Ils l'ont fait... Pour 300 dollars, il sera bientôt possible de commander un ordinateur à la seule force de la pensée, en posant sur sa tête le casque présenté par Emotiv. L'objectif annoncé est de contrôler un jeu vidéo. La performance est louable, mais les possibilités bien limitées...

au sommaire


    Une nouvelle interface, perfectible mais déjà surprenante... © Emotiv

    Une nouvelle interface, perfectible mais déjà surprenante... © Emotiv

    A la conférence des développeurs de jeux vidéo (Game Developers Conference), qui se tient actuellement à San Francisco, une société américaine, Emotiv, vient de présenter un casque bardé de capteurs capable d'interpréter des ondes cérébrales. Relié à un micro, par une connexion sans fil, il peut servir à envoyer des instructions à un logiciel.

    En 2007, la même société Emotiv avait déjà montré un prototype de ce dispositif, baptisé Epoc, encore loin de la mise au point. Cette année, la technique est proposée aux développeurs, qui peuvent désormais tester son intérêt pour les jeux vidéo.

    Comme fonctionne ce casque ? Un petit nombre d'électrodesélectrodes plaquées sur les cheveux enregistrent les ondes cérébrales par le même procédé que lors d'un électroencéphalogrammeélectroencéphalogramme. Mais ici, les électrodes sont sèches : nul besoin de raser les cheveux et d'étaler un gelgel conducteur. La réceptionréception des signaux cérébraux est donc bien moins bonne.

    Mais ce défaut n'est sans doute pas rédhibitoire. Il ne s'agit évidemment pas d'une lecture de pensée, qui restera longtemps du domaine de la science fiction. Le casque d'Emotiv effectue une opération assez simple puisqu'il ne fait que comparer le signal reçu à ceux qu'il a mémorisés.

    Une série d'électrodes (14 sont visibles sur cette images) sont à répartir sur le crâne. Elles sont capables, nous dit-on, de capter les signaux cérébraux à travers la chevelure. La société n'indique pas si les chignons et les cheveux crépus ont été testés... © Emotiv

    Une série d'électrodes (14 sont visibles sur cette images) sont à répartir sur le crâne. Elles sont capables, nous dit-on, de capter les signaux cérébraux à travers la chevelure. La société n'indique pas si les chignons et les cheveux crépus ont été testés... © Emotiv

    Associer une pensée quelconque à un geste

    Lors d'une phase d'apprentissage, l'utilisateur voit défiler une série d'actions proposées par le logiciel système, équivalent d'un pilote de souris ou de joystick. Pour chacune, il doit penser à quelque chose, sans qu'il y ait besoin d'un rapport quelconque avec l'action. Pour faire avancer un objet présenté à l'écran, on peut par exemple se remémorer le dernier lancer de bouillie réussi par son bébé. Le pilote logiciel enregistre alors la forme des ondes cérébrales durant une petite période de temps. Par la suite, pour demander de faire avancer cet objet, il suffira de se concentrer sur la scène du bébé catapulteur. Avec un peu de chance, le système reconnaîtra l'ensemble des ondes cérébrales enregistrées lors de l'apprentissage de ce geste.

    Un journaliste de CNet News, Daniel Terdiman, a pu poser le casque sur sa tête et le tester en situation réelle. Son témoignage montre que l'opération est loin d'être facile. Il suffit de se déconcentrer un peu pour que la commande reste incomprise ou, au contraire, qu'une autre action se déclenche intempestivement. Les commandes sont d'ailleurs plutôt sommaires, se résumant à quelques mouvementsmouvements.

    Des dispositifs de ce genre sont aujourd'hui à l'étude pour des matériels professionnels. Mais souris, joysticks et clavier conservent encore leurs avantages. Le bistouri ou l'avion commandés par la pensée ne sont pas encore pour demain. Mais pour après-demain ?