Tir de missile dans le sud-ouest : la France renforce sa dissuasion nucléaire

Depuis l'invasion de l'Ukraine par l'armée russe, la menace nucléaire est régulièrement brandie par le Kremlin, qu'il s'agisse du retrait des traités, d'essais de nouvelles armes nucléaires, comme le Satan 2, ou encore des menaces à peine voilées dans les discours de Vladimir Poutine, ou bien dans ceux de sa garde rapprochée. De son côté, l'Occident ne répond pas frontalement à ces démonstrations censées faire peur aux populations, mais montre les muscles à sa façon.

Ainsi, les annonces autour de l'armement nucléaire se multiplient en ce moment. Les États-Unis vont, par exemple, développer une nouvelle bombe nucléaire à gravitégravité de 360 kilotonnes ; et la France vient tout juste de réaliser un tir de qualification d'un missilemissile balistique stratégique M51M51.3.

Réalisé le 18 novembre, ce tir a été réalisé par la Direction générale de l'armement (DGA), à Biscarosse depuis le site des Landes de DGA Essais de missiles. Dénué de charge nucléaire, le missile est retombé à plusieurs centaines de kilomètres de toute côte en Atlantique Nord. C'est le douzième essai de tir d'un M51. C'est une façon de montrer que la France compte pour beaucoup en matièrematière de dissuasion nucléaire en Europe.

Impressionnant, le tir du M51.3 depuis les Landes a été remarqué par de nombreuses personnes qui ont pu apercevoir un étrange halo lumineux dans le ciel. © DGA

Jusqu’à dix têtes nucléaires

Le M51.3 est une évolution majeure du missile M51 utilisé depuis 2010. C'est l'armement nucléaire « ultime » en riposte à des tirs et après l'emploi de missiles de croisière préstratégiques ASMPA largués par des Rafale. Le M51 est embarqué par des sous-marins nucléaires lanceurslanceurs d'engins (SNLE) comme Le Triomphant, Le Vigilant, Le Terrible et Le Téméraire. Actuellement, chacun a une capacité d'emport de 16 missiles M51.1 ou M51.2. D'une portée estimée à 9 000 kilomètres avec une vitessevitesse de Mach 15, chacun de ces missiles est capable de transporter plusieurs ogives nucléaires destinées à frapper différentes cibles.

Les M51 porteraient six têtes nucléaires allant d'une puissance de 100 à 300 kilotonnes. Pour cette version 3, et étant donné les tensions actuelles, il se pourrait bien que ce nombre d'ogives monte à dix par missile. Secret militaire oblige, difficile de savoir si c'est vraiment le cas, mais cela signifierait un renforcement de la posture dissuasive de la France avec, au passage, une augmentation de l'arsenal nucléaire de facto. Une première depuis le début des années 1990 et un message qui n'augure rien de bien optimiste pour le futur.