Selon les informations du New York Times, le satellite russe Cosmos-2553 transporterait une ogive. De quoi inquiéter et laisser supposer qu’il pourrait s’agir d’un test visant à armer des satellites d’ogives nucléaires. Faut-il prendre cette information au sérieux ?
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La menace de l'usage de l'arme nucléaire est régulièrement brandie par Moscou. Dernièrement, l'Ukraine a d'ailleurs subi l'une de ses plus remarquables tentatives d'intimidation lors du bombardement de Dnipro avec un missile balistique à capacité nucléaire dont les têtes étaient inertes. Ce qui inquiète aussi les Américains, c'est que la Russie pourrait embarquer des armes nucléaires dans ses engins en orbiteorbite lointaine. Ce n'est pas la première fois que le Pentagone lorgne de près les manœuvres inquiétantes des satellites russes dans l'espace. Il faut dire que certaines opérations ont de quoi intriguer.
Ce fut le cas fin 2022 avec le changement d'orbite d'un satellite inopérant vers un autre de l'armée russe appelé CosmosCosmos-2562. Difficile de savoir ce que contient ce dernier, mais cette opération apparaissait suffisamment louche pour que les experts se demandent s'il ne s'agissait pas de tester une arme anti-satellites.
Mais le plus préoccupant pour les Américains, c'est surtout un engin spatial russe qui se trouve en orbite bien plus loin que la plupart des autres satellites. Lancé juste avant l'invasion de l'Ukraine en février 2022 et poussé à 400 kilomètres au-dessus de la Terre, ce Cosmos-2553 est officiellement censé tester de nouveaux instruments. Mais, selon les informations du New York Times, l'engin embarquerait également une ogive factice. De quoi craindre la préparation d'une arme nucléaire antisatellite, selon les experts Américains. Pour le moment, cette information n'a pas été démentie par Moscou, ce qui reste surprenant.
Grand bluff spatial ?
Il faut dire qu'en avril 2024, après avoir observé plusieurs satellites qui laissaient supposer qu'ils pouvaient être armés, les États-Unis, ont tenté de faire adopter par l'ONU une résolution demandant de réaffirmer les dispositions du traité de 1967. Ce traité interdit tout objet transportant des armes de destruction massive, dont nucléaire, en orbite.
Or, le seul pays à avoir voté contre le projet est la Russie. Étrange... Pourtant, à l'époque, Moscou avait considéré cette initiative comme manipulatrice et le Kremlin avait démenti totalement la présence d'une telle arme en considérant cette idée comme « complétement absurde ». Pour le Cosmos-2553, le pays n'a cependant pas réagi, laissant planer le doute.
Alors ogive factice en guise d'intimidation ? Arme nucléaire de destruction de satellites en cours de test ? Si la présence d'un tel engin questionne, il reste peu probable que, malgré ses menaces nucléaires, le pays compte mettre en place une telle arme. Elle n'engendrerait pas de dégâts sur Terre hormis une impulsion électromagnétique qui viendrait détruire de nombreux appareils électroniques et électriques.
Une bombe nucléaire dans l’espace ? Les Américains l’ont fait !
C'est, en tout cas, la mauvaise expérience qu'avaient rencontrée les Américains lorsqu'ils ont eu en 1962 l'idée saugrenue de faire exploser une bombe atomique dans l’espace. Une expérience qu'ils regrettent. Surtout, l'explosion d'une telle arme pour détruire des satellites serait totalement contreproductive. Contrairement à l'année 1962, les satellites sont présents par milliers en orbite. Or, la destruction d'engin spatiaux considérés comme ennemis viendrait également impacter ceux de la Russie et de ses alliés.
Moscou avait d'ailleurs déjà tenté l'expérience en détruisant un de ses propres satellites en 2021, avec un missile tiré depuis le sol. Une bien mauvaise initiative qui avait mis en danger l'ISSISS en raison des débris. Si arme antisatellite il y a, il devrait plutôt s'agir d'un faisceau laser permettant d'aveugler les satellites militaires adverses. C'est d'ailleurs ce que la France compte tester avec son programme Toutatis.