Pour maintenir en éveil les soldats américains lors de longues missions de combat, la Darpa planche sur un procédé qui permet d’activer ou désactiver des amphétamines avec des impulsions lumineuses dans des zones ciblées du cerveau.

Accompagnés d'infatigables robots, les soldats du futur devront conserver leurs aptitudes et capacités à décider malgré la fatigue. La solution : l'amphétamine. Ce n'est pas une nouveauté. Cela fait des décennies que le personnel militaire est dopé pour certaines missions en période de conflit.

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C'est notamment le cas des pilotes de bombardiers de l'armée américaine. En cas de fatigue, ils prennent des doses de cette substance pour rester alertes durant toute la durée des missions pouvant atteindre 25 heures. C'est à partir de huit heures de vol continu que les équipages peuvent emporter leur dose de dextroamphétamine. Le pilote en absorbe 10 mg dès que la fatigue se manifeste. Sur un vol de 24 heures, seuls 30 mg sont généralement consommés sur les 60 mg. C'est en réalité peu, mais malgré ce dosage limité, les soldats américains peuvent ressentir de l'anxiété, de l'irritabilité ou de l'euphorie, voire une dépendance au produit.

Pour contrer cela, la Darpa planche sur un étrange procédé qui fonctionnerait comme un interrupteur pour activer ou désactiver l'effet de l'amphétamine selon le besoin. Il s'agirait d'une version photocommutable, c'est-à-dire activable avec de la lumière de la dextroamphétamine. Cette dernière resterait inactive dans le corps jusqu'à ce qu'elle soit activée par la présence de lumière infrarouge proche (NIR).

 Une lumière infrarouge va activer l’amphétamine dans certaines parties du cerveau. © Darpa
 Une lumière infrarouge va activer l’amphétamine dans certaines parties du cerveau. © Darpa

Des soldats drogués sans dépendance

Cette lumière peut traverser les barrières physiques du crâne et de la peau. Une simple impulsion de lumière dans des zones spécifiques du cerveau permettrait ainsi de faciliter la transition entre la vigilance et un état normal. À l'issue de la mission, le personnel pourrait se reposer normalement avec l'atout d'un sommeil réparateur. Plus concrètement, l’impulsion lumineuse active sélectivement les régions du cortex préfrontal responsables de la fonction exécutive, de la mémoire de travail et de la prise de décision. Elle évite en revanche de solliciter les structures cérébrales profondes telles que l'amygdale et le striatum, qui jouent sur l'humeur et l'euphorie.

Le projet porte le nom d’Aware, il sera mené durant trois ans par le Bureau des technologies biologiques de la Darpa. Avec ce procédé, le risque de dépendance et les effets indésirables seraient considérablement réduits, selon les scientifiques de l'agence.