Un blindé lance-missiles anti-char nord-coréen opéré par les forces russes a été identifié près de Kharkiv en Ukraine. Ce système d’arme moderne permet de frapper les blindés ukrainiens à longue distance en pilotant ses missiles.
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Après la fourniture début 2024 par la Corée du Nord à la Russie de plusieurs millions d'obus de 152 mm et 500 000 roquettes en échange de pétrolepétrole et sans doute d'autres technologies militaires, les premiers effets concrets de l'alliance militaire récente entre les deux pays se concrétisent sur le terrain de la guerre en Ukraine.
C'est ainsi qu'un étrange blindé doté d'une tourelle de lancement de missilesmissiles anti-char inédit a été découvert par les drones ukrainiens dans la région de Kharkiv. L'engin a été identifié comme étant un Bulsae-4 ou M-2018 de conception nord-coréenne. Même si l'image reste de piètre qualité sur une vidéo publiée sur X, on peut reconnaître le châssis du véhicule et le lance-missiles dont la trappe est ouverte. L'engin est susceptible d'avoir détruit un obusier autopropulsé AS-90 des forces armées ukrainiennes situé à une dizaine de kilomètres de lui. Dix kilomètres, c'est justement la portée estimée des huit missiles qu'enferme ce Bulsae-4 M-2018.
Un véhicule à six roues
Le véhicule repose sur un châssis de Bulsae M-2010 doté de six roues motrices conçu par Pyongyang. Avec ces roues, il s'inspire des blindés de transport de troupes soviétiques BTR-80. Le chiffre 2010 indique l'année de conception du Bulsae. La version 2018 correspond à cette version modernisée du Bulsae avec son système de feufeu anti-char.
C'est un puissant moteur diesel qui permet au véhicule à six roues d'évoluer sur des terrains accidentés et de maintenir une vitessevitesse pouvant atteindre 90 km/h. Son autonomie serait de 500 kilomètres. Ces six roues, combinées à un système de suspension, lui assurent une meilleure stabilité. L'équipage se compose de deux à trois opérateurs qui gèrent les processus de ciblage, de tir et de rechargement. Côté blindage, en raison de sa nécessité de mobilité, le véhicule doit supporter au mieux les tirs d'armes légères et les éclats d'obus. Il est probablement doté de capacités de protection NBC (nucléaire, biologique, chimique).
L’armement du Bulsae-4 serait largement inspiré de l’ATGM Spike de conception israélienne. © Defenseupdate
Une redoutable imitation
Côté tourelle lance-missile, le Bulsae-4 est équipé de systèmes de contrôle de tir électro-optiques. Une fois tiré, le missile est filoguidé, par un câble à fibre optique. Ce procédé permet à l'opérateur de voir le terrain en temps réel grâce à une liaison vidéo et de piloter le missile pour faire l'acquisition d'une cible après le tir. Il peut également changer de cible en cours de vol. La portée du missile est estimée entre 10 et 25 kilomètres. Le missile est conçu pour frapper la partie supérieure du char, c'est-à-dire le dessus de la tourelle, qui est la zone la plus faiblement blindée. Pour sa propre protection, le Bulsae est aussi équipé de capteurscapteurs laserlaser et de lance-grenadesgrenades fumigènes pour le masquer.
Sur le papier et sans doute sur le terrain, le Busae semble redoutable, ce qui peut apparaître étonnant étant donné la piètre qualité des munitions fournies par Pyongyang à la Russie pour faire face à sa pénurie d'obus et de missiles il y a quelques mois.
En réalité, les capacités de tir de l'engin et ses missiles seraient le résultat d'un travail de rétro-ingénierie sur un ATGM Spike de conception israélienne qui avait été capturé par le Hezbollah au début des années 2000. Enfin, rien ne dit que la Corée du Nord ait livré ce Bulsae 4 en nombre à la Russie, car il n'est apparu que sur cette seule vidéo malgré l'omniprésence des drones de surveillance ukrainiens.