Le développement du « char du futur » franco-allemand va enfin démarrer. Prévu pour 2040, le remplaçant du Leopard 2 allemand et du Leclerc français ne sera pas qu’un char traditionnel, mais un blindé hyperconnecté bardé d’IA et d’équipements défensifs et offensifs innovants.
au sommaire
« Ce n'est pas le char du futur mais le futur du char », voici ce qu'a déclaré il y a quelques jours le ministre des Armées Sébastien Lecornu, lors de la signature avec son homologue allemand d'un partenariat sur le développement du char du futur (MGCS). Un projet de longue date puisqu'il a été initié en 2012, mais pour lequel de nombreux points de divergence, notamment au sujet des futures exportations du char, avaient freiné sa mise en œuvre.
Il faut rappeler qu'avant la guerre en Ukraine, les chars d'assaut n'étaient plus considérés comme une priorité par les armées occidentales. Les Leclerc français n'ont été engagés que pour quelques opérations d'interposition depuis le début des années 1990. De même, leur usage était inadapté aux terrains des opérations extérieures menées par la France durant vingt ans. Alors que l'on parlait du crépusculecrépuscule du char de combat, le conflit actuel de haute intensité force à constater qu'il est encore irremplaçable.
Mais le char du futur MGCS pour Main Ground Combat System ou « système principal de combat terrestre », n'est pas pour demain. Il ne devrait être opérationnel qu'à l'horizon 2040 et visera à remplacer le Leopard 2 et le Leclerc. Modernisé, ce dernier perdurera encore avec l'arrivée du MGCS. Le programme coûtera autour de 100 milliards d'euros. Financé à parts égales entre la France et l'Allemagne. Ce sont les industriels allemands qui conduiront le projet. KNDS (Nexter), et les Allemands Rheinmetall et Krauss-Maffei Wegmann seront les fersfers de lance du développement. Pour le côté technologique, ils seront accompagnés par SafranSafran, MBDA ou Thales, et une myriademyriade de petites sociétés travaillant pour la défense.
Plus qu’un char d’assaut, un système de combat hyperconnecté
Tout comme le Scaf, qui n'est pas seulement un avion du futur, le MGCS n'est pas un simple char d'assaut high-tech, mais un véritable système d'arme global. Sa force sera son interconnexion avec les autres blindés de combats, qu'il s'agisse de chars Leclerc, de blindés d'attaque rapide ou de reconnaissance, mais aussi des drones aériens et terrestres. Une IA sera à la manœuvre pour gérer les flux d'informations et aider les militaires à prendre les meilleures décisions au combat. Autrement dit, il s'agira d'un char connecté à un réseau « cloud » dédié au combat, à l'instar du Scaf. Les différentes composantes partageront également leurs données via des satellites aux armées partenaires et aux autres corps d'armées, comme la marine ou l'armée de l'airair.
Un char étant constitué de quatre fonctions essentielles indissociables - mobilité, puissance de feufeu, protection et information -, le développement du MGCS sera réparti en huit piliers : avec la constitution de la plateforme, puis de la tourelle et du canon. Ce dernier sera capable de tirer deux fois plus loin que le char Leclerc dont la portée est de 4 000 mètres.
De l'armement innovant sera implanté avec des laserslasers anti-drones, des munitions pilotées, des drones aériens et terrestres. Pour la protection, il s'agira de capteurscapteurs dont certains seront dotés d'une capacité d'observation allant jusqu'à 10 000 mètres. On trouvera aussi des protections anti-drones, du camouflage actif, du blindage innovant.
Enfin, le côté connecté sera constitué de briques technologiques avec le cloud de combat, le réseau de communication et ses infrastructures. L'intelligence artificielle (IA) sera intégrée à chacun de ces piliers. D'autres industriels émanant de pays européens commencent également à envisager de s'intégrer au programme de développement.
En attendant l'arrivée de ce MGCS, la France va moderniser 200 de ses chars Leclerc pour les rendre interconnectés aux systèmes de combat collaboratif Scorpion français.