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John McCarthy, pionnier de l'intelligence artificielle, a pris sa retraite en 2001. © Stanford University
Après Steve Jobs, qu'on ne présente plus, et Dennis Ritchie, créateur du langage C et d'UnixUnix, l'informatique vient de perdre un autre de ses pionniers : John McCarthy, considéré comme l'un des pères fondateurs de l'intelligence artificielle, au côté de Marvin Minsky, et perçu à la hauteur d'un John von NeumannJohn von Neumann ou d'un Alan TuringAlan Turing. C'est ce sujet de travail, explicitement nommé « artificial intelligence », qu'il propose au collège Dartmouth en 1955 avec une équipe de dix personnes. Il est ensuite l'un des créateurs au MIT (Massachusetts Institue of Technology) du premier laboratoire portant ce nom.
Pour l'auteur, en 1960, d'un article intitulé Des programmes dotés du sens commun (Programs with common sense), il est possible de formaliser le raisonnement sous forme d'un programme d'instructions que peut exécuter un ordinateur. À l'époque, on écrit des programmes en langage machine (les instructions connues du processeur) ou bien en Fortran, un langage de programmation adapté aux calculs arithmétiques (Fortran signifie Formula translator, traducteur de formules). Alors, en 1958, il invente un nouveau langage, Lisp, pour List Processing... encore connu aujourd'hui.
John McCarthy aux prises avec des ordinateurs joueurs d'échecs russes, en 1966. Les travaux de cet Américain, qui a étudié les notions d'arbres des cas possibles et de leur élagage (c'est le terme) ont beaucoup contribué à l'efficacité des logiciels capables de jouer à ce jeu. © Chuck Paintner/ Stanford University
Les ordinateurs d’après-demain lui doivent déjà beaucoup
Au début des années 1970, les travaux en informatique théorique concernant l'intelligence artificielle s'appuient presque tous sur le Lisp. En France, l'Inria (Institut national en informatique et en automatique) en développera une variante, LeLisp. Depuis, et aujourd'hui encore, des versions évoluées de cet ancêtre sont toujours utilisées.
Entré à l'université Stanford en 1962, il y restera jusqu'à sa retraite en 2001 et multipliera les contributions à l'informatique théorique, par exemple le premier système muni d'une caméra et capable de repérer des objets en trois dimensions. En 1971, il obtient le prix Turing (A. M. Turing Award), que beaucoup considèrent comme l'équivalent d'un prix Nobel d'informatique, lequel n'existe pas. Leslie Vailiant l'a reçu en 2011 pour avoir conçu le logiciel de l'ordinateur Watson, vainqueur du jeu télévisé Jeopardy. En 2007, il a récompensé le Français Joseph Sifakis pour ses travaux sur la vérification des systèmes informatiques, côté logiciel et côté matériel.
John McCarthy reçoit en 1988 le prix de Kyoto (récompense de travaux importants dans différents domaines) en sciences de l'information, puis, en 1990 aux États-Unis, la médaille des sciences (plus haute récompense du pays pour un scientifique).
Indécrottable optimiste qui pensait que les voyages interstellaires sont possibles moyennant « quelques améliorations aux technologies actuelles », il laisse une voie de recherche ouverte sur les ordinateurs de demain et même d'après-demain...