Des milliers de bipeurs qui explosent simultanément et blessent ou tuent leurs porteurs qui sont membres du Hezbollah. Des talkies-walkies qui subissent le même sort le lendemain. Derrière ces opérations sophistiquées se dissimulerait la signature d’une unité militaire mystérieuse baptisée Unité 8200. Explications.
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Au Liban, des milliers de bipeurs portés par des membres du Hezbollah ont explosé simultanément mardi. Le bilan humain est de 12 morts et des milliers de blessés. Dès le lendemain, ce sont des talkies-walkies de certains membres qui ont à leur tour explosé. Il y aurait au moins un décès et des blessés. L'attaque de mardi était d'une sophistication inédite et comme le relatait Futura, il semble clair que les bipeurs ont été préalablement modifiés avec la présence d'une charge d'explosif avant leur envoi au Liban. Pour ce qui est des radios portatives, la méthode semble proche, mais les interrogations demeurent sur l'opération qui a permis de les modifier. Ce qui interroge, c'est que ces modèles japonais de la marque Icom ne sont plus fabriqués depuis dix ans.
Dans tous les cas, le Liban et le Hezbollah sont convaincus que ce sont les services secrets israéliens - c'est-à-dire le Mossad - qui étaient à la manœuvre. Mais selon une source de Reuters, le fameux Mossad n'aurait rien à voir avec l'opération. Celle-ci aurait demandé un an de préparation et aurait été menée par un service spécial de Tsahal, baptisé « Unité 8200 » ou Israeli SIGINT National Unit (Isnu). Cette unité créée au début des années 1950 est souvent comparée à la NSA américaine pour son haut niveau de technicité. Elle représenterait quasiment les 4/5 des effectifs des renseignements militaires du pays, soit 7 500 membres. Elle est spécialisée dans la collecte de renseignements, de la cyberdéfense et dans les attaques du type technologique. Les membres de l'unité sont souvent très jeunes et sélectionnés dès le lycée.
L’esprit start-up chez les militaires
La philosophie de l'unité 8200 peut s'apparenter à celle d'une start-up avec de petites équipes planchant sur un sujet avec une grande liberté de travail. Le turnoverturnover y serait très important et les anciens membres ont, semble-t-il, contribué à l'essor international d'entreprises du secteur de la High-Tech dans le pays. C'est notamment le cas de la société de cybersécurité Checkpoint. Plus discrètement, ils ont également enrichi les effectifs de la société NSO qui est à l'origine du scandale international Pegasus. De même, de nombreux anciens agents ont décroché des postes dans de grandes entreprises de cybersécurité américaines.
Il est très rare qu'Israël relate les missions secrètes de cette unité. Elle ne l'a fait quasiment qu'en 2018 lorsqu'elle a contribué à déjouer une attaque contre un avion de ligne civil par le groupe État islamique. Mais, son fait d'armes le plus important jusqu'à aujourd'hui serait la cyberattaque Stuxnet contre les centrifugeuses nucléaires iraniennes en 2010. Son implication n'a cependant jamais été confirmée.
Toujours selon la source de Reuters, pour l'attaque spectaculaire de ce mardi 17 septembre, l'unité 8200 aurait été chargée de mettre au point les tests et les manipulations techniques permettant d'insérer la charge explosive durant le processus de fabrication. Il est vraisemblable qu'une autre unité spéciale ait été chargée du côté opérationnel sur le terrain. Si elle semble redoutablement efficace, cette unité a toutefois rencontré un échec flagrant lorsqu'elle n'a pas su prévenir de façon suffisamment convaincante le pouvoir de l'attaque du Hamas du 7 octobre 2023 au sud d'Israël. Son responsable vient d'ailleurs d'assumer cet échec en annonçant sa démission.