Cette semaine, Futura vous offre le début d'une enquête exclusive, accessible aux abonné.es de Futura. Le thème ? Le développement des bio-processeurs à partir de neurones vivants humains, un pari osé de l’intelligence organoïde qui soulève autant de questions qu’il n'apporte de réponses. Mais entre polémique éthique et obstacles techniques, les défis sont nombreux.


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    Février 2023, un groupe international d'une vingtaine de chercheurs appartenant à des institutions de renom - l'université John Hopkins de Baltimore et celle de Californie (UCLA) à San Diego aux Etats-Unis, ou encore l'université de Melbourne en Australie - publie dans la revue scientifique Frontiers in Science un article qui va défrayer la chronique. Intitulé « IntelligenceIntelligence organoïde : la nouvelle frontière de la bio-informatique et de l'intelligence dans une boîte (de Petri) », ce manifeste annonce l'émergenceémergence d'une nouvelle discipline, l'Intelligence organoïde (IO), au carrefour de la biologie, de la biophysique, de l'informatique et de l'électronique. Avec cette IO, nommée ainsi pour faire pendant à l'IA (Intelligence artificielle), les auteurs annoncent ni plus ni moins l'avènement, à une échéance non définie, d'une nouvelle informatique biologique fondée sur des organoïdes cérébraux, formés de neuronesneurones vivants issus de cellules humaines, et exploitant leur capacité inédite de calcul et d'apprentissage. Promesse ou utopie ? A-t-on affaire à des visionnaires qui anticipent une future révolution, ou à des rêveurs qui survendent une science fiction un peu effrayante ?

    L'ère des cérébroïdes

    Petit retour en arrière. Dix ans plus tôt, à Vienne en Autriche, les premiers organoïdes cérébraux en trois dimensions dérivés de cellules souchescellules souches humaines apparaissent dans le laboratoire de l'Institut de biologie moléculairebiologie moléculaire de Jürgen Knoblich sous les yeuxyeux émerveillés d'une jeune américaine, Madeline Lancaster. S'appuyant sur les travaux du japonais Yoshiki Sasai, elle a mis au point une méthode pour que des amas de quelques milliers de cellules souches à l'état embryonnaire se transforment en une petite boule translucidetranslucide contenant des neurones structurés en couches, comme dans le cerveaucerveau. Pour cela, elle a placé l'amas de cellules dans une goutte de Matrigel, un gelgel nourrissant qui les a aidées à se structurer en 3 dimensions. Elle raconte : « C'était très excitant. Nous pouvions désormais concevoir des organoïdes de cerveau pour étudier des grandes questions non résolues, comme les différences de développement entre le cerveau humain et celui des grands singes, ou l'effet de certaines maladies sur les cellules neurales ».

     
     


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