakalab précise que les vidéos ne sont pas conservées, ni diffusées, et qu'il n'y a aucune étape de reconnaissance d'identité. « Elle respecte totalement les normes RGPDRGPD ce qui prouve qu'on peut utiliser de grands moyens pour garantir la sécurité sanitaire tout en protégeant les données personnelles. Les images sont traitées en local en 100 ms et on ne stocke aucune image. Cette technologie est simple et déployable partout, dans l'espace public, les hôpitaux, les transports, les gares, les aéroports, les centres commerciaux ou les stades », explique la start-up dans son communiqué.
Une anonymisation express
Dans le document de politique de confidentialité, on parle « d'anonymisation à très brefs délais » : « Seule votre image est traitée, à l'exclusion de toute autre donnée personnelle. Votre image est anonymisée à très bref délai : c'est-à-dire qu'elle est transformée en temps réel en ligne de données complètement anonymes (non identifiantes). Ces données sont stockées et agrégées au fur et à mesure sur la mémoire vivemémoire vive de l'ordinateur local avant d'être envoyées vers les serveursserveurs sécurisés de Datakalab. Ce processus strict d'anonymisation de l'image et d'agrégation des données fait qu'il est impossible de vous identifier directement ou indirectement. »
À Cannes, il faut préciser aussi que le système est relié aux employés municipaux. Alertés par SMSSMS ou email, ces derniers ont la possibilité de se rendre dans les lieux surveillés pour distribuer des masques supplémentaires ou encourager les personnes sans masque à en porter. Une action difficile à mettre en place dans le métro face au flux de passagers, mais peut-être que dans les jours à venir, en fonction des statistiques, on verra des agents de la RATP distribuer des masques aux entrées des stations.