L'intelligence artificielle est un outil fantastique qui peut nous aider à bien des égards, y compris lorsqu'il s'agit de créer un meilleur avenir pour la Planète. Seulement, les compétences apportées par ces modèles sophistiqués ont un coût très élevé sur l'environnement. Alors, avec toutes les données auxquelles elles ont accès et la rapidité avec laquelle elles évoluent, les IA ne représentent-elles pas finalement le meilleur moyen pour lutter contre le réchauffement climatique ? Oui… et non.
 


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    L'intelligence artificielle pourra-t-elle nous aider à sauver la Planète ? Contribue-t-elle à la transition écologique et donc à la décarbonation ? Il y a maintenant presque dix ans, l'Accord de Paris donnait l'objectif primordial de « maintenir la température de la Planète en dessous de 1,5 °C au-dessus des niveaux préindustriels. » Depuis l'adoption de ce traité international, les pays représentant plus de 70 % de l'économie mondiale se sont engagés à atteindre, d'ici à 2050, la neutralité carbone. Mais entre-temps, une nouvelle technologie extrêmement coûteuse, énergivore et polluante s'est insérée dans quasiment tous les secteurs d'activité. Un vrai phénomène de société développé pour aider l'être humain ou bien pour peut-être, qui sait, le remplacer : l'intelligence artificielle.

    Pas le temps de lire ? Découvrez cette actu au format audio dans notre podcast Vitamine Tech, animé par Adèle Ndjaki. © Futura

    Data centers : l'IA gourmande en énergie et en eau

    L'analyse de données à une vitessevitesse phénoménale, l'élaboration de contenus visuels et sonores de haute qualité et ​​la rédaction de textes structurés font de l'IA générative un outil exceptionnel capable de reproduire la capacité cognitive humaine. Certes, mais... toutes ces facultés ont un coût sur l'environnement. Car si l'intelligence artificielle existe depuis des décennies, les puissances de calcul nécessaires à leur élaboration ne font qu'augmenter, et ce, de façon exponentielle. Nous parlons désormais d'une puissance de calcul devenue considérable.

    Pour développer et maintenir ces modèles, des matièresmatières premières comme le siliciumsilicium sont utilisées pour mettre au point du matériel. L'électricité est aussi grandement consommée pour permettre aux superordinateurs de conférer aux IA toutes les compétences désirées. D'ailleurs, selon un rapport publié en début d'année par l'Agence internationale de l'énergieénergie, l'électricité consommée par les centres de donnéescentres de données numériques dans le monde devrait doubler d'ici à 2026, principalement en raison de l'essor de l'intelligence artificielle. Des besoins qui pourraient passer de 460 TWh en 2022, soit 2 % de la demande mondiale, à 1 050 TWh.

    Les data centers sont réputés pour leur faim insatiable en eau et en énergie. © AndSus, Adobe Stock
    Les data centers sont réputés pour leur faim insatiable en eau et en énergie. © AndSus, Adobe Stock

    De très grandes quantités d’eau sont également exploitées dans les data centers pour refroidir ces superordinateurssuperordinateurs qui génèrent énormément de chaleurchaleur pendant leurs calculs. Malgré le manque de transparencetransparence et d'informations sur le sujet, des chercheurs de l'université du Colorado Riverside et de l'université du Texas Arlington sont parvenus à estimer que MicrosoftMicrosoft aurait d'ailleurs dépensé pas moins de 3,5 millions de litres d'eau pour entraîner GPT-3 sur ses serveurs, et la première version de ChatGPTChatGPT d'OpenAI consommerait depuis le départ un demi-litre d'eau pour chaque conversation composée de 20 à 50 questions.

    La première version de ChatGPT d’OpenAI consommerait depuis le départ un demi-litre d’eau pour chaque conversation composée de 20 à 50 questions

    240 tonnes de gaz à effet de serre par an

    L'empreinte carbonecarbone générée par l'ensemble des IA n'est pas précisément connue. Mais quelques analyses laissent à penser qu'elle n'est pas à négliger. En effet, si nous prenons juste l'exemple de ChatGPT-3, d'après Greenly -- une applicationapplication qui propose aux entreprises d'évaluer leurs émissionsémissions de CO2 en temps réel --, l'intelligence artificielle d'Open IA émettrait 240 tonnes de gaz à effet de serregaz à effet de serre par an, soit l'équivalent de 136 voyages aller-retour entre Paris et New York. 

    Mais ne culpabilisez pas trop, car l'empreinte carbone élevée de l'IA ne proviendrait pas réellement de l'utilisation des internautes, mais plutôt de son importante consommation énergétiqueconsommation énergétique requise pour créer et maintenir ses modèles sophistiqués, ainsi qu'aux infrastructures nécessaires à leur déploiement. Mais faites néanmoins attention, les IA les plus élaborées sont les plus énergivores, il est par conséquent recommandé de les utiliser avec modération. L'intelligence artificielle est donc clairement polluante et énergivore, c'est entendu, mais avec une telle puissance de données, n'est-elle pas en capacité d'aider l'Homme à lutter contre le réchauffement climatique

    Un outil essentiel pour inverser le changement climatique ?

    Les intelligences artificielles ont des facultés exceptionnelles, évoluant à des vitesses folles et résolvant des problématiques très rapidement. Au vu de leurs potentialités et des données auxquelles elles ont accès, des modèles sophistiqués sont aussi utilisés pour aider à nous diriger vers une transition écologique. D'ailleurs, selon une enquête réalisée en 2022 par un cabinet américain, 87 % des P.-D.G. ayant un pouvoir décisionnel en matière d'IA et de climatclimat, estiment que la technologie est un outil essentiel pour inverser le changement climatiquechangement climatique.

    Voir aussi

    ClimateGPT : l’IA qui nous sauvera du réchauffement climatique ?

    Grâce à l'intelligence artificielle, il est possible de mieux gérer l'utilisation des ressources telles que l'eau, les forêts et les sols, ou encore l'IA peut aussi être utilisée comme outil d'éducation. Des chatbots éducatifs basés sur l'IA sont conçus pour informer et sensibiliser le public aux enjeux environnementaux. Mais l'IA et l'écologieécologie, c'est une histoire assez compliquée. Générer une intelligence artificielle reste toujours extrêmement énergivore. Et quand on regarde sur la balance si l'IA aide plus l'environnement qu'elle ne le pollue, malheureusement, pour l'instant, ces modèles seraient plus polluants qu'autre chose. Et ça, Microsoft le sait bien.

    Augmentation des émissions de carbone 

    Alors que l'entreprise américaine Microsoft a annoncé il y a quelques années vouloir atteindre d'ici 2030 la neutralité carboneneutralité carbone, elle a également communiqué que ses émissions de carbone en 2023 auraient augmenté de 29,1 % par rapport à 2022, et ce, à cause de l'intelligence artificielle. En effet, ces fortes émissions de gaz à effet de serre proviendraient en grande partie de la constructionconstruction et de l'approvisionnement en data centers pour répondre à la demande des clients en matière de services cloud, mais aussi pour anticiper les besoins en IA.

    Mais, de l'autre côté, l'intelligence artificielle arriverait aussi à baisser l'émission de CO2 des automobilistes, d'après Google. Le GAFAM a déployé aux États-Unis, en Europe et en Asie une technologie alimentée par l'intelligence artificielle s'appelant Green Light, capable de fluidifier la circulation. Et d'après GoogleGoogle, son modèle d'IA aurait réduit les arrêts des voitures de 30 % et les émissions de CO2 de 10 %. C'est un bon début. Mais il faudra plus de résultats comme celui-ci pour que l'IA devienne une réelle alliée de la cause environnementale.