Pour contourner la censure sur Internet, les hackers du Chaos Computer Club ont une idée : utiliser leurs propres satellites de télécommunications pour une sorte d'Internet privé. Sur leur lancée, ces spécialistes informatiques se verraient bien sur la Lune.

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    Armin Bauer, l'un des promoteurs du projet Hackerspace Global Grid. © DR/BBC

    Armin Bauer, l'un des promoteurs du projet Hackerspace Global Grid. © DR/BBC

    Chaque année depuis 1984, le groupe de hackers Chaos Computer Club (ou CCC pour les intimes) organise en Allemagne une grand-messe où se retrouve la fine fleur du milieu. Il ne s'agit pas des cyberpirates auxquels on donne souvent, et à tort, le nom de hackers, mais de spécialistes informatiques qui militent pour la liberté de l'information et de la communication.

    À l'occasion du Chaos Communication Congress qui s'est tenu à Berlin en décembre dernier, un nouveau projet a été présenté par un groupe de hackers qui veulent lutter contre la censure sur Internet en bâtissant leur propre système de communication basé sur un réseau de satellites amateurs. Le projet qui se nomme Hackerspace Global Grid a l'ambition de créer un « Internet incensurable dans l'espace » selon les termes de Nick Farr, l'un des initiateurs de ce défi. D'après BBC News qui a couvert cette conférence, l'idée est de bâtir un réseau distribué de récepteurs terrestres qui communiqueront avec des satellites amateurs en orbiteorbite basse.

    Des récepteurs de satellites à 100 euros

    D'où l'idée de se servir d'un groupement de récepteurs terrestres abordables qui seraient achetés par les particuliers. Mis en réseau, ils pourront localiser les satellites en permanence. « C'est une sorte de GPS inversé, explique Armin Bauer, un hacker de 26 ans qui participe au Hackerspace Global Grid. Le GPS utilise des satellites pour calculer notre position, et cela nous indique où sont les satellites. Nous pourrions utiliser ses coordonnées, mais aussi les améliorer en utilisant des sites fixes dans des endroits précisément connus » poursuit-il.

    L'objectif du groupe de hackers est de mettre en service au moins trois prototypes de récepteurs terrestres durant la première moitié de l'année et de pouvoir mettre à disposition des modèles finalisés lors du prochain Chaos Communication Congress, d'ici un an. Ces modules seront ensuite commercialisés à prix coutant avec un objectif de tarif idéal de 100 euros. C'est cet aspect économique qui a motivé le choix du système GPS (réseau appartenant aux États-Unis). « Nous utiliserons aussi Galileo [le futur GPS européen, NDLRNDLR] et Glonass [le système russe] », peut-on lire sur le site du projet. Mais tout cela est encore lointain...

    Les hackers du projet <em>Hackerspace Global Grid </em>prévoient d'utiliser un réseau de satellites amateurs en orbite basse. © Esa

    Les hackers du projet Hackerspace Global Grid prévoient d'utiliser un réseau de satellites amateurs en orbite basse. © Esa

    La première étape consiste à « établir un système de synchronisation précis pour le réseau distribué » explique la page de questions/réponses du site Hackerspace Global Grid. Il s'agira ensuite de concevoir des modules récepteurs et un traitement des signaux reçus. Enfin, un protocole permettant l'envoi de données est envisagé mais rien n'est encore arrêté dans ce domaine. « Pour le moment, nous travaillons sur la réceptionréception des données » précise-t-on. Autrement dit, il ne s'agira pas dans un premier temps d'un Internet tel que nous le connaissons, mais de quelque chose de plus rudimentaire. « Pensez à des mises à jour Twitter, pas au streaming vidéo », préviennent les promoteurs du projet pour qui le postulatpostulat de base est de « rester connecté » afin de pouvoir communiquer, « informer et rester informé ».

    Un hacker sur la Lune d’ici vingt-trois ans

    Il y aura également un certain nombre d'obstacles techniques et légaux à surmonter. Selon le professeur Alan Woodward du département informatique à l'université de Surrey cité par BBC News, les satellites amateurs ne sont pas fixes et orbitent à peu près toutes les 90 minutes, ce qui les rend difficiles à utiliser pour des communications fiables. Ce spécialiste soulève également une question légale. Si l'espace n'appartient pas à chaque pays au-dessus duquel il flotte, aucune loi n'empêchera une nation de s'en prendre à ces satellites. Autrement dit, la censure que veut combattre Hackerspace Global Grid pourrait quand même s'exercer.

    Beaucoup d'obstacles donc sur le chemin des hackers qui poursuivent pourtant un projet encore plus fou : envoyer l'un des leurs sur la Lune en 2035 ! Le Hacker Space Program porté par Nick Farr prévoit de développer des lanceurslanceurs et de l'électronique capable de résister dans l'espace. Comment et avec quels moyens ? Mystère...