Après des mois de tension l'an dernier, le Salon du Bourget 2023 a pu montrer que le programme Scaf prend véritablement son envol en entrant dans une phase active pour les industriels mandatés. L’avion de chasse du futur se trouvera au cœur d’un système de combat aérien interconnecté à base de drones, le tout dopé à l’IA.
au sommaire
2040. Une meute de drones de combat pilotés par IA se fait ravitailler en vol automatiquement pour aller plus en profondeur sur le terrain ennemi. Ce sont les ailiers du nouvel avion furtif dit de sixième génération européen, le seul aéronefaéronef piloté par un humain. Il est épaulé par un assistant virtuel installé dans le cockpit. Cette intelligence artificielle (IA) peut prendre en charge certaines tâches pour que le pilote puisse mener sa mission avec moins de pressionpression mentale. Au même moment, une cinquantaine de drones de taille moins imposante pesant entre 100 et 200 kilos, dont certains sont spécialisés dans le brouillage des radars, sont largués d'un A400M. Cette meute se dirige immédiatement vers les positions ennemies pour saturer les défenses. Tous ces drones sont interconnectés. Après avoir fait le plein, de leur côté, les ailiers de l'avion furtif viennent le précéder. Lourdement armés, ces drones de plusieurs tonnes sont connectés à l'essaim d'aéronefs qui mène sa mission de saturation des défenses et de brouillage. Leur mission sera de peaufiner le nettoyage des systèmes de défense ennemie au sol et en l'airair. Avec l'accord des militaires, l'IA de ces drones ira les détruire de façon autonome. Tous sont interconnectés et tous se synchronisent pour agir de la façon la plus efficiente depuis leurs positions respectives. Mais aucun d'eux ne peut presser la gâchette si un opérateur humain leur interdit de le faire.
À l'issue de cette première opération de « nettoyage », les troupes au sol avancent et les hélicoptèreshélicoptères de combat essuient des tirs de roquette. Immédiatement, les pilotes ordonnent aux drones d'identifier ces menaces et de les frapper.
Le Scaf : un système de systèmes
Ce scénario futuriste est presque pour demain, avec comme chef d'orchestre de ce système le NGF pour New Generation Fighter, le futur remplaçant du Rafale. Tout tourne autour de cet aéronef avec l'assistance des IA, le combat collaboratif en « cloud », différents types de drones et d'autres engins hétérogènes en l'air, auxquels s'ajouteront progressivement d'autres éléments supplémentaires au sol et sur mer. Synchronisés en temps réel, ils mèneront tous leur mission de façon interconnectée et fluide. Ce n'est pas de la science-fiction militaire, cet ensemble porteporte déjà le nom de Scaf, pour Système de combat aérien du futur. Pour les militaires, le Scaf n'est donc pas qu'un avion, mais un système global incluant des drones et autres aéronefs aux tâches variées et complémentaires. On devrait même y intégrer le Rafale en version F5. Cette déclinaisondéclinaison de l'avion de chasse de Dassault devrait être opérationnelle dès 2030 et disposera, elle aussi, de capacités de combat collaboratif avec le drone nEUROn, ainsi que des aptitudes à la guerre électronique. D'ailleurs, le standard F4.1 du Rafale actuel a déjà la capacité d'échanger des données avec ses ailiers.
Le programme Scaf conduit par la France et l'Allemagne, puis l'Espagne, date de 2017. Et depuis, le Scaf, était plutôt moribond en raison de conflits entre Dassault et Airbus notamment. Mais tout a été réglé à partir de décembre dernier et la machine est désormais en route. Preuve qu'il y a un engouement pour le Scaf, lors de ce Salon du Bourget, la Belgique - qui a pourtant misé sur les F-35 américains pour remplacer ses F-16 - a finalement été adoubée pour rejoindre le projet, en tant qu'observatrice, malgré les réserves de Dassault. La phase 1B du programme est désormais lancée pour que les industriels puissent avancer sur un démonstrateurdémonstrateur de l'avion, dont les premiers vols d'essais pourraient intervenir à partir de 2028.
Le développement de l'engin et de ses systèmes reposera sur sept piliers. Pour chacun d'eux, un industriel pilotera le développement avec ses partenaires. Ainsi, la conception de l'avion est dirigée par Dassault accompagné d'Airbus et d'Indra. La motorisation sera pilotée par SafranSafran avec pour partenaires, MTU Aero Engines et ITP Aero. Pour ce qui est des drones, Airbus prend la main, accompagné de MBDA et Satnus. Pour les autres parties du programme Scaf, et notamment la connectivité, le « cloud » et les capteurscapteurs, on retrouve les mêmes sociétés avec quelques spécialistes, dont Thales ou encore FMCS. Maintenant que les feux sont au vert pour avancer concrètement sur la feuille de route, il faudra patienter jusqu'à 2040 pour voir cet ensemble interconnecté évoluer et cette échéance est déjà très optimiste.
